Édition du 26 mars 2024

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Itinérance

Dénombrement des personnes en situation d'itinérance - Un portrait imparfait qui pourrait s'avérer dangereux (RAPSIM)

MONTRÉAL, le 7 juill. 2015 - Le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) demeure très critique à l’endroit des données issues du premier dénombrement des personnes en situation d’itinérance réalisées en mars 2015. Certes, l’exercice permet de contribuer à la documentation du phénomène, mais il est loin de représenter un portrait fidèle de la situation actuelle qui puisse maintenant permettre d’orienter les ressources venant en aide aux sans-abri.

L’équipe ayant mené le dénombrement en mars dernier en arrive au chiffre de 3016 personnes itinérantes. Un tel exercice de décompte s’inscrit dans un contexte où il est difficile d’avoir un chiffre crédible, d’abord parce qu’il n’est réalisé qu’à un moment spécifique de l’année. Tant des hommes, des femmes que des jeunes se retrouvent à la rue à différents moments de l’année, que ce soit de manière temporaire, cyclique ou chronique. 

« Qu’il soit réalisé le 10 octobre, le 10 décembre ou encore le 24 mars comme ce fut le cas pour Je compte Montréal, il est faux de penser qu’on aura une vision d’ensemble du phénomène avec ce premier dénombrement, souligne Bernard St-Jacques, du RAPSIM. Trop nombreuses sont les réalités qui seront occultées, et ce, même si à Montréal, on a prétendu innover afin de faire ressortir l’itinérance cachée ».

L’une des premières à avoir été mises sur la paille est l’itinérance des femmes, ces dernières usant généralement de multiples stratégies avant de se retrouver à la rue ou dans le réseau des maisons d’hébergement. En outre, sachant qu’une ressource d’hébergement comme l’Auberge Madeleine refuse en moyenne 10 femmes par soir, comment s’assurer que ces dernières soient comptabilisées, sachant qu’elles s’intègrent à la réalité de l’itinérance ? Par ailleurs, pour toutes ressources confondues, que fait-on de celles rencontrées par les bénévoles de Je compte Montréal qui ont accueilli moins de leur habituel taux d’occupation ce soir clément du 24 mars ?

À ces situations dans les ressources s’ajoutaient, cet hiver, des jeunes qui se retrouvaient à plusieurs dans des appartements aux conditions parfois douteuses et des personnes, parfois immigrantes, qui empruntaient le sofa d’un ami ou d’un membre de la famille (couchsurfing).

L’un des objectifs de l’exercice consiste à identifier les besoins en ressources pour les personnes itinérantes, ce qui peut s’avérer un exercice dangereux. En effet, on peut douter qu’un portrait aussi imparfait puisse permettre d’aligner les services et les priorités en matière d’intervention en itinérance. La Ville de Montréal s’est déjà dotée d’un Plan d’action de trois ans en septembre 2014 qui s’accompagne d’une vision globale du phénomène. « On peut se demander ce que le dénombrement peut apporter de bien nouveau en dehors des actions nécessaires qu’on retrouve déjà dans ce Plan, notamment en logement social, accès aux services, sensibilisation du public, lutte pour la citoyenneté des personnes et contre le profilage social, conclut Monsieur St-Jacques ».

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