Édition du 16 avril 2024

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Environnement

33 emplois pour produire 1 gigatonne de gaz à effet de serre par année pendant 100 ans

Dans un article [1] du 18 décembre, La Presse affaires révèle qu’Énergie Est ne génèrerait que 33 emplois permanents durant la période d’utilisation du pipeline, qui couterait près de 16 milliards de dollars [2] à construire et entrerait en service en 2020. À moins d’une intervention miracle, tout semble se mettre en place pour que l’augmentation de l’exploitation des sables bitumineux puisse avoir lieu comme prévu.

L’accord de Paris [3], signé le 11 décembre par 195 pays lors de la COP21 [4], ne serait appliqué qu’en 2020 [5], ce qui laisse à l’industrie le temps de mettre en place les infrastructures nécessaires. Bien que l’accord prévoie des actions renforcées d’ici 2020, il faudrait un revirement politique sans précédent et contraire à l’idéologie néolibérale pour interrompre l’exploitation des sables bitumineux au Canada.

Selon un rapport de recherche accablant [6], dont le résumé [7] est en ligne depuis le 19 novembre, le projet Énergie Est permettrait d’accroitre de 36 % l’exploitation des sables bitumineux, ce qui correspond aux prévisions de l’industrie. Cette croissance correspond aussi à la limite supposée contraignante de 100 mégatonnes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) annoncée le 22 novembre par la première ministre de l’Alberta, Rachel Notley [8].

Les réserves de brut issu des sables bitumineux sont estimées à plus de 170 milliards de barils [9]. Les sables bitumineux pourraient être exploités pendant 100 ans et le pétrole serait transporté à travers le Canada et les États-Unis par les pipelines et par près de 2000 convois ferroviaires par année, identiques à celui qui a détruit le centre-ville de Lac-Mégantic en 2013 et tué 47 personnes [10].

Le pipeline Énergie Est, avec ses 33 emplois, transporterait chaque année 401 millions de barils de pétrole, ce qui correspond à des émissions annuelles de 1 017 millions de tonnes de GES dans le monde, soit100 millions de tonnes pour l’exploitation, 11 millions de tonnes pour le transport par pipeline et par train, 37 millions de tonnes pour le raffinage, et 869 millions de tonnes pour la combustion des produits raffinés. Il s’agit donc de 1 milliard de tonnes de GES par année durant les 100 ans que dureraient les réserves, pour un total de 100 milliards de tonnes.

Selon une étude [11] citée par l’EPA [12], les émissions mondiales de GES sont de 9 milliards de tonnes par année depuis 2010 et s’accroissent d’environ 1 milliard de tonnes annuellement. L’exploitation des sables bitumineux du Canada serait donc responsable de 10 % des émissions mondiales.

19 décembre 2015
Stéphane Brousseau – Directeur de recherche
B.Sc. Géologie
Chercheur en Anthropocène

IRASD – Institut de recherche en architecture de société durable
https://irasd.wordpress.com/
IRASD.SSARI@gmail.com

http://enjeuxenergies.wordpress.com/

[1] http://affaires.lapresse.ca/economie/energie-et-ressources/201512/18/01-4932487-energie-est-creera-seulement-33-emplois-permanents.php
[2] http://affaires.lapresse.ca/economie/energie-et-ressources/201512/17/01-4932143-energie-est-la-facture-bondit-de-presque-4-milliards.php
[3] http://unfccc.int/meetings/paris_nov_2015/meeting/8926.php
[4] http://www.cop21.gouv.fr/en/
[5] http://unfccc.int/documentation/documents/advanced_search/items/6911.php?priref=600008831
[6] http://quebec.huffingtonpost.ca/stephane-brousseau/rapport-accablant-sables-bitumineux_b_8614236.html
[7] http://wp.me/P4eYN3-zTt
[8] http://quebec.huffingtonpost.ca/stephane-brousseau/canada-conference-climat-paris-cop21-trudeau-notley_b_8630750.html
[9] http://www.nrcan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/energy/pdf/eneene/pubpub/pdf/OS-brochure-fra.pdf
[10] http://www.lapresse.ca/la-tribune/estrie-et-regions/201512/14/01-4930907-les-victimes-de-lac-megantic-seront-indemnisees-en-janvier.php
[11] http://cdiac.ornl.gov/trends/emis/tre_glob.html
[12] http://www3.epa.gov/climatechange/ghgemissions/global.html

Stéphane Brousseau

Directeur de recherche, B.Sc. Géologie, analyste et architecte en technologies de l’information et des communications, chercheur en architecture sociale durable

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