Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Livres et revues

Dernier numéro de la revue Contretemps : Multiplier les initiatives d’appropriation sociale, ouvrir le champ des possibles

Je commence par le Cahiers de l’OMOS : Entreprise et appropriation sociale.

( Tiré du site Entre les lignes)

Michel Mas souligne quelques éléments de l’expérience collective des Amis de la Fabrique du Sud (ex-Pilpa). Scop, re-municipalisation, s’extraire des circuits traditionnels financiers…

Gigi Malabarba parle de Rimaflow, une usine récupérée à Milan, de la bataille pour obtenir une « concession d’utilisation gratuite ». Il souligne aussi la nécessité de coordonner les expériences de réappropriation sociale, entre elles et avec les réseaux pour la défense des biens communs.

Manu Blanco propose une contribution syndicale au sujet de la nationalisation. Il parle de « préemption » et des mobilisation des salarié-e-s comme « acte politique le plus démocratique ».

Sylvie Mayer et François Longerinas reviennent sur la situation du mouvement coopératif en France.

Maurice Decaillot interroge les liens entre coopératives et emploi. Il souligne la nécessité de ne pas rester enfermé dans les lois du marché, la concurrence, le pouvoir accapareur des monopoles dominants, de mettre en place « un réseau inter-coopératif d’échanges équitables des produits et prestations », une coopération réciproquement avantageuse. L’auteur n’en reste pas au niveau « local », « il faudrait chercher à combiner la démocratie de proximité clarifiée – indispensable à une gestion cohérente et ciblée des activités économiques et des projets sociaux – à la démocratie de différents niveaux, (nationaux, locaux, par domaine) requise pour assurer la participation réelle des personnes et des collectivités à la gestion des activités d’intérêt commun ». J’ajoute aussi les dimensions plus internationales, coopérations méditerranéennes, européennes, continentales ou mondiales…

Benoît Borrits réfléchit sur le droit de propriété, la valorisation des entreprises, propose, comme Bernard Friot, une cotisation patronale « investissements » assise sur les salaires bruts. Cette idée, pour mobilisatrice soit-elle, ne saurait suffire pour assurer le financement des investissements et les choix démocratiques autour de ce sujet…

Pour utiles et nécessaires qu’elles soient, les différentes expériences d’appropriation sociale d’entreprises (souvent « en difficulté ») ne règlent ni les problèmes de l’appropriation sociale comprise comme auto-gestion de l’ensemble de la production du vivre, ni la mise en place des coopérations élargies, non réductibles à un empilement partant du local vers le national et l’international. Il en de même des organes de décisions démocratiques, en adéquation avec la maitrise de l’ensemble des grands processus socio-économiques, qui impliquent de construire des alternatives à la fois décentralisées et à la fois permettant aux citoyen-ne-s producteur/productrice de débattre et choisir à tous les échelons des mises en oeuvre. Pour le dire plus brutalement, ni la démocratie ni l’autogestion ne peuvent être simplement pensées comme un empilement vertueux de « structures » du local au global. Les différents niveaux de choix et de gestion doivent être pensés ensemble, avec leurs tensions et contradictions. (voir l’article de Catherine Samary : Autogestion et pouvoir/s…, indiqué en complément possible)

Pierre Cours-Salies revient sur les analyses de Karl Marx, sur la concurrence, la lutte « de tous contre tous », l’individualisme (« proposer un individualisme qui ne serait plus lié à un ordre « possessif ». ») et propose de nous « appuyer sur un levier qui est déjà-là ». Appropriation sociale et appropriation de soi, « Pour se réaliser, cette appropriation de soi suppose, exige, que la classe dirigeante perde le droit de mettre des femmes ou des hommes au chômage. Au sens strict, pour une appropriation qui sorte des limites de « l’individualisme possessif » sous l’une de ses formes, la marchandise force de travail disparaît : chacune, chacun a droit à une place dans la société, laquelle doit évidemment débattre des conséquences d’une telle rupture historique ».

Pierre Zarka pose une question décisive : « Pourquoi ce qui paraît être une solution pour les entreprises dites en difficultés ne le serait-elle pas pour celles qui affichent des profits insolents ? ». Il parle aussi de « potentiel politique », de maîtrise collective « condition sine qua non d’une démocratie réelle », d’appropriation de soi, de possible, de travail prescrit et de travail réel, d’enchainement des événements et de révolutionner la société, de démocratie comme confrontation, comme tension…

Benoît Borrits et Chantal Delmas proposent « des pistes pour un projet alternatif », la construction d’un « commun » inaliénable, l’élaboration commune entre travailleurs/travailleuses et usager-e-s, le contrôle socialisé du secteur bancaire…

Pierre Dardot revient sur l’appropriation sociale et l’institution du commun, « aucune chose n’est commune par nature », sur les droits de propriété, sur le statut de l’indisponible, sur les pratiques collectives, sur la conflictualité…

Appropriation sociale. Mais peut-on contourner les rapports sociaux de sexe et l’ensemble des rapports de domination ? Dit autrement, qu’en est-il du genre de l’appropriation discutée ?…

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