Édition du 26 mars 2024

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Bancocratie

Ce livre est un plaidoyer en faveur de la socialisation du secteur bancaire, sa transformation en un service public, et pour l’annulation de la dette publique illégitime, largement héritée du sauvetage des banques.

Les gouvernements des pays les plus industrialisés ont fait exploser la dette publique pour sauver les banques privées qu sont à l’origine de la plus grande débâcle économique et financière du capitalisme depuis les années 1930. Partout, le remboursement de la dette et la réduction du déficit budgétaire sont devenus les parfaits alibis pour imposer des politiques d’austérité. Ainsi, l’ensemble des gouvernements européens et la Troïka mènent une offensive - sans précédent depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale - contre les droits économiques et sociaux des populations. Ce livre permet de comprendre comment est survenue la crise, l’impact de la déréglementation bancaire, la logique poursuivie par les banques privées, les manipulations et crimes auxquels ces dernières se livrent régulièrement avec la complicité et le soutien des gouvernements et des banques centrales.
Écrit de manière simple, cet ouvrage est un outil indispensable pour comprendre la crise en cours et découvrir une alternative cohérente aux politiques menées aujourd’hui.

Table des matières

Préface de Patrick Saurin

Introduction

Partie 1. Origine de la crise financière/bancaire et son évolution

1. Comment est survenue la crise économique qui a éclaté en 2007-2008 ? L’explosion des dettes privées.

2. De la financiarisation / déréglementation des années 1980 à la crise de 2007-2008

Les étapes de la déréglementation financière

Les principaux acteurs sur les marchés financiers

Encadré : Le phénomène BlackRock

Le marché financier global et le marché des changes

Le marché des produits dérivés

Le mythe de la fécondité du capital

3. Quel a été l’impact de la déréglementation bancaire des années 1980-2000 ?

Qu’est-ce qu’un bilan bancaire ?

Le développement de la mal nommée « banque universelle »

4. Quelques mécanismes de l’ingénierie bancaire à l’origine de la crise

L’effet de levier

Le développement du hors bilan

La banque de l’ombre ou le shadow banking

La multiplication des activités des banques dans les paradis fiscaux

5. La quête du rendement maximum sur fonds propres

Qu’est-ce que le Return on Equity (ROE) ?
Encadré : Le fossé entre rendement sur actifs et rendement sur fonds propres en 2012 pour les banques d’une série de pays clés

6. Pourquoi la recherche d’un ROE le plus élevé possible pousse-t-elle les banques à augmenter leurs actifs ? Page 48
Encadré : Pas de ROE pour le couple Fernandez, contrairement à la banque Crésus

L’augmentation impressionnante du volume des actifs bancaires
Encadré : Qu’est-ce qu’un CDS ?
Encadré : Qu’est-ce que les Money Market Funds ?

7. L’effondrement bancaire de 2008

L’exemple de Northern Rock
Encadré : La Deutsche Bank a dissimulé 12 milliards de perte

Comment Barclays a évité l’intervention des autorités britanniques en 2008

8. Comment les autorités de contrôle ont permis aux banques de réduire systématiquement le ratio fonds propres/actifs et d’augmenter ainsi l’effet de levier
Encadré : Le Comité de Bâle et la Banque des règlements internationaux

Comment un ratio de 4% peut être transformé en un ratio de 10%

9. L’euphorie néolibérale et Bâle 2 : laxisme maximum

Bâle 2 et la réduction du « capital dur » requis

Bâle 2 : les banques peuvent déterminer elles-mêmes la valeur des actifs à prendre en compte
Encadré : Dexia : une belle illustration du laxisme du Comité de Bâle et des autorités nationales de contrôle

Bâle 3 sous le signe de la continuité

Pourquoi Bâle 3 ne permettra pas d’instaurer une véritable discipline financière

10. Que peut-on espérer des annonces de réglementation bancaire ?
Page 70
 Encadré : Les banques systémiques selon le G20

11. Quelques caractéristiques des grandes banques européennes

La taille des grandes banques aux Etats-Unis et en Europe

Faiblesse des fonds propres

La taille des grandes banques aux Etats-Unis et en Europe

12. Les banques : ça trompe énormément

13. Entre 2007 et 2011, le bilan des banques n’a pas été réduit, il a au contraire augmenté. L’effet de levier reste élevé

14. Pourquoi les banques n’ont-elles pas réduit leur bilan après le déclenchement de la crise ?

15. Quelles bombes à retardement dans les actifs des banques ? Des montagnes de produits structurés

Bulle spéculative sur les corporate bonds

Les titres PIK (Pay In Kind)

Le manque de collatéraux de qualité

16. Des pratiques et des mécanismes générateurs de nouvelles crises

Le trading et le short-selling

17. Les dettes souveraines ne constituent pas la cause de la crise prolongée des banques privées

Partie 2.

