Édition du 16 avril 2024

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Au Pérou, un nouveau président sans casseroles

Après la démission de Pedro Pablo Kuczynski, accusé d’être impliqué dans un schéma de corruption du groupe brésilien de BTP Odebrecht au Pérou, son vice-président Martín Vizcarra, un homme éloigné des cercles du pouvoir, lui succède.

Tiré de Courrier international.

“On dit que je suis vieux”, lançait en 2016, alors fraîchement élu à l’âge de 77 ans, le président démissionnaire Pedro Pablo Kuczynski (dit PPK). “C’est vrai, mais s’il m’arrive quelque chose, j’ai deux polices d’assurance, Martincito [Martín Vizcarra] et Mechita [sa Première ministre, Mercedes Aráoz].”

Ces propos rappelés par El País avaient peut-être un contenu prémonitoire, puisque Martincito, le vice-président du gouvernement, a pris ses fonctions le 23 mars dernier, devenant le chef de l’État péruvien Martín Vizcarra, remplaçant PPK après la démission de ce dernier le 22 mars, à la veille d’un nouveau vote du Congrès sur sa destitution.

Moins de deux ans après son élection, Pedro Pablo Kuczynski est rattrapé par la révélation de ses liens avec le groupe brésilien Odebrecht, qui a orchestré un système de corruption de responsables politiques dans toute l’Amérique latine, et au Pérou tout particulièrement. En décembre 2017, le président PPK avait échappé de justesse à un vote du Congrès en faveur de sa destitution.

Odebrecht avait déclaré avoir versé 4,8 millions de dollars entre 2004 et 2014 à deux sociétés de conseil liées à M. Kuczynski, notamment à l’époque où il était au gouvernement. Des liens financiers jusque-là niés par le président.

Un ingénieur en électron libre

Martín Vizcarra, 55 ans, a donc prêté serment devant le Congrès. Ingénieur civil de formation, celui qui était vice-président depuis 2016 avait pris ses quartiers au Canada comme ambassadeur du Pérou, loin des arcanes du pouvoir. Jusqu’en 2016 et à une courte expérience près en 2006, il n’avait appartenu à aucun parti politique.

Sa tâche ne sera pas facile, dans un pays déchiré par une crise politique largement orchestrée par les fujimoristes emmenés par Keiko Fujimori, principale rivale de PPK lors de la présidentielle de 2016.

Aux yeux des observateurs, rapporte El País dans un article consacré au nouveau président, le principal avantage de Martín Vizcarra “est de ne pas faire partie de l’élite politique ou des affaires”, ce qui suscite à son égard “des attentes plutôt positives dans un moment de trêve”.

Ses origines provinciales, loin des réseaux économiques de Lima, et son éducation dans une université publique – “à la force du poignet” – inspirent au sein de l’opinion publique une certaine sympathie à son égard.

Lors de son discours d’investiture, M. Vizcarra a insisté sur la lutte contre la corruption. “S’il se construit une image de justicier en lien étroit avec le peuple, il peut y arriver”, estime un analyste cité par El País.

Cette virginité politique, plutôt bien vue dans un pays où les partis bénéficient d’une bien faible confiance (moins de 10 % selon les derniers sondages), pourrait être aussi l’occasion rêvée de faire baisser l’agressivité des formations puissantes comme celle de Keiko Fujimori, fait valoir un observateur dans El País. Il pourrait attirer certaines personnalités de ces formations dans son nouveau gouvernement.

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