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Santé

Établissements de santé de Gaspé, Rocher-Percé et Baie-des-Chaleurs - La surcharge de travail empoisonne le climat de travail selon le SIIIEQ-CSQ

GASPÉ, QC, le 17 juin 2014 - « Les nombreuses compressions imposées au cours des dernières années ont placé le personnel des Centres de santé et de services sociaux de Gaspé, de Rocher-Percé et de Baie-des-Chaleurs dans une situation de surcharge de travail qui a de sérieuses conséquences sur le climat de travail. Les travailleuses et travailleurs sont frustrés et stressés parce qu’ils manquent continuellement de temps pour remplir leurs tâches. »

La présidente du Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l’Est du Québec (SIIIEQ-CSQ), Micheline Barriault, a rendu public aujourd’hui, en conférence de presse à Gaspé, ce portrait de l’état d’esprit de ses membres, à la suite d’une enquête menée au cours des dernières semaines.

Accompagnée de la présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ), Claire Montour, Micheline Barriault a dévoilé les principales conclusions d’un questionnaire qui a été complété par plusieurs membres.

« Partout, le constat est le même : les compressions ont fait mal. Les travailleuses et travailleurs sont fatigués, tant par la surcharge de travail qu’ils doivent assumer durant leurs heures régulières qu’en temps supplémentaire, souvent obligatoire », explique Micheline Barriault.

Une tangente renversée

La présidente du SIIIEQ-CSQ reconnaît toutefois que pour la première fois depuis dix ans, la tangente est renversée : il y a maintenant plus d’embauches que de départs à la retraite. On parle d’une centaine d’embauches cette année seulement.

« C’est enfin un pas dans la bonne direction effectué grâce aux efforts faits par le SIIIEQ-CSQ, en collaboration avec l’employeur, pour favoriser la formation en région. Actuellement, la formation infirmière est offerte à Carleton, Chandler, Gaspé et Matane, alors que la formation pour l’obtention d’un diplôme universitaire est accessible à Paspebiac, Gaspé et Matane. En rapprochant la formation des communautés, on renforce de façon significative la rétention de la relève. Mais la bataille est encore loin d’être gagnée », prévient Micheline Barriault.

Un effort supplémentaire pour garder les jeunes

En effet, la leader syndicale ajoute que c’est bien beau de former les jeunes en région, mais si l’on veut qu’ils choisissent de travailler ici, une fois leur diplôme en poche, il faudra faire beaucoup plus.

« Notre enquête démontre que les conditions de travail actuelles sont très difficiles et il est évident que si l’on ne fait rien pour améliorer les choses, alors on ne réussira pas à retenir la relève. Nos membres se disent collectivement démoralisés, désillusionnés, démotivés et se sentent dévalorisés. Ce n’est certainement pas une ambiance de travail qui favorise la rétention », commente Micheline Barriault.

La qualité des soins affectée

Cette dernière ajoute qu’il est faux de laisser croire que ces compressions budgétaires successives n’ont pas de conséquences sur la qualité des soins aux patients.

« Chaque travailleuse ou travailleur doit s’occuper d’un plus grand nombre de patients. Les besoins augmentent alors qu’il y a moins de personnel. Face à cette situation, on va à l’essentiel et on recourt beaucoup plus à la médication. Les médicaments compensent le fait qu’on n’a pas suffisamment de temps pour bien prendre soin des malades. Les patients le sentent et leur niveau d’inquiétude augmente en conséquence », analyse Micheline Barriault.

Disparité régionale

La présidente du SIIIEQ-CSQ renchérit en soulignant la grandeur du territoire dont il faut bien tenir compte et qui ajoute aux difficultés.

« Les distances à parcourir, le temps de déplacement sont des obstacles supplémentaires au fait que les cas sont plus complexes, que nous manquons de spécialistes, et que le matériel est désuet. On a beau essayer de nous faire croire que le patient est au cœur des soins, il y a longtemps qu’on a compris que ce n’est pas vrai. La priorité, ce n’est pas le patient mais le budget », conclut Micheline Barriault.

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