18. La spéculation des banques sur les matières premières et les aliments

Retour sur le rôle fondamental de la spéculation dans l’envolée des prix des aliments et du pétrole en 2007-2008

Vingt-deux propositions afin de mettre en place une alternative à la crise alimentaire

19. Les banques spéculent sur les devises et manipulent le marché des changes

Le scandale de la manipulation du marché des changes

La taxe Tobin est dans les limbes

Partie 3.

20. Pourquoi les banques peuvent-elles être qualifiées de colosses aux pieds d’argile ?

Partie 4.

21. La doctrine « Trop grandes pour être condamnées »

22. L’affaire des abus des banques dans le secteur hypothécaire et des expulsions illégales de logement aux États-Unis

23. La banque britannique HSBC et le blanchiment de l’argent de la drogue

Stephen Green, patron de HSBC (2003-2010) devenu ministre britannique du Commerce (2011-2013), une figure emblématique

HSBC : une banque au lourd passé

HSBC impliquée dans d’autres crimes financiers

Hervé Falciani, le Edgar Snowden d’HSBC ?

HSBC a décidé de contourner une directive de l’Union européenne

24. La manipulation du taux d’intérêt Libor

25. Le scandale des prêts toxiques en France

26. Dexia complice de violations très graves des droits humains dans les territoires occupés par Israël

27. L’évasion et la fraude fiscales internationales organisées par la principale banque suisse UBS

28. Quelques affaires supplémentaires et non des moindres dans lesquelles de grandes banques sont impliquées

BNP Paribas

Deutsche Bank

Royal Bank of Scotland

Crédit Suisse

Barclays

Bank of America

Goldman Sachs

JP Morgan

29. L’impunité des banques doit cesser

30. L’action des gouvernements et des banques centrales en soutien aux banques

Les prêts massifs des banques centrales aux banques privées
Encadré : Les grandes banques bénéficient de subsides implicites
Encadré : La Banque Centrale Européenne

31. L’action de la Fed aux États-Unis à partir de 2007-2008
Encadré : La Banque de la Réserve Fédérale des États-Unis

32. Quelle action pour la Banque centrale européenne depuis 2010 ?

Quels ont été les effets de l’octroi aux banques de 1 000 milliards d’euros par la BCE ?

33. Les grands objectifs de la BCE

Quel est le bilan de l’action de la BCE du point de vue du 1 % le plus riche et des grandes entreprises privées ?

Le « démos » exclu du jeu

34. La politique des dirigeants européens est-elle un échec ?
Encadré : Quelques exemples d’hommes politiques réussissant dans les affaires

35. A propos du modèle allemand

L’épicentre de l’offensive du Capital contre le Travail s’est déplacé vers l’Europe
Encadré : L’ABC sur le salaire ainsi que sur la plus-value absolue et relative

36. La gestion de la crise s’inscrit dans le cadre de l’offensive du Capital contre le Travail au niveau mondial

37. Pourquoi le FMI semble-t-il critiquer une austérité qu’il continue à promouvoir ?

38. Le dilemme des banquiers centraux : choisir entre la peste et le choléra

39. De Karl Marx à aujourd’hui : l’impressionnante évolution des banques

40. Alternatives

Préface de Patrick Saurin

Les banques ont été à l’origine de la crise financière de 2007-2008 qui n’en finit pas de produire ses effets délétères sur les populations. Pourtant, rares aujourd’hui sont les personnes en capacité de comprendre les activités des banques, d’identifier leurs motivations et surtout de mesurer leur responsabilité dans la crise actuelle. Cela n’est pas étonnant si l’on sait que les banques et leurs dirigeants ont coutume d’invoquer le secret bancaire dès qu’il leur est demandé de rendre compte de leurs agissements.

Rares sont les ouvrages consacrés aux banques, en dehors des quelques manuels à caractère technique destinés aux étudiants en finances. Même chez les économistes critiques du système capitaliste, le monde bancaire est rarement étudié en tant que tel, et quand il est traité, c’est le plus souvent de façon superficielle, au détour d’une critique du « monde de la finance ». Une telle situation n’est pas étonnante car le sujet est technique et nécessite des informations que précisément le secret bancaire a pour vocation de dissimuler. Approcher et investiguer cet univers méconnu nécessite tout à la fois des connaissances, des compétences, de la rigueur, de la persévérance ainsi qu’une analyse et un esprit de synthèse irréprochables. Cela souligne le mérite d’Eric Toussaint de s’être attelé à cette tâche consistant à exposer au grand jour les activités des banques, expliciter leurs mécanismes, détailler leur évolution et surtout en dresser un bilan sans appel. Pour mener à bien son projet, l’auteur a minutieusement consulté une multitude de documents officiels émanant des banques elles-mêmes, des autorités et institutions en charge de leur contrôle, sans oublier les travaux des spécialistes des questions bancaires. C’est dire que l’état des lieux sera difficilement contestable.

