Édition du 16 avril 2024

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Élections québécoises 2012

Élections Québec 2012 : y’a-t-il vraiment un gagnant ? Quand victoire rime avec défaite…

Le taux de participation : quand les chiffres parlent…

Avec un taux de participation se situant à 74 %, soit le plus élevé depuis plus d’une décennie, à savoir les élections de 1998 pratiquement, trois électeurs sur quatre se sont prévalus de leur droit de vote. En premier lieu, nous devons savoir qu’un fort taux de participation n’affirme pas nécessairement une contestation mais exprime incontestablement quelque chose. C’est ce que nous tenterons de démystifier en décortiquant les enjeux de la précédente campagne.

En premier lieu, cette campagne ne manquait visiblement pas d’enjeux. Il y’a d’abord, la traditionnelle question souverainiste qui est revenue à l’ordre du jour. Également, il y’avait aussi tout le débat enflammé quant aux frais de scolarité ? Hypothétiquement et techniquement, Charest a réussi un coup de maître et a réussi à faire d’une pierre, deux coups. À savoir d’une part utiliser les élections 2012 comme référendum sur la question des droits de scolarité afin de camouflerles spéculations de corruption. Peut-être que le premier enjeu a pesé d’avantage que le second. Sur la question des droits de scolarité cette dernière se divisait en deux autres interrogations à savoir, d’augmenter gelerou diminuer les frais de scolarité et également celle de la violence vue des dernières semaines par rapport d’un des slogans de campagne de Charest, la rue ou la démocratie. Il y’a bien au delà des simples enjeux et de la campagne électorale un travail de l’ombre, à savoir celuifait par chaque député dans sa circonscription. Quant à la prétendue corruption, les électeurs donnaient-ils le bénéfice du doute aux libéraux ou respectaient ils peut être la question de présomption d’innocence et voulaient peut être des preuves concrètes quant aux questions de corruption. Peut être que les résultats de la campagne auraient été différents pour les libéraux ou un autre parti, après la commission Charbonneau ? Il y’a aussi le facteur économique. Nous devons avouer que le Québec s’en est mieux sorti que l’Ontario et que plusieurs pays du monde tout en faisant miroiter un avenir économique encourageant avec le plan nord, la création de 250 000 emplois et le Colisée de Québec. Également, les gens voulaient peut être également une stabilité pour ne pas tout bouleverser avec la CAQ et ne pas retomber dans un nouveau mouvement de protestation populaire multiplié par dix avec entre autre les syndicats et d’autres acteurs interétatiques. Dans le même ordre d’idées, Les Québécois ne voulaient peut-être pas s’enliser dans ses questions constitutionnelles en référendum avec un gouvernement péquiste excessivement fort. Par contre, nous devons mentionner tout de même qu’en élisant un nouveau gouvernement puisque c’est bien ça dont il s’agit au final, un nouveau gouvernement. Les Québécois voulaient tout de même un vent de fraîcheur mais ne pas non plus tout bouleverser.

Chaque parti : quelles leçons en tirer ?

Québec Solidaire :

Québec solidaire est peut être passé d’environ 3 à 5 % avec deux députés élus mais il s’agit d’une double déception pour eux qui s’attendaient à en avoir une demi-douzaine et donc qu’ils ne peuvent même pas prétendre à la balance du pouvoir. Ce parti devra se pencher sur une question fort simple : comment tenter de percer ailleurs que dans certaines régions de Montréal ? Certaines réponses peuvent être amenéescomme par exemple de parler d’avantage des enjeux régionaux ainsi que revoir leurs moyens de financement (une campagne à vélo pour madame David face aux moyens colossaux des autres partis) ainsi que leurs moyens de communication à l’heure des nouveaux médias sociaux. De plus, la question du vote stratégique souverainiste est également évidemment à l’ordre du jour. Également, n’oublions pas que les deux porte-parole de QS jouissent d’une visibilité médiatique monstre comparativement au reste de leurs collègues. C’est ce qu’on appelle l’effet médiatique pour ne pas dire l’effet Montréal ?Finalement, QS devra revoir peut être sa stratégie puisque un nouveau parti gauche, complètement fédéraliste cette fois, du NPD Québec pourrait venir chasser sur ses terres.

Parti Québécois :

Nous devons applaudir le parti gagnant et nous incliner face à une majorité exprimée si minime soit-elle. Toutefois Le PQ devra se méfier pour revoir certains éléments stratégiques pour ne pas échapper une deuxième fois la majorité. Peut être que divulguer son budget à la dernière minute, après les débats était une tactique pour éviter des questions budgétaires mais ce fut peut-être aussi dans le même temps une erreur. Les se méfient des questions budgétaires et ils ont peut-être perdu la majorité à ce moment là.Ensuite, les péquistes devront réfléchir à deux fois avant de prendre position sur des sujets épineux et encore tabous dans notre société ou d’arborer des symboles comme le carré rouge à l’assemblée nationale. Le parti québécois a prit un pari à savoir rechercher le vote de l’électorat étudiant, la grande majorité de ce dernier étant des jeunes mais historiquement le vote des jeunes ne pèse incontestablement pas autant que celui des personnes âgées. Le parti québécois à aussi peut être perdu certains comptés à cause de la division du vote souverainiste et ce dernier pourrait se poser des questions sur des accords avec QS. Cependant, il ne faut pas négliger que même minoritaire le parti québécois, demeure le gagnant de la dernière campagne électorale.

