Édition du 26 mars 2024

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Travail

Fête du Travail : a-t-on de quoi fêter ?

À l’occasion de la fête du Travail, il est bon de se rappeler qu’il s’agit d’un jour férié et chômé marquant traditionnellement la rentrée scolaire et artistique après les vacances d’été. Elle n’a pratiquement plus de signification politique particulière.

De son côté, la fête des Travailleuses et des Travailleurs a lieu le 1er mai, un jour qui n’est pas férié, mais qui est très largement célébré par les syndicats ainsi que les partis, groupes et organisations progressistes. Elle est vue comme la célébration de ceux qui, par leur prestation, procurent les biens et services dont nous avons besoin. Il est paradoxal de constater que le reste de la planète célèbre plus les travailleuses et les travailleurs, tandis que nous, en Amérique du Nord, fêtons le travail sans même y penser !

Si la fête des Travailleuses et des Travailleurs est plus significative que la fête du Travail, cela dénote un malaise qui met en lumière que le second s’accorde mal aux premiers. L’absentéisme, la précarité, la surcharge de travail et des conditions salariales qui évoluent peu et mal sont au nombre des explications qui illustrent ce malaise.

Quand Revenu Québec embauche un conseiller en prévention de l’absentéisme pour s’assurer qu’un maximum d’employés soit au travail pour s’occuper de vos impôts, il y a un hic. Et quand Revenu Québec justifie le geste en affirmant que cela fait partie des principes de saine gestion pour mettre en place des mesures visant à promouvoir un environnement de travail stimulant et favoriser de saines habitudes de vie afin de diminuer le taux d’absentéisme, il y a là un double hic !

Par ailleurs, jamais l’organisation du travail n’a suscité autant de préoccupations. Les réformes se succèdent à un rythme effréné, combinées aux compressions budgétaires et aux travaux d’optimisation incessants. Causant d’importantes pertes de productivité, ces actions improvisées entraînent des tensions importantes et beaucoup d’instabilité dans plusieurs milieux de travail.

Malgré ces constats, la lumière ne semble pas briller au bout du tunnel. Par exemple, le gouvernement semble tout juste prêt à une certaine ouverture pour un débat sur la question du salaire minimum à 15 $ l’heure. Alors que l’Ontario et l’État de New York – nos deux principaux partenaires commerciaux – ont récemment agi en ce sens, le Québec semble faire la sourde oreille, lui qui est pourtant reconnu comme plus progressiste.

Quoi qu’en disent ou pensent les soi-disant « lucides » autoproclamés de ce monde, l’atteinte des cibles de performance qui visent à engraisser les actionnaires au détriment des salariés est un véritable cancer qui gangrène le marché du travail. Cela nuit à l’économie en restreignant le pouvoir d’achat des moins nantis.

Si nos élus souhaitent réellement des travailleuses et des travailleurs productifs, motivés et heureux, qu’ils offrent des conditions de travail et de formation décentes ! Ainsi, les problèmes de motivation, de rétention et d’absentéisme que constatent les chercheurs, étude après étude, pourront être attaqués de front. C’est tout le Québec qui en profitera, sauf évidemment le 1 % qui accapare une part disproportionnée de nos richesses.

D’ici à ce jour tant attendu, c’est aux autres 99 % que je souhaite tout de même une… bonne fête du Travail !

Richard Perron

Président

Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec

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