Édition du 9 avril 2024

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Océanie

Des dirigeants autochtones de Papouasie-Nouvelle-Guinée protestent contre les abus incessants à la mine Porgera, de Barrick Gold

Pour la quatrième année de suite, des dirigeants autochtones ipili, de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), sont de passage au Canada pour protester contre les graves répercussions environnementales et violations des droits de la personne que continue d’engendrer la mine Porgera, de Barrick Gold.

« Nous sommes ici pour déclarer que les violations des droits de la personne perpétrées par les forces de sécurité de Barrick et par les troupes de la PNG, que Barrick loge et nourrit, se poursuivent malgré les rapports accablants d’Amnistie Internationale en 2010 et de Human Rights Watch cette année », dit Jethro Tulin, membre d’Akali Tange Association, un groupe populaire de défense des droits de la personne.

Une équipe de recherche de l’Université Harvard et de la New York State University, de même que Human Rights Watch, ont documenté des cas allégués de viols, de passages à tabac et de meurtres par les forces de sécurité de Barrick à la mine de la Porgera Joint Venture. Amnesty International a documenté des violations perpétrées par les troupes de la PNG qui sont logées, nourries et approvisionnées en carburant par la mine Porgera.

Il semble que Barrick ne comprenne pas encore la gravité des préoccupations qu’on soulève. « Nous avons été outrés de prendre connaissance de la déclaration du président du conseil, Peter Munk, publiée dans le Globe and Mail : il a dit qu’en Papouasie-Nouvelle-Guinée, “le viol collectif est une habitude culturelle”. Barrick doit cesser de nous blâmer nous, les messagers, ou de blâmer notre population, les victimes, et indemniser comme il se doit les personnes auxquelles s’en sont pris les gardiens de sécurité de la mine », dit M. Tulin. Le ministre des Mines de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, John Pundari, a exigé des excuses de la part de Barrick Gold.

Qui plus est, les graves répercussions environnementales et sociales engendrées par le rejet des déchets de la mine Porgera dans un réseau hydrographique de 800 kilomètres de long en PNG se font toujours sentir. En mars et avril, trois jeunes gens de villages voisins se sont noyés dans les effluents de la mine en tentant de traverser un torrent d’eaux usées. « Barrick doit cesser de déverser les déchets de la mine dans nos rivières », dit Mark Ekepa, président du Porgera Landowners Association (des propriétaires fonciers traditionnels vivant sur les concessions minières spéciales de la mine). « Cela est intenable sur le plan de l’environnement et constitue aussi une grave menace à la santé et à la sécurité de notre population », dit M. Ekepa. « Barrick doit finalement reconnaître que nous ne pouvons continuer de vivre dans les environs des mines à ciel ouvert et des décharges ; il faut nous reloger à l’écart de la mine. »

En 2008, le fonds de retraite du gouvernement de la Norvège a annoncé qu’il s’était départi de ses actions de Barrick, d’une valeur d’environ 230 millions CAD, en raison du rejet de déchets miniers dans les rivières à la mine Porgera.

« Nous soutenons que l’exploitation de la mine Porgera, de Barrick, ne respecte ni les normes internationales en matière de pratiques exemplaires ni les principes directeurs de l’OCDE sanctionnés par le Canada », dit Catherine Coumans de Mines Alerte Canada. « Malheureusement, ce non-respect n’a aucune conséquence pour Barrick : ce sont les malheureux habitants de Porgera qui en subissent les conséquences. »

Le 1er mars 2011, l’Akali Tange Association, la Porgera Landowners Association et Mines Alerte Canada ont déposé une plainte contre Barrick pour non-respect des Principes directeurs de l’OCDE, à l’intention des entreprises multinationales.

Consulter aussi :

➢ Request for Review of the Operations of Barrick Gold Corp. at the Porgera Joint Venture in Papua New Guinea. Akali Tange Association, Porgera Landowners Association, Mines Alerte Canada. Le 1er mars, 2011.

➢ Gold’s Costly Dividend : Human Rights Impacts of Papua New Guinea’s Porgera Gold Mine. Human Rights Watch. Le 1er février 2011.

➢ Legal Brief. International Human Rights Clinic of the Harvard Law School and the Center for Human Rights and Global Justice of New York University School of Law. Le 16 novembre 2009.

➢ Des droits sapés à la base : Expulsions forcées et violences policières dans le secteur de la mine d’or de Porgera, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Amnestie International. Janvier 2010.

➢ The Porgera Mine – Papua New Guinea. Council on Ethics du régime de retraite la Norvège. 2008.

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