Édition du 16 avril 2024

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États-Unis

Faire du premier mai un jour de solidarité

On peut surement déclarer que Donald Trump a réveillé les États-Unis protestataires. On proteste encore et encore. La Marche des femmes qui a eut lieu le lendemain de l’assermentation (du Président Trump) a été la plus importante manifestation d’un jour dans l’histoire américaine.

Nicole Colson, socialistworker.org, 28 mars 2017,
Traduction, Alexandra Cyr,

Des milliers de personnes ont participé à une nouvelle forme de protestation, l’occupation des aéroports en réponse à l’interdiction faite aux musulmans-es d’entrer sur le territoire américain. Deux journées de mobilisation en faveur de la justice environnementale auront lieu en avril.

En ce moment, l’administration Trump déploie toute sa puissance pour procéder aux expulsions dont les raids policiers partout dans le pays. Les militants-es en faveur des droits des immigrants-es et leurs organisations se joignent au mouvement ouvrier et à d’autres forces pour faire du premier mai de cette année un véritable spectacle de solidarité et de lutte contre le programme Trump.
L’urgence de cet objectif est claire maintenant que la Maison blanche à fait passer la machine à expulser à la vitesse supérieure. Partout dans le pays, la police des frontières, (ICE) arrête des immigrants-es sous le moindre prétexte sans égard à la longueur de temps passée aux États-Unis, de leurs dépendants-es ou de leurs liens dans leurs communautés.

Lundi, ces agents ont fait une descente à mains armées dans un foyer de Chicago. Ils ont tiré sur un homme en disant qu’il avait pointé une arme sur eux. Tous les habitants-es de cette maison ont des papiers en règle et les membres de la famille soutiennent que le père qui a été blessé n’était pas armé, qu’il ne possède même pas d’arme.

ICE cible précisément les militants-es en faveur des droits des immigrants-es et les villes refuges. Elle cherche à installer la terreur sur la totalité de la communauté et envoie ainsi un message à ceux et celles qui voudraient protester contre ces descentes : Cachez-vous car autrement…..

La colère et la détermination pour riposter sont en place. C’est ce qui rend intéressants les appels à manifester et protester le premier mai.

Des groupes d’immigrants-es, sous l’impulsion de Movimiento Cosecha, organisent Un Día Sin Inmigrantes/A Day Without Immigrants le premier mai prochain. Ils déclarent : « Nous n’irons pas travailler, nous n’irons pas à l’école et nous n’achèteront rien. Nous allons démontrer avec clarté que ce pays ne peut pas fonctionner sans les immigrants-es. Ce n’est que le début de notre lutte pour la protection permanente, la dignité et le respect ».

Cet appel à « une journée sans immigrants-es » rappelle les marches importantes qui ont eut lieu en 2006 en faveur des droits des immigrants-es qui avaient utilisé le même slogan. Maintenant que les Républicains-es ont le contrôle de la Chambre, du Sénat et de la Maison blanche les opposants à la politique du bouc émissaire et de la peur se mobilisent pour riposter à la vague de répression qui frappe les communautés.

En 2006, plus d’un million de personnes ont participé aux marches à Chicago, New-York, Los Angeles et dans bien d’autres villes dans une des grèves les plus importantes de l’histoire américaine. Ce soulèvement à réussi à battre une loi anti immigration qui allait criminaliser tous les sans papiers et ceux et celles qui leur venaient en aide de quelque manière que ce soit.

Comme pour la Marche des femmes après l’assermentation du Président Trump, les organisateurs-trices du prochain premier mai voient cette journée comme une occasion de rassembler diverses luttes et de développer la solidarité entre les mouvements.
Le choix du premier mai, fête des travailleurs-euses dans plusieurs pays dans le monde mais pas aux États-Unis d’où elle est originaire, est, comme en 2006, la reconnaissance du pouvoir social du monde du travail et du travail des immigrants-es en particulier.

Il est réconfortant de voir que les syndicats se préparent à passer à l’action.
Le mois dernier, à Los Angeles, les membres du Service Employees International Union-United Service Workers West, ont voté à l’unanimité pour une journée de grève le premier mai. Labor Notes rapporte que 600 concierges se sont présentés-es dans la salle de réunion pour ce vote. C’est un nombre de présences bien plus important que lors des réunions régulières des membres. (…)

Tomas Mejia, un serveur, a déclaré à Labor Notes : « Le Président attaque notre communauté. Les immigrants-es ont travaillé à former ce pays. Nous avons contribué à sa beauté mais le Président nous attaque comme si nous étions des criminels-les ».

Sarah Lazare d’Alternet à recueilli les propos de M. Ricardo Flores. C’est un travailleur du secteur alimentaire, membre de Brandworkers qui fait parti de la Food Chain Workers Alliance un réseau de plus de 300,000 travailleurs-euses dans les fermes, de serveurs-euses et de travailleurs-euses du secteur alimentaire qui ont aussi choisi de se mobiliser pour le premier mai. Il lui a expliqué : « Mes collègues et moi avons fait un choix : soit nous attendions de voir Trump démanteler nos vies et nos familles ou nous tenir debout, unis-es et nous battre. Nous avons choisi la lutte et nous irons jusqu’au bout. Il vaut mieux miser sur une chance de justice que de vivre avec la garantie de la misère ».

