Édition du 12 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Avant-propos de Kathleen Cleaver au livre de David Roediger : Le salaire du Blanc. La formation de la classe ouvrière américaine et la question raciale

Avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse.

Aux États-Unis, où le concept formellement neutre de « droits civils » et le mot « race » sont généralement associés au problème noir, il est rare d’établir un lien entre la construction sociale de la blanchité et la race. Par définition, les Américains blancs ne peuvent pas concevoir qu’ils sont eux-mêmes partie prenante de la question raciale et sont ainsi convaincus que la question du racisme ne se pose que pour les « autres ».

Tiré de Entre les lignes, entre les mots.

Prix Nobel de littérature, Toni Morrison remarque combien il est pathétique de voir le monceau d’études universitaires consacrées au racisme éviter soigneusement toute étude de l’impact du racisme sur ses auteurs1. Les campus ne sont évidemment pas les seuls à être frappés par cette cécité passée longtemps inaperçue. C’est toute la société qui peine à reconnaître combien la blanchité ne se définit pas qu’en négatif mais remplit également des objectifs anti-noirs. Cet aveuglement a contribué à brider les programmes sociaux mis en place pour atténuer l’héritage pernicieux du racisme. Avec son analyse précise de la signification du racisme dans la formation de la classe laborieuse blanche au 19e siècle, David R. Roediger propose une interprétation qui est la bienvenue parmi les travaux récents sur la blanchité.

En mêlant culture de masse, langage et politique dans une analyse néomarxiste, l’historien du mouvement ouvrier utilise les travaux contemporains en histoire sociale, comme l’étude du genre, de la discipline industrielle et du républicanisme populaire, pour éclairer les voies spécifiques par lesquelles les travailleurs [working men] ont cru en leur supériorité raciale. Roediger ne s’arrête pas ici sur les avantages matériels liés à la « blancheur de la peau ». Il examine plutôt la façon dont ils ont construit eux-mêmes le sens de la blanchité. Cette distinction est cruciale car Roediger partage les conclusions de W.E.B. Du Bois sur les dégâts causés par la suprématie blanche :

Les conséquences de la pensée [raciste] sont déjà terribles pour les personnes de couleur du monde entier [mais] elles sont encore pires quand on considère ce que cet état d’esprit engendre chez le travailleur blanc. […] Il commence à vouloir, non pas l’aisance pour tous les hommes, mais le pouvoir sur d’autres hommes. […] Il n’aime pas l’humanité mais déteste les Nègres2.

La plus épouvantable des guerres et ses conséquences latentes à long terme, qui forment la trame narrative de l’histoire raciale américaine, ont aussi marqué nos textes de lois et notre culture juridique. Pour une part, le succès franc et massif de la suprématie blanche au milieu du 19e siècle explique l’échec de la Reconstruction3 après la Guerre civile et la faillite des acquis juridiques mis en place pour garantir la liberté aux anciens esclaves. Cette dialectique est si intimement partagée dans l’opinion publique qu’elle a façonné la perception américaine du monde sans examen critique.

Héritier de Black Reconstruction, l’œuvre pionnière de W.E.B. Du Bois sur les rapports de race et de classe après la guerre de Sécession, Roediger s’appuie sur la formule de Du Bois qui veut que la blanchité compense l’exploitation et l’aliénation des relations de classe. Expliquant pourquoi des travailleurs blancs du Sud acceptent de faibles salaires, Du Bois souligne :

Le succès politique de la doctrine de séparation raciale, qui détruit la Reconstruction en unissant le planteur et le Blanc pauvre, a de loin dépassé ses […] résultats économiques […]. Il faut se souvenir que si les travailleurs blancs en tant que groupe perçoivent un faible salaire, ils obtiennent en partie compensation par une sorte de salaire public et psychologique. On leur octroie des égards publics et des titres de politesse en raison de leur couleur. […] La police est issue de leurs rangs et les tribunaux, qui dépendent de leurs votes, les traitent avec une telle clémence qu’ils encouragent l’illégalisme. [Ils] préfèrent recevoir un faible salaire leur permettant tout juste de subsister plutôt que de voir des gens de couleurs obtenir un salaire décent. Les travailleurs blancs voient dans chaque progrès des Nègres une menace à leurs prérogatives raciales4…

Du Bois conclut que les travailleurs du 19e siècle chérissent tellement leur blanchité qu’au lieu de s’allier aux Noirs avec lesquels ils partagent pourtant des intérêts communs, ils perpétuent une vision suprématiste qui soutient le capitalisme et « anéantit la démocratie5 ».

