Édition du 16 avril 2024

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COP21

COP21 : un accord heureux, nécessaire, mais insuffisant

Nous, membres du Collectif de la société civile québécoise pour la COP21, lisons entre les lignes de l’accord sur les changements climatiques conclu à Paris : il est certes rempli de promesses, mais de peu d’actions concrètes.

On dit cet accord historique car, pour la première fois, le danger que représentent les changements climatiques a été reconnu dans une entente internationale. Certes, c’est une avancée dont nous nous réjouissons. Nous nous réjouissons de la cible d’un réchauffement en deçà de 2 degrés, et l’objectif d’atteindre 1,5 degré. Pourtant, depuis les accords de Kyoto en 1997, nous savons qu’il faut se presser.

Depuis Copenhague en 2009, nous connaissons l’urgence d’agir pour ne pas dépasser les 2 degrés de réchauffement. L’absence de contrainte ne permet pas d’assurer l’atteinte de ces cibles à long terme.

Au-delà de la victoire des mots, cet accord ne s’attaque pas à la source du problème : la consommation sans limites des énergies fossiles. Il ne force aucunement les industriels et les politiciens à assumer leurs responsabilités. Si les politiques économiques ne reflètent pas les belles paroles entendues à Paris, d’importantes catastrophes naturelles sont à prévoir. Le réchauffement est déjà bien entamé selon la communauté scientifique et c’est un réchauffement de 3 à 4 degrés qui nous attend. Connaissez-vous les Îles Marshall ou les îles Seychelles ? Hâtez-vous car au rythme où nous allons, elles ne seront plus qu’un souvenir.

Pour contenir la hausse de la température sous les 2 degrés, 80% des énergies fossiles mondiales devraient être laissées dans le sol et d’ici 2050, nous devrions réduire les émissions de GES de 40 à 70%. Malgré cela, les mécanismes de révisions des contributions des États pour lutter contre le réchauffement n’entreront en vigueur qu’en 2020 et ce, si seulement 55 % des gouvernements consentent à poursuivre les cibles de réduction des GES qu’ils auront définies.

Le fonds de $100 milliards que les États riches verseront aux populations les plus touchées par les futurs dérèglements climatiques, semble assuré. Toutefois, ce sont ces mêmes États qui décideront des modalités de compensation, sans que l’accord ne reconnaisse leur responsabilité directe.

Il faudra se battre pour que les principes mis de l’avant par l’Accord de Paris deviennent réalité et non pas de simples vœux pieux. Nous sommes effectivement confrontés à la nécessité d’utiliser cet accord comme un levier pour mettre les entreprises et les politiciens devant leurs responsabilités et s’assurer que lorsque la transition sera inévitable, elle ne sera pas récupérée au simple nom du profit.

Nous revenons pourtant de Paris convaincus que le Québec a une chance unique : celle de sortir des énergies fossiles et de dire s’engager pour une justice climatique pour tous. La société civile se préoccupe et est solidaire de ceux et de celles qui seront appelés à assumer les risques pour entamer ce grand virage et souhaite rappeler que malgré les beaux discours de Paris, le gouvernement Couillard ne propose rien pour l’accompagnement de dizaines de milliers de travailleurs et de travailleuses, mettant par le fait même les communautés à la merci d’un avenir précaire. Sans eux, sans les sociétés civiles, l’Accord de Paris est voué à demeurer un simple accord de principe, trop faible pour lutter concrètement contre le réchauffement global et pour protéger adéquatement les nations les plus vulnérables.

Lors de la COP21, nous avons été des dizaines de milliers à sentir un grand vent d’optimisme et d’espoir, un désir de lutte et de changement, maintenant c’est à nous, citoyens et citoyennes, de nous assurer que ces deux semaines soient réellement porteuses d’un avenir meilleur. On lâche rien !

Les signataires sont tous des membres du Collectif de la société québécoise qui étaient présents à Paris pour la COP21 :

Anne Céline Guyon, Fondation Coule pas chez nous

Patrick Rondeau, conseiller syndical, Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ)

Manon Massé, Députée de Québec Solidaire et porte-parole en matière d’environnement

Marie-Hélène Roy, agente de programmation jeunesse chez Développement et Paix

Suzie O’Bomsawin, citoyenne de la communauté abénakise d’Odanak

Sylvie Paquerot, Professeure agrégée à l’École d’études politiques, Université d’Ottawa

Raphael Canet, Professeur à l’École de développement international et mondialisation de l’Université d’Ottawa

Jacqueline Romano-Toramanian, Consultante et formatrice en éducation relative à l’environnement et membre du Comité des retraités Brundtland ; EVB-CSQ

Bruno Demers, sociologue, consultant, fondateur de RénoCyclage

Michel Rondeau, étudiant au cégep de St-Laurent

Valérie Langlois, étudiante en développement international à l’Université d’Ottawa

Martin Groleau, étudiant en Licence de droit civil et baccalauréat en sciences sociales spécialisé en développement international et mondialisation à l’Université d’Ottawa

Fanny Beaulieu Cormier, étudiante à la maîtrise en Développement du Tourisme, UQAM

Émilie Paris-Jodoin, étudiante cégep de St-Laurent

Jasmine Ricard, étudiante cégep de St-Laurent

Marie-Hélène Picard, étudiante cégep de St-Laurent

Michel Forgues, citoyen engagé

Caterina Milani, citoyenne engagée

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