David Huerta, président de United Service West à déclaré à BuzzFeed News : « Nous sommes conscients-es que faire la grève comporte des risques. Mais nous sommes prêts-es à les prendre pour pouvoir avancer en ces temps où les plus marginalisés-es sont dans la mire de cette administration ».

Les membres de la Seattle Education Association envisagent aussi de se mettre en grève le premier mai. Le 13 mars l’assemblée de ses représentants-es a décidé de tenir des votes dans chacun des établissements à ce sujet. Si presque la totalité des 5,000 membres de ce syndicat font la grève, ce sera un important message dans tous le pays envers les immigrants-es quant au nombre de personnes qui les soutiennent. Ce serait aussi une démonstration de défi face à l’administration Trump qui attaque les droits des travailleurs-euses partout dans le pays particulièrement en éducation.

La United Teachers Los Angeles a demandé aux directions d’école de les fermer toutes le premier. Comme le dit Alex Caputo-Pearl, président de ce syndicat, c’est : « reconnaitre que les écoliers-ères demeureront dans leurs familles, dans leurs communautés et, nous l’espérons, participeront (aux activités) ». À Los Angeles, les activités du premier sont organisées par une coalition, May Day Coalition.
Le syndicat des enseignants-es de Chicago, discute aussi de possibilités d’actions dont la grève, pour démontrer sa solidarité avec les victimes des descentes de police et pour attirer l’attention sur la crise à laquelle fait face l’école publique.
En mars, le syndicat House of Delegates a entamé un mois de discussions avant un vote de grève prévu pour le 5 avril. On se demande si le CTU (Chicago Teachers Union) peut approuver ce genre de grève dans le contexte légal de l’État. Mais, comme l’a déclaré la présidente Karen Lewis aux journalistes, à cause des coupes dans les budgets des écoles et les mises à pied qui vont venir, les actions de protestation sont inévitables : « Si la direction (du district scolaire) va de l’avant avec son intention d’annuler trois semaines de classe (ce qui représente une énorme baisse de salaire pour les enseignants-es, ce sera compris comme une violation flagrante de notre contrat de travail. Cela pourrait déclencher une grève ».
Qu’il y ait ou non une grève de la part du CTU ou si ses membres choisissent un autre moyen de passer à l’action le premier mai, la solidarité avec les immigrants-es sera en évidence dans un syndicat qui a toujours mis la justice sociale au centre de son organisation.

En plus du mouvement ouvrier, les militants-es sur les campus commencent à s’organiser dans l’espoir de se regrouper autour des enjeux du premier mai et de se joindre aux luttes plus importantes en faveur des droits des immigrants-es.
Les droits des étudiants-es sans papiers sont évidemment la première préoccupation. Les efforts locaux d’organisation se centrent sur le développement d’un réseau capable de répondre dans l’urgence mais aussi mettent de la pression pour que les administrateurs-trices des universités et collèges accordent le statut de refuge à leurs campus et en refusent l’accès à la police des frontières (ICE).
Le mouvement Black Lives pourrait aussi s’associer à une série d’événements d’éducation politique et de mobilisation à partir du 4 avril, date du 50ième anniversaire du discours de Martin Luther King, « Beyond Vietnam » et jusqu’au premier mai. Cela lie les enjeux économiques et de justice raciale.
Selon Mic.com, en mars, « plus de 50 partenaires représentant les Noirs-es, les Latinos, les Indigènes, les membres de la communauté LGBT, les réfugiés-es, les immigrants-es, les travailleurs-euses et les pauvres vont collaborer du 4 avril au premier mai, la journée internationale des travailleurs-euses alors qu’une très importante protestation sera lancée dans le pays ».

Mme Navina Khanna, directrice de Health, Environnement, Agriculture and Labor Food Alliance nous a déclaré : « Les résultats de l’élection représentent quelque chose, mais la majorité d’entre nous sommes attaqués-es, c’est la réalité. Ce moment est celui où nous pouvons sauter dans l’action ensemble. Il s’agit d’apprendre à voir nos enjeux comme ceux de tous et toutes et nos luttes comme une seule ».

Maurice Mitchell, un organisateur du Movement for Blacks Lives, a expliqué à Alternet : « Nous évaluons qu’en ce moment, plus qu’en tout autre, il devient critique que les mouvements des différentes communautés trouvent des moyens pour collaborer. Nous croyons que le premier mai offre une occasion particulière aux gens de différents secteurs et de différentes communautés de faire cause commune ».
Les enjeux qu’impliquent l’opposition au fanatisme et au programme contre les travailleurs-euses de D. Trump, n’ont jamais été aussi élevés. Le premier mai s’annonce un jour important dans cette lutte mais il revient aux militants-es de commencer à construire (le mouvement) dans nos lieux de travail, nos communautés et sur nos campus. Pour que ce soit un succès, et que nous envoyons un message clair que nous nous rappelons le vieux slogan du monde ouvrier : « Une blessure à l’un de nous est une blessure à nous tous ».

Comme l’a dit Maria Elena Hernadez de la Coalition for Humane Immigrant Rights de Los Angeles lors d’une conférence de presse : « Il faut nous battre. Et s’ils ne veulent pas de nous dans ce pays, nous allons nous battre, pas nous mettre à genoux ». Mme Hernandez est elle-même une sans papiers qui prévoit manifester le premier mai avec sa famille.

Nicole Colson

SocialistWorker.org

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