Comme le remarque Oliver Wendell Holmes, le travail d’un homme de loi n’est pas complet s’il n’a pas compris « au plus profond de sa raison […] la philosophie de la société telle qu’elle est depuis sa naissance à sa croissance6 ». La longue lutte pour la destruction de l’institution de l’esclavage et les fortes réactions de ségrégation raciale qui ont suivi s’étirent sur des siècles. Mais si la société n’interroge pas cet héritage, les problèmes contemporains qui agitent nos institutions culturelles et judiciaires seront difficiles à résoudre, parce que les leçons de la genèse de la blanchité n’auront pas été tirées. La croyance en une infériorité et une supériorité raciales est tellement consubstantielle à nos institutions qu’il me faut saluer l’exercice provocateur auquel Le Salaire du Blanc contribue.

Jusqu’aux années 1860, les États-Unis ne sont pas seulement un pays en expansion rapide mais également une république esclavagiste. Dans la conception républicaine, la nation étant composée de petits producteurs indépendants, la suspicion est profonde aussi bien à l’encontre de ceux qui ont le pouvoir que de ceux qui n’en ont pas. Au 19e siècle, la conception radicale du gouvernement républicain célèbre l’autonomie et conspue la dépendance. Ainsi, comme le rappelle Roediger, Francis Scott Key – qui tire les leçons de la guerre de 1812 où mercenaires britanniques et esclaves affranchis ont incendié la Maison Blanche – signe un couplet rarement chanté de « The star-spangled banner7 » : « Aucun refuge n’a pu sauver / Leurs mercenaires [hirelings8] ni leurs esclaves / De la terrible déroute / et de la misère et de la tombe. » Au moment où ce couplet est écrit, le terme hireling est dégradant. Pour Roediger, de nombreux degrés de dépendance touchent les Blancs au 18e siècle : l’apprentissage, le statut d’indentured servant9, le recrutement forcé et le travail contraint. Dans ce contexte, toute tentative de tracer une démarcation claire entre un « travailleur blanc idéalisé et un travailleur noir pitoyable ou méprisable » est vaine. Selon Roediger, au 18e siècle, la race est une réalité bien plus floue et ambiguë qu’elle ne deviendra par la suite en raison de la grande diversité des situations de « non-liberté » parmi les Blancs et du succès populaire des dénonciations de l’esclavage pendant la période de la guerre révolutionnaire pour l’indépendance. Cependant, l’augmentation du nombre de hirelings entre 1800 et 1860 et la transformation progressive de l’économie avec la généralisation du salariat posent problème à l’idéologie républicaine.

Selon Roediger, le contexte social particulier qui mène à l’identification du « Blanc » au « travailleur » ne se cristallise pas avant le 19e siècle. Ce n’est que dans les années 1860, quand la moitié de la main-d’œuvre non servile est alors salariée et soumise à une nouvelle discipline capitaliste de travail que ce processus arrive à son terme alors même que s’estompe l’idéal d’indépendance économique, qui avait enflammé l’imaginaire national pendant la guerre révolutionnaire. L’historien Gordon Wood décrit le sentiment largement partagé de changement global du début du 19e siècle :

Meurtres, suicides, vols et vandalisme se généralisent en réponse au fardeau de la liberté et de l’appât du gain qui pèsent sur chacun. […] Les émeutes urbaines sont plus nombreuses et plus destructrices. Les bagarres de rue, dans les tavernes et les théâtres, les grèves, les conflits raciaux et sociaux… tout s’aggrave sensiblement à partir de 1800. […] Si l’Amérique reste encore un pays largement rural et agricole, c’est néanmoins désormais le pays du commerce généralisé le plus important du monde10.

La formation de l’empire commercial américain est un phénomène inédit.

Les nouvelles relations sociales et les nouvelles productions qui se développent pendant cette rude transition vers le capitalisme donnent naissance à une nouvelle rhétorique politique qui tente tant bien que mal de redéfinir les relations de travail dégradées diversement désignées comme « esclavage salarié », « esclavage blanc » ou « travail blanc libre ».

