Édition du 16 avril 2024

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Canada

Harper, Poutine, le GIEC, les oléoducs et les élections

Alors même que le nouveau rapport du GIEC confirme que le dérèglement climatique va bientôt atteindre le point de non-retour [1], le Canada fonce allègrement sur la voie qui amène l’ensemble de la planète directement dans le mur !

En effet, le premier ministre fédéral Stephen Harper s’est rendu récemment jusqu’en Ukraine pour défier Vladimir Poutine et donner des leçons de géopolitique aux Européens. Pourquoi ? Que cherche-t-il ? L’appui de l’importante communauté ukrainienne du Canada aux prochaines élections fédérales, sans aucun doute. Mais surtout, me semble-t-il, des débouchés pour le pétrole des sables bitumineux.

John Baird et James Moore [2] ont le mérite d’être plus clairs : le Canada est prêt à voler au secours de ces pauvres Européens victimes de la nouvelle guerre froide – qu’on travaille activement à ressusciter – en les aidant à réduire leur dépendance énergétique à l’égard de la Russie grâce à ses hydrocarbures qu’il ne sait plus où écouler.

Car c’est clair : les stocks albertains de pétrole augmentent, faute de débouchés. La Colombie-Britannique a rejeté le projet Northern Gateway [3]. Le gouvernement des États-Unis tergiverse dans le dossier du pipeline Keystone XL [4]. Mais les pétrolières, avec l’appui du gouvernement conservateur, veulent doubler sinon tripler la production de pétrole des sables bitumineux.

Il reste une voie : celle de l’est, c’est-à dire le projet Énergie Est de TransCanada, qui ferait notamment le bonheur de la compagnie Irving, au Nouveau-Brunswick [5]. Et il suffit pour cela de construire entre l’Ontario et le Nouveau-Brunswick une nouvelle portion de l’oléoduc en passant par le Québec [6].

Mais le Québec en veut-il ? En a-t-il besoin ? Veut-il jouer le jeu du gouvernement fédéral et cautionner la croissance de cette monstruosité environnementale et financière qu’est l’exploitation des sables bitumineux ?

Pour moi, la réponse est claire : c’est non. Le pétrole de l’Alberta est celui qui a la signature environnementale la pire au monde. Il faut freiner son développement, au lieu de l’encourager. Il faut réduire notre dépendance aux hydrocarbures. Autrefois leader dans la défense de l’environnement, le Canada doit retrouver la fierté de défendre l’avenir de notre planète. Privilégié sur le plan des ressources, le Québec pourrait donner l’exemple au reste du monde en disant NON.

C’est ce que je demande à tous les candidats à cette élection provinciale : élevons le débat. Osons nous opposer à la construction de l’oléoduc Énergie Est. Ayons le courage de nos convictions et ne craignons pas d’aller à contre-courant dans le domaine de l’énergie. Demain, il sera trop tard.

Denise Campillo

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