Édition du 12 mars 2024

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Asie/Proche-Orient

Afghanistan. La production d’héroïne a été multipliée par quarante depuis l’intervention de l’OTAN

La production d’héroïne a été multipliée par quarante en Afghanistan depuis l’intervention de l’OTAN, en 2001. Ces chiffres alarmants ont été avancés par Viktor Ivanov, directeur du service fédéral russe de contrôle des narcotiques, dans son discours tenu à Vienne le 11 mars 2013 à l’occasion de la 56ème session de l’office de Nations-Unies contre la drogue et le crime. Une bonne occasion pour rappeler qu’un peu plus d’un million de personnes ont perdu ces dix dernières années la vie en raison de l’abus de stupéfiants.

Viktor Ivanov a avancé qu’un des principaux facteurs d’instabilité en Afghanistan était encore représenté par l’héroïne : « tout observateur impartial doit admettre la triste réalité que la communauté internationale n’a pas réussi à stopper la production d’héroïne en Afghanistan depuis l’arrivée des troupes de l’OTAN ». Au cours de la dernière décennie, la place de l’opium dans l’agriculture a fait un bond de 18%, passant de 131.000 hectares cultivés à 154.000. Au point de pouvoir dire sans se tromper que sa production est devenue centrale dans l’économie du pays.

Peu de temps avant l’intervention de l’OTAN, les talibans avaient pris des mesures d’interdiction de l’opium, le déclarant contraire aux lois islamiques, et avaient réussi à abaisser notablement le niveau de production. Mais la production redémarra de plus belle depuis l’occupation occidentale, et Kaboul couvre désormais 90 % du marché mondial de l’héroïne dont une grande partie se retrouve dans les rues des villes des États-Unis, de Russie et d’Europe.

Ivanov en a profité pour rappeler comment il tentait de convaincre la population locale qui doit souvent sa survie à la culture du pavot, et aussi comment il espérait couper le financement des talibans qui sont fréquemment en mesure de trouver des fonds provenant de la vente de l’opium à des marchés étrangers. Ce qui n’est pas une mince affaire quand on sait qu’environ 15 % du produit national afghan sont directement issus des exportations de drogue, dont le montant est estimé à quelque 2,4 milliards de dollars par an.

Les États-Unis et l’OTAN n’ont visiblement pas l’intention de faire table rase des champs d’opium, ce qui soulève de nombreux doutes car en Colombie, le gouvernement local et l’Oncle Sam ont détruit près de 150.000 hectares de coca en 2011. Une broutille à côté des 2.000 plans d’opium déracinés dans le même laps de temps.

Une raison à cela selon la chaîne d’information Russia Today : les banques internationales tireraient avantage de cette situation. La drogue serait ainsi devenue pour elles aussi importante que le pétrole ou le gaz naturel.

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