Édition du 16 avril 2024

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Politique canadienne

Canada : vers la fin de l'industrie de l'amiante ?

Alors que tous les pays occidentaux ont tourné le dos à la fibre réputée cancérigène, le Canada encourage toujours sa production et son exportation. Mais la fronde des opposants monte.

Tiré du journal Ouest France le mercredi 21 avril 2010

« Nous vous demandons de reconnaître la preuve scientifique démontrant que toutes les formes d’amiante s’avèrent dangereuses » : cette supplique d’une centaine de scientifiques internationaux a été adressée, le mois dernier, à Jean Charest, Premier ministre du Québec, dans une missive de huit pages. En septembre déjà, quinze experts québécois en santé publique lui avaient destiné une lettre ouverte, l’exhortant à stopper immédiatement l’extraction et l’exportation d’amiante. Depuis six mois, rapports de santé publique et recommandations d’associations médicales en défaveur de l’amiante chrysotile ¯ variété actuelle ¯ s’entassent sur le bureau du chef du gouvernement du Québec, la dernière province canadienne à exploiter le minerai.

Un projet de loi

La récente mission économique de Jean Charest en Inde, promouvant l’amiante, a été le geste de trop : le Québec vend au sous-continent plus de 95 % de sa production de chrysotile. Alors qu’au même moment, le pays dépense des millions de dollars pour désamianter écoles et hôpitaux... « Hypocrisie », tempêtent, de plus en plus, habitants et médias canadiens.

Officiellement, le gouvernement continue à promouvoir l’amiante. Mais le Premier ministre est de plus en plus isolé. Michael Ignatieff, chef du Parti libéral du Canada, a publiquement dénigré le minerai. Nathan Cullen, député du Nouveau parti démocratique de Colombie-Britannique, a même déposé un projet de loi contre son extraction : « Les Canadiens sont frustrés et fâchés de voir le gouvernement détruire la réputation du pays par ce soutien inadmissible. Le Québec tient au chrysotile comme à un symbole de son indépendance », critique-t-il.

Visiblement alarmés, les syndicats de mineurs, plusieurs municipalités, associations patronales et chambre de commerce québécoises ont même créé, cette semaine, une coalition en faveur de l’amiante chrysotile. Peut-être le dernier sursaut d’une province où une commune peut encore porter un nom aussi provocant qu’« Asbestos » : « amiante », en français.

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