Édition du 26 mars 2024

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En Russie, frapper femme ou enfant ne serait plus un crime

Les députés russes ont voté en première lecture un projet de loi scandaleux qui stipule que la violence familiale, y compris envers les enfants, ne serait plus un crime, mais une simple infraction passible d’une amende.

Tiré de humanite.fr

En 1917 en Russie, les révolutionnaires d’Octobre avaient conquis le droit à l’avortement, l’accès des femmes à toutes les responsabilités, à tous les métiers et instauré sanctions pour les auteurs de violences au sein de la famille. Cent ans plus tard, au nom de la « tradition familiale », jeudi 12 janvier 2017, 368 députés russes sur 370 ont voté en première lecture, un projet de loi visant à dépénaliser les violences domestiques. Décryptage.

Le contenu du projet de loi

La députée Yelena Mizulina, présidente très conservatrice du comité sur la famille et les affaires féminines, à la Douma porte haut et fort le projet de loi qui prévoit de ne plus juger les violences domestiques (commises y compris sur les enfants) comme un crime puni par le code criminel de peines pouvant aller jusqu’à deux ans de prison, mais comme une simple infraction, qui exposerait son auteur à une amende, au pire à des travaux d’intérêts généraux et à une possible légère peine de prison.

"Vous ne voulez pas que les gens soient emprisonnés pendant deux ans et considérés comme des criminels durant le reste de leur vie à cause d’une gifle ? Dans la culture de la famille traditionnelle russe, les relations parents/enfants sont construites sur l’autorité. Les lois doivent soutenir cette tradition familiale" a-t-elle argumenté la veille du vote à la Douma (chambre basse du parlement russe), selon des propos rapportés par le journal The Moscow Times.

Les conservateurs trouvent à justifier l’injustifiable  

Les violences conjugales en Russie ont fait l’objet d’une étude chiffrée en 2015 qui révèle que près de 36 000 femmes subissent quotidiennement la brutalité de leurs compagnons de vie, tandis que 26 000 enfants sont agressés par leurs parents tous les jours. Au pays de Vladimir Poutine, 40% des crimes graves seraient commis au sein de la sphère familiale. Une « tradition familiale » que les conservateurs veulent protéger pour préserver « l’autorité » patriarcale.

Yelena Mizulina, qui œuvre main dans la main avec l’Eglise Orthodoxe qui opère un grand retour en force, n’en est pas à sa première sortie rétrograde. Elle est déjà à l’origine d’une loi interdisant l’adoption d’enfants russes par des étrangers et de plusieurs autres qui entendent lutter contre "la propagande homosexuelle". La députée très conservatrice fomente par ailleurs un projet de loi visant à ne plus rembourser l’interruption volontaire de grossesse qu’en cas de viol ou "pour raisons médicales". 

Les députés ont voté le texte à la quasi-unanimité. Et après ?

Il ne s’est trouvé qu’un seul parlementaire sur 370 à la Douma pour oser voter contre ce projet. Le texte est désormais entre les mains des Parlementaires de la Chambre Haute qui peut choisir de l’approuver à son tour, ou de le rejeter. Le dernier mot peut revenir au Président Poutine, dont il est désormais visible qu’il inspire les courants de droite dure et extrémistes d’Europe.

Un choc qui s’ajoute à celui de juillet 2016

En juillet 2016, Vladimir Poutine n’avait pas manqué de s’attirer les foudres de la communauté internationale en dépénalisant totalement les violences domestiques lorsqu’aucune lésion corporelle n’était constatée. Mais l’indignation générale est vite retombée et n’a pas incité Moscou à renoncer. C’est même à grands coups d’accélérateur que se poursuit le retour en arrière. Alors que les violences faites aux femmes coûtent la vie à 12 000 d’entre elles chaque année, soit le décès d’une femme constaté toutes les 40 minutes. Malgré l’envergure du problème, 97% des dossiers relatifs à la violence familiale n’arrivent jamais au bout d’une procédure de justice.

Laurence Mauriaucourt

Journaliste pour le site humanite.fr (France)

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