Édition du 12 mars 2024

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Fahrenheit 11/9 : le film édifiant de Michael Moore sur l'Amérique de Trump

Sortie DVD le 18 décembre

Le réalisateur américain Michael Moore revient avec un film qui expose la décadence de la démocratie américaine à l’origine de l’élection du président Donald Trump. Un nouveau documentaire choc, angoissant, sur les dérives de la société états-unienne mais qui montre aussi les germes d’un espoir de changement.

Tiré de Saphir News.

Les élections de mi-mandat organisées mardi 6 novembre ont largement été commentés pour leurs résultats inédits. Des femmes, des jeunes, des personnes issues des minorités et des musulmans ont rejoint le Congrès américain pour la première fois. La très jeune Alexandria Ocasio-Cortez ou encore Ilhan Omar font partie des figures de proue de ce mouvement de renouveau.

Ces évolutions, Michael Moore les avait anticipées et il en parle dans son nouveau documentaire, Fahrenheit 11/9, disponible en France depuis le 31 octobre en VOD. Le réalisateur s’illustre depuis une trentaine d’années par ses analyses pertinentes de la société américaine. Dans Bowling for Columbine (2002), il interrogeait la culture des armes à feu, puis le système de santé américain dans Sicko (2007). Le titre de son dernier film est une référence explicite au long métrage Fahrenheit 9/11, palme d’or à Cannes en 2004, qui portait sur la tragédie du 11-Septembre, les manipulations qui ont permis l’élection de Georges W. Bush en 2000 ainsi que les dessous de l’invasion d’Irak en 2003.

Comment Trump a été élu : du canular à la tragédie

Les premières minutes de Fahrenheit 11/9 sont délicieuses à regarder. Avec une qualité de narration somptueuse, Michael Moore nous raconte comment un simple canular simulant la candidature de Donald Trump s’est transformée en une tragédie grâce au cirque médiatique et à l’inconséquence de la classe politique américaine. « Jamais une équipe de partisans n’avait semblée si triste de remporter les élections présidentielles », dit le réalisateur, commentant les images du camp Trump.

Le film revient sur la campagne désastreuse d’Hillary Clinton, absente lors de nombreux meeting, préférant y envoyer des personnalités plus populaires qu’elle. On découvre des témoignages de militants désabusés par des tricheries manifestes qui ont facilité l’éviction du socialiste Bernie Sanders. Pour Michael Moore, c’est simple : la société américaine est majoritairement de gauche et est prête à élire des socialistes mais le découpage électoral hérité de la fin de la guerre de Sécession au XIXe siècle musèle les aspirations démocratiques du peuple et décourage largement les électeurs. Le réalisateur n’épargne pas non plus la presse, qui a très largement promu le candidat Trump qui lui rapportait du buzz et de l’argent.

Des scandales et une société civile mobilisée

Michael Moore nous offre des focus sur deux évènements marquants mais dont l’écho n’a pas véritablement traversé l’Atlantique. En premier lieu, le scandale sanitaire de la ville de Flint, dans le Michigan. Depuis plusieurs années, les habitants doivent faire avec une eau polluée. Résultat : des éructions cutanées, des cheveux qui tombent, des enfants qui ont ingéré du plomb bien au-delà du seuil de tolérance. En Virginie-Occidentale, les autorités voulaient faire porter des bracelets aux enseignants afin de contrôler leur hygiène de vie et éventuellement les priver de mutuelle.

Les mobilisations face à ces scandales montrent comment la société civile est contrainte de se passer des institutions classiques, syndicats compris, pour faire émerger de nouveaux mouvements et obtenir gain de cause. Fahrenheit 11/9 fait aussi la part belle à une série de candidats démocrates, parmi lesquels Rashida Tlaib ou Alexandra Ocasio-Cortez. Le réalisateur les présente comme la relève et les considère comme non soumis à des lobbies qui orientent le Parti démocrate vers le centre. Le portrait qu’il en fait est très enthousiasmant et volontairement angélique.

Quelques excès

L’engagement et l’investissement de l’auteur font la force de son film. Fahrenheit 11/9 est jouissif, mais les outrances répétées peuvent laisser perplexes. Le personnage de Donald Trump déjà ne méritait peut-être pas les minutes de caricatures supplémentaires qui lui sont affublées.

La démonstration du parallèle entre l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler et celle du milliardaire excentrique était probablement dispensable bien que certaines comparaisons soient effectivement troublantes.

En juillet 2016, dans un article publié sur le Huffington Post, Michael Moore expliquait, de façon visionnaire, les « cinq raisons pour lesquelles Trump va gagner ». Une fois, pas deux ? Ce sera selon si une majorité d’Américains savent ou non tirer les leçons des années Trump.

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