Édition du 26 mars 2024

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Afrique

Crime et chatiment au Sahel

Cela ne date pas d’aujourd’hui. Il s’agit d’un crime presque parfait s’il n’était pour les survivants qui creusent sentiers dans le désert. L’idée utopique de transformer les frontières en lieux de passage pour la mobilité humaine est désormais une action parmi le plus subversives. Déclarer que le monde, tel qu’on le pense, n’est qu’une longue série des murs et des barbelés bien organisés est inconcevable. Bouger, amenant avec soi les racines nomades, sonne comme une moderne hérésie.

Tiré du blogue de l’auteur.

Le droit de conjuguer à sa guise le verbe ‘voyager’ n’est pas acceptable si on ne donnera pas d’abord des bonnes garanties au système. Le seul modèle que l’on accepte est celui du ‘touriste’, qui en effet se déplace sans changer quoi que ce soit de son regard. Du Mexique à l’Angola, du Sahel à la Méditerranée, le crime de vouloir un futur différent est jugé et ensuite condamné comme une insoumission. Migrer est un crime passible du châtiment prévu par les lois.

Les camps de détention administrative en Europe, qui se traduisent en camps de torture en Libye se transforment par la suite en maison de ‘réparation’ et de transit au Niger. Le principe, lui, ne change pas. Le crime de mobilité doit être puni, de manière exemplaire, symbolique et réelle. L’empire occidental au crépuscule n’accepte pas l’arrivée des ‘barbares’ qui mettent sous siège ses limites. La contamination serait fatale parce qu’elle vient du dehors du corps social et sans aucune control sanitaire. Le châtiment s’organise aussi à travers les projets de développement, qui visent de freiner la mobilité des citoyens qui cherchent plus de justice sociale. Si, par la suite, on voudra enfoncer définitivement l’esprit des désobéissants il ne suffira que faire appel aux grandes ONG. Entre temps le monde humanitaire aura déjà reçu les instructions nécessaires afin de les rendre fonctionnelles au système.

Les autres crimes sont bien connus. Oser revendiquer la parole et la dignité confisquées chez les jeunes, les paysans et les activistes des droits humains est une action blâmable. Organiser une information libre qui chercherait à illuminer la réalité est comme une offense au sens commun. Refuser de se faire acheter par le marché de l’imposture et par la guerre sans fin devient insupportable pour tout pouvoir qui mérite ce nom. Oser revendiquer le droit à la sécurité alimentaire, à l’éducation pour tous et le désir d’une vie digne sont considérés comme un attentat à l’ordre public. Ceux-ci et des ‘crimes’ semblables sont à châtier selon la loi qui, au lieu de protéger les faibles, ne fait que justifier les forts. Les prisons du régime sont la punition privilégié et reconnue pour ce type- là de crimes. Mais le pire des châtiments consiste dans la servitude volontaire et l’autocensure des intellectuels. Le système a gagné.

Pas pour longtemps. Pour qui sait prophétiser les murs sont déjà peints avec des fleurs et les barbelés sont utilisés pour y sécher les habits. Le silence des pauvres s’est transformé dans une mélodie de libération. En ce jour-là justice et paix s’embrassent. On commence par le Sahel

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