Bancocratie, le titre du livre est bien choisi et résume bien le monde mis au jour par Eric Toussaint, un monde où le pouvoir est détenu par les banques, et à travers elles leurs dirigeants et leurs actionnaires. Mais l’auteur ne se contente pas de critiquer l’usage désastreux de ce pouvoir par des capitalistes mus par la seule soif du profit, il remet en cause la détention d’un tel pouvoir par une poignée d’individus échappant à tout contrôle et met en lumière la complicité coupables des pouvoirs publics et des institutions censés pourtant réglementer, contrôler et organiser les activités des institutions financières. Eric Toussaint nous rappelle que les banques, tout comme la monnaie et le crédit, sont des outils au service de la collectivité, et qu’à ce titre elles doivent être socialisées, c’est-à-dire qu’elles doivent être regroupées au sein d’un vaste service public bancaire pour servir l’intérêt de tous, et surtout être placées sous le contrôle citoyen de leurs salariés, des clients, des représentants des associations ainsi que des élus.

Le point de départ du livre est la crise de 2007-2008 dont l’auteur met en lumière les causes, le puissant et ininterrompu mouvement de déréglementation amorcé dans les années 80 et la financiarisation de l’économie. Prolifération des produits dérivés, recours effréné à l’effet de levier, développement du hors-bilan, rôle de plus en plus grand des paradis fiscaux avec pour corollaire un développement du shadow banking sont autant de traits qui caractérisent cette évolution pernicieuse. La recherche effrénée du rendement maximum a amené les banques à prendre des risques considérables qu’elles n’ont pas été en mesure de supporter.

Pourtant, loin de les sanctionner et de profiter de l’occasion pour en prendre le contrôle, les États au contraire ont décidé de socialiser leurs pertes, c’est-à-dire de les faire supporter par les citoyens. De même, les États se sont refusés à effectuer les changements radicaux qui auraient dû intervenir en matière de réglementation. En effet, les prétendues réformes bancaires mises en place dans les grands États occidentaux et les accords de Bâle 3 pourtant censés mettre un peu d’ordre, de rigueur et de déontologie dans les activités financières se sont révélés n’être que des cautères sur une jambe de bois. En effet, une fois recapitalisées et remises sur pied par les États avec l’argent des contribuables, les banques ont repris de plus belle leurs activités spéculatives.

De Lehman Brothers à Deutsche Bank en passant par Dexia, Eric Toussaint revient sur les grands scandales financiers qui ont révélé au grand jour les manipulations et les pratiques frauduleuses des grandes banques. Il souligne la complicité des banques centrales, la BCE en particulier, des agences de notation et des grandes institutions en charge de superviser et de surveiller les agissements des établissements bancaires.

Mais si les grandes banques ont des bilans souvent supérieurs au PIB des États où elles sont domiciliées, elles restent plus que jamais ainsi que le souligne l’auteur des « colosses aux pieds d’argile ». En clair, d’autres crises aussi importantes que celle de 2007-2008 sont à craindre dans un avenir proche. Ces crises seront d’autant plus redoutables qu’elles vont se conjuguer à d’autres crises : une crise écologique, une crise politique, une crise sociale et une crise démocratique.

Parce que les banques sont aujourd’hui le maillon essentiel du système capitaliste et contribuent à déterminer fortement le mode de production qui saccage la planète, génère un inégal partage des richesses qui sème les guerres et la paupérisation, rogne chaque jour davantage les droits sociaux, attaque les institutions et les pratiques démocratiques, il est essentiel d’en prendre le contrôle. La crise financière recouvre une lutte sans merci, celle du Capital contre le Travail. C’est pourquoi la socialisation de l’intégralité du système bancaire préconisée par l’auteur au terme de sa démonstration apparaît comme une urgente nécessité économique, sociale, politique et démocratique. Loin de se résumer à une analyse de la crise financière venant s’ajouter à d’autres travaux, le livre d’Eric Toussaint est un outil essentiel pour toutes celles et tous ceux qui éprouvent la nécessité de comprendre la crise du monde actuel et surtout qui veulent contribuer à y apporter des solutions.

Le suffixe de bancocratie vient du grec, kratos, qui signifie « le pouvoir », « l’autorité », « le gouvernement ». Le titre du livre d’Eric Toussaint appelle en regard un autre mot, « démocratie », et nous renvoie en définitive à cette question : qui doit détenir le pouvoir, les banquiers ou le peuple ?

Bancocratie

24€

30 juin par Eric Toussaint

455 pages. Éditeur : ADEN

Étant donné le poids du livre, le CADTM propose un envoi port compris à 28€.

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