Édition du 26 mars 2024

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Québec

À quoi s'attendre du nouveau gouvernement ?

Le 1er octobre dernier, la Coalition avenir Québec (CAQ) a été élue à la tête d’un gouvernement majoritaire. À quoi peut-on s’attendre de cette nouvelle équipe en matière de lutte contre la pauvreté ?

tiré de :Soupe au caillou 431De Collectif pour un Québec sans pauvreté

Il est difficile de répondre à cette question tant la pauvreté semble être loin de ses préoccupations. Par exemple, on se souvient que la question de la pauvreté a été abordée presque uniquement sous l’angle du salaire minimum pendant la campagne électorale. Et pour François Legault, il est hors de question de l’augmenter. Il privilégie plutôt la création de « bons emplois » avec de « bons salaires », entre 25 $ et 40 $ de l’heure. En fait, le nouveau premier ministre semblait plus inquiet des possibles effets négatifs d’une hausse du salaire minimum pour les entreprises que de la précarité des travailleuses et des travailleurs au bas de l’échelle !

Quelques positions et engagements

Le programme électoral de la CAQ était pratiquement muet sur les enjeux de pauvreté. Dans l’onglet « Solidarité » du programme, le paragraphe réservé à la « lutte à la pauvreté » se limitait à ceci : « Un meilleur soutien pour les personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi par le biais des organismes communautaires concernés. »

Difficile de prévoir comment se matérialisera cet engagement vague à souhait, mais il permet de comprendre que le nouveau gouvernement cherchera prioritairement à offrir « un meilleur soutien » à une catégorie de personnes en situation de pauvreté, soit les personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi. Et cet engagement mène à un questionnement : la CAQ voit-elle le recours aux organismes communautaires comme une forme de soustraitance pour combler des responsabilités sociales délaissées par les gouvernements ? Un certain nombre de réponses ou d’éléments de la plateforme électorale laissent croire que oui.
Devant ce manque de substance, le Collectif a été heureux de recevoir (tardivement) les réponses de la CAQ à son questionnaire visant à connaître les engagements des partis en matière de lutte contre la pauvreté. Bien qu’elles manquent souvent de précision, ces réponses donnent une idée des positions du parti sur différents dossiers.

La CAQ a notamment réitéré son appui au programme Objectif emploi, le qualifiant de « meilleur outil pour retrouver une autonomie financière ». Elle considère également l’aide sociale comme un soutien « le temps d’entamer les démarches » pour « intégrer le marché du travail ». On comprend ici que les personnes assistées sociales n’ont pas de largesses à attendre du nouveau gouvernement et que ce dernier misera tout sur l’incitation à l’emploi.

Au sujet du programme de Revenu de base, la CAQ s’est dite « ouverte » à revoir le délai de 66 mois imposé par le gouvernement précédent, pour que certaines catégories de personnes avec une contrainte sévère à l’emploi reconnue puissent toucher automatiquement au revenu de base.

Pour ce qui est des prestations d’aide sociale et de solidarité sociale, l’adoption du règlement entérinant les hausses annoncées dans le troisième Plan de lutte à la pauvreté se fait encore attendre. Sommes-nous devant une simple formalité ? Le gouvernement pourrait-il annuler les hausses annoncées ?

Un autre engagement de la CAQ à surveiller est le retrait des pensions alimentaires dans le calcul des prestations de l’aide sociale et de l’aide aux études, de l’admissibilité à l’aide juridique et à des programmes de soutien au logement. Le respect de cet engagement mettrait fin à une injustice flagrante.
Un gouvernement influençable ?

Lors de son assermentation, le premier ministre a mentionné qu’avant de changer une politique, il fallait « l’adhésion du maximum de personnes ». Néanmoins, dans le même discours, il a aussi déclaré qu’il ne reculerait pas « à la première secousse » et qu’il ne se laisserait pas « influencer » par les « groupes de pression », sans préciser à quels groupes il faisait allusion.
On peut donc se demander : que faudra-t-il faire pour influencer le gouvernement ? Quel genre de mobilisation sera nécessaire ?

Que ce soit pendant la campagne électorale, dans la plateforme électorale de la CAQ ou lors des allocutions du nouveau premier ministre, l’absence généralisée des enjeux de pauvreté laisse croire que ceux-ci ne sont pas importants aux yeux du gouvernement.

Beaucoup d’énergie devra donc être déployée non seulement pour le convaincre de l’importance du dossier de la lutte contre pauvreté, mais tout simplement pour attirer son attention sur le sujet.

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