Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Corruption et régime libéral

Habitué de justifier toutes les magouilles des privilégiés à la tête de l’État dans son travail de vérificateur, comme si elles étaient les normes d’une gestion tout à fait normale, le deuxième membre de la Commission Charbonneau, Renaud Lachance, ne voit plus clair quand il s’agit d’exposer ces malversations aux yeux du public. Il se garde bien de trop en révéler, conscient de son rôle de sauvegarde des institutions libérales d’un pouvoir qui ne s’accommode pas d’une opinion publique plus sévère pour ce qu’ont comme conséquence la fraude et le délitement des mœurs politiques.

Le système se replie et s’assure d’une virginité protégée par ses propres instruments de camouflage : des commissions d’enquête, l’une après l’autre, font reculer la colère populaire qui se manifesterait à chaud devant la corruption mais qui, avec le temps, finit par s’atténuer au travers d’une information qui en pousse une autre vers la sortie.

Dans le contexte d’une austérité qui ne passe pas, à cause de tous les cafouillages du parti le plus accablé par la Commission, il vaut mieux en effet pour les classes dirigeantes réduire les sources du mécontentement populaire qui pourrait se traduire par une légitime révolte contre ce pouvoir confisqué par des promesses trahies et ayant eu comme seul résultat la conquête d’un pouvoir maintenant indigne et exercé par d’indignes gouvernants : qu’arrive-t-il d’un plan Nord qui ne décolle pas, des milliers emplois promis dont on ne voit pas la couleur et du saccage du public attendu par des salariés non-marchands qui les avaient vu venir tout en préparant leur mobilisation.

Est-ce que l’émission Enquête tirera le fil jusqu’au bout pour détricoter les mécanismes d’une corruption endémique dont la mise au jour de l’une sert à cacher la suivante qui s’élaborera pour circonscrire les nouvelles règles au profit de ceux même qui les élaborent afin de mieux les détourner de leurs objectifs ?

Finalement, le système se reproduit à travers des institutions dont le commissaire Lachance est peut-être le seul à bien comprendre les objectifs : une « présomption d’innocence », toujours invoquée pour un régime criminel, vaut bien mieux qu’une mise à jour de ses failles qu’on ne corrigera jamais de toute façon.

Qui a dit qu’une telle commission serait utile tous les dix ans ? En tout cas celle-là même qui nous a tenu en haleine pendant des mois reporte désormais à plus tard les correctifs que Lachance n’a pas le courage d’évoquer. À moins, comme je dis, qu’il ne soit le plus lucide de sa classe dans toutes ces « affaires » dont on s’est engagées à « s’occuper » !

Guy Roy

Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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