Édition du 16 avril 2024

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Enquête sur les femmes autochtones disparues et assassinées : réactions de Viviane Michel

Plus de six mois se sont écoulés depuis la victoire du gouvernement libéral, mais le soulagement se fait encore sentir dans la voix de la présidente de la Fédération des femmes autochtones du Québec (FAQ), Viviane Michel.

Tiré du site du Journal des alternatives.

« Dès le lendemain de son élection Justin Trudeau a annoncé la tenue d’une enquête nationale sur les femmes et les filles disparues et assassinées. Ça fait 30 ans que les premières nations la réclamaient. C’est sur que ça nous a fait un choc quand on a entendu la nouvelle. Wow ! On a l’habitude de lutter, revendiquer et toujours réaffirmer nos besoins, alors c’est sur qu’en ce moment on est un peu sur un nuage rose », confie-t-elle.

Si l’optimisme de Viviane Michel semble partagé par plusieurs membres des premières nations, il serait prémédité de crier victoire. Zoom sur cette enquête qui pourrait bien être une étape charnière du processus de réconciliation entre les peuples autochtones du Québec et l’ensemble des Québécois.

Une démarche novatrice

Après 30 ans d’attente, Viviane Michel admet que tout va très maintenant très vite. Une enquête sur deux ans a été annoncée, délai que la présidente de FAQ estime raisonnable, et des discussions avec la Ministre des Affaires autochtones et du Nord, Carolyn Bennett déjà eu lieu.

« Elle est extrêmement accessible, c’est rare chez les gens aussi haut placés. Elle a pris le temps de venir discuter avec les gens, d’aller vers les familles des victimes et de les écouter », explique Viviane Michel visiblement impressionnée par cette attitude. FAQ milite pour un processus d’enquête dans lequel les familles seraient inclues, il est donc encourageant de constater que le nouveau gouvernement souhaite aussi suivre cette voie.

Qui pilotera cette enquête ?

Si la durée de l’enquête semble déterminée, plusieurs paramètres restent encore à définir. Point encourageant : les libéraux ont souhaité consulter les communautés touchées pour déterminer ces paramètres. L’annonce des commissaires qui examineront les résultats de cette enquête est attendue avant l’été.

Évidemment Viviane Michel et son équipe souhaiterait la nomination de représentants des communautés autochtones, plus particulièrement des femmes avec une expertise juridique parmi les commissaires. « On souhaite aussi que l’on continue à impliquer les familles de même que les organisations représentatives », explique-t-elle. La question de la sécurité et du soutien psychologique qui seront offerts aux familles témoignant est également essentiel. « Toute cette enquête...ça va brasser des choses, les gens auront besoin de support avant, pendant et après ».

Une enquête déterminante pour les relations inter-nations

Cette enquête, en plus de jeter une lumière sur le sort des victimes, risque de révéler des réalités que le Canada n’a pas voulu voir pendant trop longtemps. « Ca va exposer au grand jour toute la violence dont les femmes sont les premières victimes. On va pouvoir se demander d’où vient cette violence et admettre qu’il s’agit de l’héritage de la colonisation », espère Viviane Michel. Et le plus important : toutes les parties visées souhaitent ressortir de cette démarche avec un véritable plan d’action, qui sera mis en place et non remisé sur une tablette. À partir de là, il sera possible de travailler à rétablir une collaboration avec les autorités judiciaires canadiennes, regagner la confiance brisée avec elles et rebâtir une relation de respect et d’ouverture entre les autochtones et non-autochtones.

Soraya Elbekkali

Auteure pour le Journal des alternatives (Québec).

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