Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 27 novembre 2018

La nécessité d'une transition anticapitaliste

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

André Frappier est de retour d’une participation à un Forum tenu à Johannesbourg portant sur l’extractivisme. Il nous fait part de ses expériences et des ses impressions concernant cet événement qui a regroupé des représentant.e.s d’une soixantaine de pays dont 27 pays africains. Il souligne que les participant.e.s ont insisté sur le droit de dire Non à tout projet d’extraction des ressources des sous-sols. Il ont aussi rapellé le rôle important du gouvernement canadien dans le pillage des ressources africaines par l’industrie minière. Il fait la démonstration que les pays africains ne tirent aucun bénéfice de l’activité minière et que les femmes subissent cet injustice de façon particulièrement violente. Il conclut en soulignant que le combat se déroule à l’échelle internationale dans l’économie capitaliste mondialisée et qu’une stratégie qui n’est pas globale risque de ne pas être à la hauteur du défi à relever.
 
Les auteures membres de la FFQ reviennent sur le débat portant sur la prostitution qu’a mené la Fédération récemment et qui a ébranlé le mouvement féministe au Québec. Elles rappellent l’historique du débat qui a traversé la FFQ depuis plusieurs années, les étapes de la démarches du débat et les motivations des personnes qui ont adopté la récentes prise de position de la FFQ y voyant un rééquilibrage des positions et courants qui se sont exprimé lors de ce débat « en accordant une valeur et une légitimité à la parole des travailleuses du sexe dans ce débat et en refusant de les réduire au seul statut de victimes. » Elles rappellent que le rôle de la FFQ est de fédérer, parfois de façon conflictuelle, pour rassembler le plus de féministes possible et construire un rapport de force pour la défense des droits. Le débat sur la prostitution s’inscrit dans cette dynamique.
 
Le conflit chez ABI s’enlise au grand bonheur des patrons de l’entreprise. Neuf mois de lockout alors que les salarié.e.s doivent lutter contre la volonté d’abolir 20% des postes et accepter une politique de sous-traitance qui menace la sécurité d’emploi des syndiqué.e.s, précise le Syndicat des Metallos. Pierre Tircher de l’IRIS souligne que le conflit montre que l’Etat ne joue plus le rôle de rééquilibrage des rapports de force entre patrons et syndiqué.e.s et que les entreprises usent de plus en plus du lockout comme arme de guerre dans les conflits avec les salarié.e.s. Au contraire, l’Etat est de plus en plus le complice des patrons lorsque vient le temps de s’attaquer aux condition de travail des salarié.e.s, dans le cas qui nous concerne en laissant couler les pertes pour Hydro-Québec qui s’élèvent à plus d’un million de dollars pour ce seul conflit.
 
Un autre conflit aux enjeux fondamentaux est celui à Poste Canada. Justin Trudeau a renié sa parole une fois de plus en adoptant une loi spéciale forçant le retour au travail des syndiqué.e.s. Là encore, la partie patronale avait beau jeu sachant très bien que l’Etat interviendrait en sa faveur, pression du temps des fêtes qui approche avec tout son lot de pression des entreprises qui réalisent leur pactole à cette occasion. Le STTP promet de poursuivre la lutte avec d’autres moyens.

SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE

Est-ce la surconsommation du Vendredi fou qui montre le système dans ses pires folies, l’endettement des pays dits émergents, les coûts de catastrophes naturelles ? Toujours est-il que la hantise d’une nouvelle crise économique revient à l’avant scène de l’actualité.