La Coalition Avenir Québec

En premier lieu, nous devons féliciter la CAQ. Que nous soyons en accord ou non avec le les idées et les valeurs, nous devons les féliciter, rester démocrates et respecter la décision de près d’un tiers des québécois. Néanmoins, Les Caquistes doivent apprendre pour espérer faire mieux lors de la prochaine campagne. Ils devront en premier lieu consolider certains comptés. Cela passe inévitablement par un travail sur le terrain de la part de tous les députés. Ensuite, la CAQ devra faire preuve d’avantage d’humilité pour gagner la confiance des Québécois qu’on ne peut obtenir en l’espace d’une année. Finalement, ils devront revoir des problèmes de communication au sein même du parti puisque cela démontre un manque flagrant de leadership et d’expérience. Prenons l’exemple de Duchesneau mentionnant qu’il allait nommer le conseil des ministres. Nous pouvons également prendre comme exemple François Legault qui n’excluait pas de sortir le bâton si des médecins étaient amenés à quitter le Québec quand le docteur Barrette exprimait son désaccord sur la place publique. Également, il ne faut pas oublier que même avec la présence de candidats vedettes, la recherche d’électeurs se fait d’abord et avant tout sur le terrain, dans sa circonscription ce qu’à oublié assurément de faire assez monsieur Barrette. Ensuite, il faudra veiller à ne pas trop faire de promesses populistes et difficilement réalisables et ne pas trop s’attirer la foudre de certains électeurs comme la plupart des enseignants, syndicalistes , étudiants,médecins. Ça commence à faire beaucoup. Cette semi victoire est également une défaite comparativement à ce que les médias et les caquistes avaient prévu. Avoir plus de vingt député en moins d’un an est une victoire me diriez-vous , mais il ne faut pas oublier que plusieurs candidats et électeurs sont d’anciens Adéquistes , parti formé il y’a plus de dix ans par Jean Allaire et Mario Dumont.

Parti libéral du Québec : touché mais pas coulé,

Le phénomène défaite victoire, victoire défaite revient un peu comme dans le cas de la plupart des partis. Les libéraux perdent dans cette guerre, non seulement leur chef mais également une majorité. Cependant, cette défaite est beaucoup moins élevée que ce que la plupart des médias prévoyaient. Les libéraux devront d’une part tenter de soigner cette image de corruption. Ensuite, ils devront continuer le travail sur le terrain dans des régions comme Laval et continuer de contribuer à l’essor de la ville de Québec. Au final, ils devront se doter d’un nouveau chef capable de les emmener à la victoire lors de la prochaine campagne électorale.

Et maintenant : un gouvernement péquiste ! Oui mais pour combien de temps et quelle marge de manœuvre pour Pauline Marois ?

Un gouvernement minoritaire dure en moyenne 18 mois. Madame Marois se retrouve les deux mains sur le volant d’un autobus, incapable de choisir l’itinéraire. Si cette dernière souhaite gouverner, elle devra user de patience et faire des compromis pour éventuellement avancer. Par contre, n’oublions qu’elle est tout de même la première ministre du Québec. C’est non seulement, elle qui va nommer les ministres en plus de prendre d’importantes décisions. Dans un autre ordre d’idées, n’oublions pas qu’elle est aussi la première ministre québécoise de l’histoire du Québec Elle vient de d’accéder à la fonction suprême de notre grande nation même si les femmes sont présentes depuis environ 50 ans comme députées et qu’elles formaient 50% du dernier conseil des ministres de Jean Charest, première fois de l’histoire également.Elle montre un message fort toutes les jeunes filles québécoises, qu’elles peuvent aller aussi loin qu’elles le souhaitent. Madame Marois devra user de patience et gouverner en tentant de faire des compromis avec les autres partis. Par exemple, elle pourra peut-être s’entendre avec les Caquistes sur l’abolition de la taxe santé. Des élections pourraient avoir lieu pour deux raisons, une impossibilité de compromis avec les autres partis et faire passer leurs idées ou bien, une perte de confiance. Le premier se situera éventuellement sur une question constitutionnelle et l’autre sur une question importante, à savoir une question budgétaire par exemple. De plus, les libéraux ne voudront pas partir en élection immédiatement sans chef. Plusieurs rumeurs circulent autant à l’interne qu’à l’externe quant au prochain chef mais cette opération d’envergure prend incontestablement beaucoup de temps.

Au final, le véritable gagnant de cette campagne électorale serait t’elle la démocratie avec la nation québécoise qui vient de voter à 74% ?

Kamel Ben-Naoum

Intervenant social, intervenant des services à la jeunesse et étudiant à la faculté de science politique et droit de l’Université du Québec à Montréal.

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