Édition du 26 mars 2024

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Canada

En dépit de la catastrophe de Fukushima, Stephen Harper persiste à vouloir protéger l’industrie nucléaire

Le gouvernement de Stephen Harper a déposé un projet de loi visant à dispenser l’industrie nucléaire de ses responsabilités en cas d’accident. Ce projet de loi fait courir un risque inacceptable à la population canadienne et doit être abandonné. Il est temps de tirer des leçons de la catastrophe de Fukushima.

Bien qu’il n’en soit presque plus question dans les médias canadiens, les effets de cette catastrophe se feront sentir pour encore très longtemps. Les événements du 11 mars 2011 n’en étaient que le commencement.

Trois ans après cette date fatidique, plus de 100 000 personnes ne sont toujours pas autorisées à rentrer chez elles. La région de Fukushima est durablement contaminée par les radiations et ses habitants sont devenus des réfugiés dans leur propre pays. Certains d’entre eux vivent dans des logements temporaires fournis par le gouvernement, tandis que d’autres sont hébergés chez des amis ou des membres de leur famille.

Ces gens ont quasiment tout perdu : leur travail, leur maison et leur communauté. Leur avenir demeure incertain. Pour couronner le tout, les compagnies fautives ne leur ont versé aucune compensation.

La catastrophe de Fukushima est attribuable à la négligence d’un certain nombre de grandes entreprises. Ces entreprises connaissaient le risque posé par les tsunamis mais n’ont rien fait pour s’y préparer. Elles ne peuvent plaider l’ignorance, puisqu’elles ont eu accès à des études démontrant la vulnérabilité de la centrale. Elles étaient également au courant des vices de conception et de construction de ses réacteurs, mais elles n’ont rien fait pour les corriger. Les fuites radioactives n’en ont été que plus graves.

Si un tel accident avait touché une autre industrie, les compagnies qui l’auraient causé auraient dû faire face à la justice. Mais puisque le Japon a adopté une loi les dégageant de toute responsabilité, elles ont pu s’en laver les mains et continuer d’engranger des milliards de dollars en profits annuels.
Nous devons tirer les leçons qui s’imposent : il est à la fois dangereux et injuste de dispenser l’industrie nucléaire de ses responsabilités.

Ce geste est dangereux puisqu’il encourage les entreprises à prendre des risques inacceptables pour la population. Il est injuste puisque les coûts de décontamination doivent être assumés par les victimes de l’accident et l’ensemble des contribuables.

Hélas, le premier ministre Stephen Harper a choisi d’ignorer le drame vécu par les victimes de Fukushima. Son gouvernement a en effet déposé le Projet de loi C-22, qui vise à protéger les entreprises du secteur nucléaire même lorsque leur négligence a des effets néfastes sur la population. 

S’il est adopté, le Projet de loi C-22 mettra en danger la vie et le gagne-pain des Canadiens, et obligera les contribuables à assumer les coûts de décontamination en cas d’accident.

Malgré le fait que le Québec a fermé son unique réacteur nucléaire en 2012, il y a toujours des centrales vieillissantes en Ontario et au Nouveau Brunswick

Nous ignorons les leçons de Fukushima à nos risques et périls.

Pendant que Stephen Harper essaie de faire adopter discrètement son projet de loi, les victimes de Fukushima s’adressent aux tribunaux pour lever l’immunité des entreprises du secteur nucléaire. Leurs souffrances et leurs difficultés à obtenir justice illustrent ce qui attend les citoyens canadiens en cas de catastrophe. Stephen Harper devra tenir compte de cet avertissement.

Exigez que le premier ministre Stephen Harper protège les Canadiens plutôt que l’industrie nucléaire (http://www.greenpeace.org/canada/nucleairedoitpayer/).

Shawn-Patrick Stensil

Blogueur de Greenpeace Canada

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