Pour Roediger, l’attachement des travailleurs à la blanchité durant le 19e siècle s’explique largement par la revendication de pleine citoyenneté républicaine et par l’affirmation de la masculinité. Avant la Guerre civile, la couleur noire « manifeste presque toujours l’absence des qualités propres à l’homme libre ». Rien de nouveau dans cette assertion, mais Roediger ajoute que les Noirs sont alors perçus comme des « anti-citoyens », des ennemis du contrat social. En effet, l’agitation politique visant à garantir le droit de vote pour tous les hommes11 libres [freemen] se double d’efforts considérables pour empêcher les Noirs d’exercer ce droit. Afin de creuser l’écart entre le travailleur noir et le nouveau salarié blanc, de nouveaux mots désignant les serviteurs blancs apparaissent et se généralisent : aide [help] ou ouvrier à gages [hired hand]. Roediger montre que ces innovations sont le fait des travailleurs blancs et non, comme certains historiens le soutiennent, des employeurs. De la même manière, ils rejettent le nom de maître [master], qui rappelle trop l’esclavage, et le remplacent par le mot néerlandais boss – encore absent du dictionnaire Webster en 1829 –, qui a exactement le même sens mais qui sonne différemment.

L’étonnante évolution du terme argotique coon12 – qui désigne d’abord un « péquenaud » ou un « petit gars de la ville » –, illustre parfaitement la thèse de Roediger. Pendant la campagne présidentielle de 1840, la coiffe en peau de raton-laveur de Davy Crockett devient le symbole du Parti whig. Les démocrates les appellent ainsi ironiquement « ratons » [coons] et ceux de New York désignent les whigs comme le « Federal Whig Coon Party ». Mais quelques décennies plus tard, le personnage de spectacle grimé en noir [blackface13] Zipcoon incarne le stéréotype du Noir libre du Nord, dandy et irresponsable. À la fin du siècle, le genre musical des « coon songs » [« chansons de raton »]est si populaire que des millions de partitions sont imprimées et vendues. Pour Roediger, le succès phénoménal après la Guerre civile de ce genre musical vient de sa propension à permettre aux travailleurs blancs de projeter sur les Noirs libérés des valeurs et comportements qui les fascinent autant qu’ils les angoissent. Afin de salir leurs adversaires politiques favorables à l’abolition de l’esclavage, les démocrates forgent le mot de miscegenation à partir de deux racines latines : miscere, qui signifie mélanger et genus qui désigne la race. Le mot est introduit en 1863 dans un pamphlet démocrate qui insinue que soutenir les républicains mènerait au spectre du mélange racial appelé brassage. Le terme a porté et devient le leitmotiv de la rhétorique politique de cette époque qui redoute l’abâtardissement des États-Unis.

Dans son livre, Roediger utilise la notion de démocratie herrenvolk14. Il construit ce terme à partir du concept de républicanisme herrenvolk forgé par le sociologue Pierre L. van den Berghe et appliqué aux gouvernements d’Afrique du Sud et des États-Unis. Il désigne ainsi des gouvernements démocratiques pour la race des maîtres mais tyranniques pour les groupes raciaux subordonnés. Ce cadre idéologique exclut les Noirs des rangs des producteurs et encourage l’attaque de ceux qui sont en dessous (les Noirs dépendants) plutôt que ceux qui sont au-dessus (les Blancs les plus puissants). La force de cette idéologie, d’après Roediger, est de rassurer les Blancs qui craignent sans cesse le déclassement social : quoi qu’il puisse leur arriver, ils ne perdront jamais leur blanchité. Le livre n’accorde que peu d’attention à la seconde moitié du 19e siècle, quand les Noirs sont privés des droits politiques reconnus dans les amendements à la Constitution et dans les Civil Rights Acts15 issus de la Guerre civile. C’est pourtant lors de cette période que se consolide la république herrenvolk. En 1877, la levée par le Congrès de l’occupation militaire des États confédérés signe la fin de la période de réformes initiées pendant la Reconstruction et le retour des démocrates blancs sudistes. Les lois, les tribunaux et les milices du Sud imposent des régimes paternalistes qui réduisent les Noirs au rang de paysans privés de droits et ségrégués, aux chances de progrès économique ou politique très minces. L’analyse de Roediger sur l’adhésion de masse au suprématisme blanc montre que l’émancipation de quatre millions de Noirs n’a nullement amoindri le préjugé tenace quant à leur infériorité. Mais, écrit-il, « l’émancipation a eu des effets bien plus profonds et dramatiques sur la manière dont […] les travailleurs se voient eux-mêmes ».

