Édition du 26 mars 2024

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Agriculture

L’UPA passe du ridicule à l’odieux dans la même semaine

Si l’UPA effectue ce chantage, c’est que la réforme de l’agriculture québécoise semble amorcée et que son monopole syndical comme son monopole sur la mise en marché est questionné.

Dans un communiqué émis ce mardi 9 novembre, le conseil général de l’UPA a demandé aux producteurs agricoles et forestiers de retirer immédiatement l’accès à leurs terres ou boisés tant, et ce, aussi longtemps que le gouvernement ne mettra pas fin à l’incertitude qui plane sur le modèle agricole de l’UPA.

Si l’UPA effectue ce chantage, c’est que la réforme de l’agriculture québécoise semble amorcée et que son monopole syndical comme son monopole sur la mise en marché est questionné.

« Prendre en otage la population pour préserver un monopole syndical est honteux. », souligne Benoit Girouard, président de l’Union paysanne.

Ce mot d’ordre suit de quelques jours une attaque en règle de l’UPA contre le rapport de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire du Québec. Une attaque qui vient un peu tard, car le rapport aura bientôt 3 ans, mais qui surtout frise le ridicule en raison de la large approbation de ce dernier dans l’ensemble de la population. Il fut encensé par presque tous les acteurs. Citons un seul exemple, mais majeur, celui de Jacques Proulx, ancien président de l’UPA et président de Solidarité rurale de l’époque.

« Pour nous, aujourd’hui, ce rapport est une main tendue à tous les acteurs, qu’ils soient agriculteurs, consommateurs, transformateurs, collectivités ou gouvernements, pour relancer ce secteur tout en recherchant le bien commun. Le statu quo n’est plus soutenable. Le défi est grand, le vrai changement n’est jamais facile, mais les échéanciers et les mesures de transitions proposées par la commission sont sages et devraient permettre une évolution harmonieuse. Bien d’autres ont réussi ce virage nécessaire avant nous ; je pense ici à l’Allemagne, à l’Autriche et à plusieurs états de nos voisins américains. J’ai confiance que nous y arriverons aussi. », conclut monsieur Proulx. 1

Mais que dit de si dangereux le fameux rapport Pronovost pour que l’UPA réagisse ainsi ? En premier lieu, la recommandation 47 recommande de rétablir une vraie liberté d’association pour les agriculteurs comme partout ailleurs sur la planète. « Qu’y’a-t-il de si menaçant à redonner aux agriculteurs le choix, l’UPA pourrait même ainsi justifier son membership qui compte actuellement l’ensemble des milliers des producteurs dissidents » ajoute Maxime Laplante, vice-président de l’Union paysanne.

Ensuite, le rapport mentionne… « Que le système de mise en marché collective continue à constituer la base du régime de négociation des prix des produits agricoles entre un regroupement de producteurs et des acheteurs et que des assouplissements y soient apportés afin de tenir compte des nouvelles réalités de la commercialisation des produits alimentaires au Québec. »

Ainsi, Pronovost a donc très bien saisi qu’actuellement le système de mise en marché collective travaille contre les petites fermes, celles en circuit court, des régions ou biologiques. Il constitue la bouffée d’air frais attendu par plus de la moitié des fermes du Québec. Par conséquent, il y a maintien de la mise en marché collective, mais ouverture pour les plus petits.

L’argent

Alors, vous vous demandez pourquoi l’UPA panique ? Eh bien, c’est qu’elle contrôle le fameux système de mise en marché collectif et que cela est facilité par son monopole d’accréditation. Vous vous en doutez ? Eh bien, les propos tenus par Marcel Groleau, président de la FPLQ et ancien candidat à la présidence de l’UPA, lors de la Semaine Verte-radio du 27 mars 2010, ne peuvent être plus clairs : « Quand on conteste le monopole de l’UPA, on conteste le monopole des plans conjoints et la mise en marché collective telle qu’on la connaît .Y’a pas de dissociation qu’on peut faire à ce niveau-là »…. Il poursuit en disant : « on ne peut pas dissocier le monopole syndical….de la mise en marché collective »

Ainsi, le fameux système de mise en marché collectif est donc devenu une pompe à fric, une vache à lait en prélevant annuellement plus de 130 millions de dollars dans les poches des agriculteurs afin de le faire fonctionner. « Il est temps de demander à l’UPA et ses Fédérations de baisser leurs prélevés dans tous les secteurs afin de retourner de l’argent dans les poches des agriculteurs. Pourquoi leurs prélevés ont augmenté partout tandis que la crise s’accentue depuis 10 ans ? », précise Frédéric Sauriol, secrétaire général de l’Union paysanne

Avec ces éléments mis en lumière, n’en doutez point que la lutte actuelle en est une d’argent et dans cette lutte, l’Union paysanne a la réelle intention de prendre aux riches pour donner aux pauvres. Il est temps que ça change.

1 Communiqué Solidarité Rurale, le 12 février 2008

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