Édition du 12 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Le mouvement des femmes dans le monde

Déclaration des femmes d’Afrique australe (18 août 2017 – Johannesburg)

Nous, les femmes de toute l’Afrique australe, rurales et urbaines, jeunes et moins jeunes, agricultrices et sans emploi, participant au sommet des peuples de 2017, nous nous rassemblons pour partager et réfléchir à propos de nos histoires de violences perpétrées par des États patriarcaux, capitalistes et colonialistes, par des entreprises et des institutions sociales, religieuses, éducatives et familiales. Malgré nos nombreuses différences d’origine, de langue, de religion et d’identité sexuelle, nous avons en commun l’expérience de vivre dans des sociétés qui considèrent nos corps comme des objets et la nature comme une marchandise à exploiter et à détruire.

Tiré de Entre les lignes, entre les mots.

Les agricultrices et les peuples autochtones vivent avec la nature, prennent soin des terres, des ressources en eau, de l’océan et des forêts. Ce sont les femmes qui détiennent les semences, la connaissance de l’agriculture et l’héritage des communautés. Et ce sont les femmes qui s’occupent de leurs familles et de leurs communautés, en veillant à ce qu’il y ait de la nourriture, de l’eau potable et de l’énergie. Ce sont les femmes qui soignent les jeunes et les malades. Les agricultrices et les peuples autochtones vivent proches de la nature. Lorsque les multinationales et les États saisissent des terres, volent de l’eau et détruisent les forêts, il s’agit de violence contre la nature et de violence à l’égard des femmes en raison de ce rôle important qu’elles jouent dans leurs familles et leurs communautés.

Les femmes sont considérées comme inférieures, comme des aides pour les hommes, comme réserves de main-d’œuvre peu coûteuse et non rémunérée, et comme objets d’exploitation sexuelle. C’est l’origine de l’oppression des femmes dans un système de pouvoir qui profite aux hommes (patriarcat) et dans un système économique orienté vers le profit (le capitalisme). La nature est réduite à une marchandise, vendue et exploitée pour le bénéfice de quelques-uns. Nous affirmons que ce système est violent contre la nature et violent contre les femmes, les travailleurs, les indigènes et les hommes de la classe ouvrière. La violence contre la nature est de la violence contre nous en tant que femmes !

Nos gouvernements se mettent au service des entreprises. Et de ce fait, ils n’agissent pas dans l’intérêt de la majorité des gens. Nos gouvernements passent des accords avec les grandes entreprises minières et agricoles, ils ne réglementent pas les activités polluantes des entreprises, et ils utilisent souvent la police et l’armée contre nous, pour nous faire taire et rester à notre place. C’est de la violence contre la femme !

Nous, les femmes d’Afrique australe, sommes réunies pour réclamer :

– Notre droit à la terre, à l’eau potable propre et à une énergie qui est sûre pour nous et aussi pour notre environnement.

– Notre droit de cultiver et de manger des aliments cultivés par les petits agriculteurs-agricultrices, sans pesticides ni produits chimiques qui nuisent à notre santé et à notre nature.

– Notre droit à des moyens de subsistance et un travail sûr et décent qui met au centre les gens et non les bénéfices.

– Notre droit de vivre sans violence perpétrée par les gouvernements, par les entreprises ou par les hommes dans nos maisons, dans nos rues, dans nos villages, dans nos écoles, dans nos églises et mosquées, et dans les lieux où nous travaillons.

– Notre droit de contrôler notre corps, en choisissant quand ou si nous voulons avoir des rapports sexuels et avec qui nous avons des relations sexuelles ; nous nous engageons à aimer notre corps, à nous respecter et à nous amuser comme êtres sexuels.

– Notre droit de diriger des organisations, des mouvements et des syndicats et de nous organiser librement sans être rabaissées, menacées et harcelées par nos camarades masculins.

De nos gouvernements, réunis lors de la réunion des chefs d’État de la SADC, de tous les hommes, nous demandons :

– Que la sécurité des citoyens et des femmes en particulier prime sur ce qu’ils appellent la sécurité nationale : la protection des frontières du pays

– Que nos gouvernements placent les besoins de développement de la majorité des gens avant les intérêts et les profits des entreprises multinationales

– Que nos gouvernements investissent l’argent des budgets militaires et policiers dans l’éducation, les soins de santé, le soutien des agriculteurs, les travaux publics et la sécurité des femmes et d’autres citoyens

– Que nos gouvernements respectent les terres, l’eau, la forêt, l’océan et le droit des femmes et de leurs communautés sur les semences

– Que nos gouvernements reconnaissent et respectent les gens et qu’ils ne les réduisent pas à des catégories hommes-femmes, mais acceptent les identités diverses et les choix sexuels.

Amandla !

Nous serons en marche jusqu’à ce que toutes les femmes soient libres !

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