C’est d’abord l’article de Martine Orange : Économie : le désaxement des planètes 4. L’auteure essaie de faire un tour d’horizon de la situation économique mondiale depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, depuis, en fait, les frasques économiques de ce président. Elle place clairement la situation : « La confusion politique de Donald Trump est en train de créer un chaos mondial. Personne ne sait plus sur quel pied danser, quel sera l’environnement politique, économique, diplomatique dans les mois à venir »

Du côté de l’Asie, la relation Chine-États-Unis retient son attention : « L’émergence de ce nouveau bloc économique et commercial sonne le glas de la mondialisation, telle que ses thuriféraires l’avaient conçue après la chute du mur de Berlin. Certains prédisent que cette situation ne pourra conduire qu’à l’affrontement entre la Chine et les États-Unis. Un nouveau concept est apparu ces derniers mois : celui de « nouvelle guerre froide » commerciale. Et « elle pourrait durer des années », mettent en garde des économistes. » Elle termine son analyse avec le continent européen : « Non seulement Donald Trump ébranle le cadre des relations entre les deux continents, mais il enfonce le plus de coins possible au sein de l’Union européenne, plus divisée que jamais, tant ses politiques imbéciles au moment de la crise de l’euro ont miné ses fondements. Les réactions européennes se font donc en ordre dispersé, l’Est jouant contre l’Ouest, le Nord contre le Sud, le président américain prenant un certain plaisir à rajouter du sel sur les plaies. » À lire pour développer une vision mondiale de notre monde

Suite à cette analyse, la situation aux États-Unis demandait à être étudiée.
Etats-Unis. Les vantardises de Trump. Or, une nouvelle crise financière guette

Prévenons le lecteur ou la lectrice, cet article exige un minimum de connaissances en économie. Plusieurs tableaux et graphiques illustrent les propos de l’auteur.

La situation américaine y est au départ décrite de façon très positive : « la très bonne situation économique du pays, avec un taux de croissance de 4% au second trimestre et de 3,1 % au troisième 2018, ainsi que le niveau de chômage officiel le plus bas depuis 49 ans. » Mais, la situation est donc qualifiée de fragile « De façon implicite Trump reconnaît ce faisant que la croissance dont il vante la paternité repose sur les bases très fragiles de l’injection de liquidités » La deuxième partie de l’article remet en contexte ce renflouement monétaire dans la crise de 2008 et essaie de prévoir la prochaine récession. À lire avec précaution.

Toujours dans l’analyse de la situation économique mondiale, nous avons retenu cet article pour son articulation écologie et féministe
Dans ce texte Daniel Tanuro se réfère à l’analyse marxiste pour élaborer sa liaison écologie et féminisme. Il part de quatre grands principes : « la nécessité d’un programme de transition anticapitaliste ... la nécessité d’une stratégie basée sur l’action directe, démocratique et auto-organisée des exploité.e.s et des opprimé.e.s…. la très profonde crise du sens et des valeurs qui mine la société capitaliste... le bilan écologique catastrophique des pays du « socialisme réel ».
Sur la base de ces constats, l’auteur élabore 10 balises pour poser les bases d’une nouvelle société : « Notre écosocialisme est donc non seulement alliance antiproductiviste du social et de l’environnemental, c’est-à-dire alliance sociale ouvrière-paysanne-peuples indigènes : il est aussi prise en compte du féminisme dans le social et dans l’environnemental, c’est-à-dire écoféminisme socialiste. Cette vision est le fondement de notre stratégie écosocialiste de convergence des luttes. »

Nous avons retenu, pour conclure, une déclaration de la Marche Mondiale des femmes. de la 11ème Rencontre Internationale Bilbao, 22-28 Octobre 2018.

Les organisatrices de la Marche Mondiale des femmes se sont réunies à Bilbao. Elles ont discuté de la conjoncture actuelle, de la montée des droites, et des conséquences sur le femmes des politiques néolibérales. Elles arrivent à la conclusion : « La logique du capitalisme et de la vie sont absolument inconciliables, et nos réponses comme organisation plurielle et diverse doivent être chaque jour plus puissantes, de par nos mobilisations dans les rues et au sein des bases populaires. »

Elles affirment donc leur opposition, mais elles dessinent aussi le futur : ce pour quoi elles veulent se mettre en marche : « Nous affirmons que l’auto-organisation des femmes est notre stratégie de renforcement comme sujet politique qui construit une force mondiale, en alliance avec les mouvements qui partagent nos valeurs pour pouvoir transformer le monde »

Bonne lecture.

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