Le paradigme du livre est illustré par les Irlandais qui embrassent à corps perdu la blanchité. Pour les protestants blancs du 19e siècle, l’appartenance des immigrants celtes à la race blanche reste hypothétique. Ils sont diabolisés, ségrégués et fustigés comme sauvages, simiesques et inhumains. Ce besoin impérieux qu’ont les immigrants irlandais fuyant la Grande Famine de se définir comme blancs, malgré leur aversion pour les Britanniques et leurs descendants nord-américains, s’explique par le salaire « public et psychologique » qu’offre la blanchité à ces travailleurs qui luttent pour leur survie dans une société industrielle qui les méprise.

Le Salaire du Blanc part du même constat que celui de nombreux universitaires noirs : le question raciale est un problème de Blancs16. Selon Roediger, l’approche traditionnelle de l’histoire sociale continue à simplifier à l’excès la question de la race : la blanchité étant considérée comme neutre tant qu’on ne prend pas en compte le rôle joué par les travailleurs eux-mêmes dans la création de leur identité raciale. C’est aujourd’hui un acquis grâce à l’approche néomarxiste qui reconnaît dans les travailleurs des acteurs historiques libres de leurs choix et créateurs de leur propre culture. Cependant, la nouvelle histoire sociale rechigne toujours à reconnaître la part des travailleurs dans la création de la « suprématie blanche » et de la « blanchité ». Elle s’accroche à l’idée que ce sont les rapports économiques qui créent le racisme. Roediger se détache du primat accordé par les historiens marxistes à la classe sur la race au nom d’une prétendue plus grande objectivité ou d’une plus grande importance politique17.

En tant qu’historien, Roediger soutient que « la tâche la plus urgente n’est pas de séparer la classe et la race mais bien plutôt de les rapprocher ». Il propose de reconceptualiser la notion de classe afin de prendre en compte la part de la race dans la conscience de classe.

La notion de race est clivante. Le professeur Lani Guinier a noté que les Américains ont « appris à percevoir la race comme un sujet de culpabilité et de condamnation ». Elle remarque que dans le contexte polarisé de notre débat politique, on ne fait guère plus qu’invoquer la race pour expliquer nos problèmes. Pour certains, l’étendue de la question est telle que les solutions sont prises pour des problèmes. Je pense que l’analyse de Roediger est particulièrement lumineuse pour éclairer la capacité du racisme à perdurer. Si, comme il le soutient, la toute jeune classe ouvrière du 19e siècle se saisit de la blanchité comme un moyen de calmer sa peur de la dépendance et son angoisse face à la discipline capitaliste, peut-on prévoir une résurgence du suprématisme blanc destiné à contrer les peurs nées de la spirale infernale de la mondialisation, du déclassement et de l’immigration économique ? Comment les pauvres, la classe ouvrière blanche, les Noirs, les Latinos et les autres peuvent-ils trouver un terrain d’entente s’ils ne se reconnaissent pas d’intérêts communs, se demande Guinier. Il est clair que cet illusoire salaire si longtemps offert par le racisme blanc continue d’inquiéter notre démocratie et de mutiler notre humanité.

Kathleen Cleaver18

New Haven, février 2007
 

David Roediger : Le salaire du Blanc
La formation de la classe ouvrière américaine et la question raciale
Editions Syllepse – Radical America
https://www.syllepse.net/lng_FR_srub_22_iprod_718-le-salaire-du-blanc.html
Paris 2018, 240 pages.

Notes

1. Toni Morrison, Playing in the Dark : Whiteness and the Literary Imagination, Cambridge, Vintage, 1992, p. 11.

2. W.E.B. Du Bois, The World and Africa : An Inquiry into the Part Which Africa has Played in World History, New York, International Publishers, 1965, p. 18-21.

3. NdT : L’après-guerre de Sécession, 1865-1877, période d’occupation militaire des États du Sud qui met fin au régime esclavagiste.

