Édition du 26 mars 2024

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Arts culture et société

Higelin, l’esprit de 68 – Son engagement et sa musique

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la mort de Jacques Higelin. Un camarade dans le combat pour une autre société. Nous avons milité ensemble pendant des années, depuis Mai 1968 jusqu’à ces dernières années où, même s’il s’était éloigné de l’extrême gauche, il était de tous les combats pour les sans-papiers et pour le droit au logement.

Tiré de Europe solidaire sans frontière.

Higelin l a commencé à prendre contact avec l’extrême gauche en 68, dans la cour de la Sorbonne où il jouait du piano.

Il a commencé à militer régulièrement aux côtés de la Ligue communiste au moment de la fête de la Commune.

Peu de temps avant, il avait participé à l’organisation d’une manifestation pour soutenir les luttes internationales, en particulier en Amérique latine et au Vietnam. On avait écrit ensemble le texte du chœur parlé « De Den Hong hà Quang tri, des plaines aux hauts plateaux, vive le peuple en armes ! »

Il était venu organiser cet événement à la Sorbonne, avec les membres de notre service d’ordre, et avait emmené, avec Jérome Savary, un orchestre de saltimbanques, de timbales, etc.

Lors de l’anniversaire de la Commune en 1971, une grande manifestation avait eu lieu et, le soir, lors de la fête, Higelin avait chanté l’Internationale en version reggae. Les camarades de LO et un certains nombre de camarades de la Ligue, choqués, hurlaient et se sont mis à chanter la version classique !

Higelin a participé à la campagne électorale LCR-LO à Bordeaux en 1971, où se présentaient Jean-Jacques Servan-Schreiber et Jacques Chaban-Delmas. Ensemble, on dénonçait la farce électorale. On passait dans les rues, déguisés en JJSS et JCD, et lui faisait le bateleur : « Mesdames et Messieurs je vous présente deux candidats qui ont plein de choses à vous proposer. Du bénef de l’argent, ce que vous voulez ! »… mais avec des nez rouges. Rue Sainte-Catherine, on se retrouve nez-à-nez avec des fachos… et le nez rouge nous a sauvés. Parce qu’ils n’ont pas osé agresser des clowns dans la rue devant les commerçants.

Jacques Higelin avait chanté à la fête de Rouge à Pantin en 1975 et, auparavant en 1971, il avait participé à un camp organisé en Corse avec notre association « le droit à la paresse ». On faisait des concerts, des débats politiques. Il avait organisé une animation sur scène racontant l’histoire de la IVe Internationale et de la Ligue communiste en chansons. Sur des chansons de Johnny, etc.

Il a été très présent dans les mobilisations pour les sans-papiers et pour le droit au logement, même s’il s’était éloigné de l’extrême gauche.

Il y a aussi sa musique. Une musique qui sortait des sentiers battus, reflétait la révolte de la jeunesse des années 68. Une musique qui ne s’est jamais sclérosée, Higelin se renouvelant toujours et cherchant toujours à exprimer les émotions et la révolte contre les injustices.

50 ans après 68, nous entendons toujours ses notes de musique dans la cour de la Sorbonne, nous entretiendrons sa joie et ses combats.

A. L., merci à Alain Cyroulnik

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