4. W.E.B. Du Bois, Black Reconstruction in America, 1860-1880, New York, Simon et Schuster [1935], 1971, p. 700-701.

5. Ibid.

6. Mark D. Howe (éd.), The Occasional Speeches of Oliver Wendell Holmes, Cambridge, Harvard University Press, 1962, p. 22.

7. NdT : « La bannière étoilée ». Poème composé en 1814 et devenu en 1931 l’hymne national des États-Unis d’Amérique.

8. NdT : Hireling désigne un mercenaire, un larbin, une personne qui travaille pour percevoir un salaire en contrepartie d’un travail, d’un service. Voir le chapitre 3.

9. NdT : Voir le chapitre 2 et particulièrement la note 22.

10. Gordon S. Wood, The Radicalism of the American Revolution, New York, Vintage, 1992, p. 306-313.

11. NdT : Par hommes (male suffrage, freemen), il faut entendre ici les individus de sexe masculin.

12. NdT : Coon est l’équivalent de raton en français, y compris dans son acception raciste. Terme injurieux, il est synonyme de « Négro » ; il désigne également le raton-laveur (racoon) aux États-Unis dans le langage familier.

13. NdT : Voir le chapitre 5.

14. NdT : Pour la notion de démocratie herrenvolk, voir p. 89. Pierre L. van den Berghe, Race and Racism : A Comparative Perspective, New York, John Wiley & Sons, 1978, p. 126.

15. Le 13e amendement à la Constitution, ratifié en 1865, abolit l’esclavage sur tout le territoire des États-Unis et autorise le Congrès à prendre les mesures législatives nécessaires à son application. Le Civil Rights Act, adopté en 1866 malgré le veto du Président Johnson, garantit la citoyenneté à tous les individus nés aux États-Unis [à l’exception des Indiens], l’égalité devant la loi et la protection des libertés et de la propriété. Il autorise également les poursuites judiciaires contre ceux qui contreviendraient à ces dispositions. En 1868, le 14e amendement écarte toutes les questions sur la constitutionnalité de la loi de 1866. La loi de 1870 (Enforcement Act) et la loi sur le Ku Klux Klan (1871) confèrent aux tribunaux fédéraux le droit d’intervenir contre les milices du Sud qui terrorisent les Noirs libérés pour les soumettre au contrôle des Blancs. Le 15e amendement (1870) interdit aux États de refuser l’exercice du droit de vote aux hommes noirs. En 1875, le Congrès adopte un nouveau Civil Rights Act qui interdit toute discrimination raciale dans les lieux publics. Cette nouvelle loi sera déclarée non constitutionnelle par la Cour suprême en 1883, ouvrant ainsi la voie à la décision Plessy vs Ferguson (1896) qui déclare non constitutionnelle l’interdiction de la ségrégation raciale en se basant sur le principe « égaux mais séparés ».

16. Voir Ralph Ellison, « Beating that boy », dans Shadow and Act, New York, Signet, 1964, p. 99-100 ; Du Bois, The World and Africa…, op. cit., chap. 2 ; James Baldwin, The Price of the Ticket, New York, St. Martin’s Press, 1985, p. 66, 87-89, 241.

17. Voir Barbara J. Fields, « Ideology and race in American History », dans J. Morgan Kouser et James M. McPherson (éd.), Region, Race and Reconstruction, New York, Oxford University Press, 1982, p. 150-151, 168-169. Fields conclut que contrairement à la classe qui peut asseoir sa réalité économique indépendamment de la conscience sociale, la race n’a qu’une objectivité trompeuse. Les deux concepts n’ont donc pas la même valeur. Elle écrit que la race est « le vecteur idéologique par lequel les Américains abordent les questions de souveraineté et de pouvoir […]. Malgré les changements intervenus, [la race] reste un vecteur idéologique prédominant parce que la défaite de l’esclavage a eu des conséquences durables sur les relations entre les Blancs, conséquences qui ne sont pas moins importantes que celles entre les Blancs et les Noirs. »

18. NdT : Membre du Student Nonviolent Coordinating Committee (SNCC) puis porte-parole du Black Panther Party. Réfugiée en Algérie et en France où elle obtient le droit d’asile, elle rentre aux États-Unis en 1974.

Kathleen Cleaver

Kathleen Cleaver, née le 13 mai 1945 à Dallas, dans le Texas, est une militante des Black Panthers.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Kathleen_Cleaver

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