Édition du 16 avril 2024

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Environnement

La Pennsylvanie admet. Enfin !

On va-tu enfin arrêter de nous dire qu’il n’y a eu "aucun cas documenté de contamination de l’eau à cause de la fracturation hydraulique" ???

Le DEP rapporte que des opérations pétrolières et gazières ont endommagé des sources d’eau 209 fois depuis la fin de 2007. Ma traduction libre d’un reportage de Laura Legere publié dans le Pittsburgh Post-Gazette (http://powersource.post-gazette.com/powersource/policy-powersource/2014/07/22/DEP-Oil-and-gas-endeavors-have-damaged-water-supply-209-times-since-07/stories/201407220069). Visitez le lien pour visionner plusieurs tableaux révélateurs.

Des opérations pétrolières et gazières ont endommagé des sources d’eau en Pennsylvanie 209 fois depuis la fin de l’année 2007 selon des données officielles compilées par le Département de la Protection de l’Environnement (DEP) que l’agence s’apprête à rendre publiques pour la première fois.

Des régulateurs environnementaux de l’état planifient la publication de l’information sur le site Web du DEP ce mois-ci, mais une version préliminaire du tableur a été remise au Pittsburgh Post-Gazette suite à une demande d’accès à l’information.

Le tableur donne une liste de 209 sources d’eau par compté, municipalité et la date à laquelle les régulateurs sont arrivés à la conclusion que des activités liées à des extractions de pétrole ou de gaz étaient à blâmer pour la contamination ou la diminution de l’écoulement d’une source d’eau.

Le document ne révèle pas les noms et les adresses des propriétaires et ne dit pas quelles compagnies seraient responsables des dommages, qu’est-ce qui aurait causé le problème ou quelles polluants ont été trouvés dans l’eau.

Le ministre-adjoint du DEP pour la gestion du pétrole et du gaz, Scott Perry, dit que l’agence prévoit améliorer le tableur en ajoutant des liens vers les lettres ou les ordres reliés à chaque cas à un moment donné, ce qui devrait donner davantage d’information sur la façon dont l’eau a été affectée.

Les régulateurs environnementaux sont obligés selon la loi de déterminer en moins de 45 jours avoir reçu une plainte pour l’eau ayant un rapport avec un forage si les opérations pétrolières et gazières ont contaminé une source d’eau ou réduit son écoulement. Le DEP remet un rapport de ce qu’il trouve par lettre envoyée au propriétaire terrien. Il émet également des ordres aux compagnies pour qu’elles réparent les dommages dans les cas où les opérations pétrolières et gazières sont reconnues responsables ou sont la cause présumée à cause de la proximité entre les activités de forage et la source d’eau souterraine affectée.

Ces conclusions sont du domaine public

Après initialement s’être opposé aux demandes des organismes des nouvelles pour les lettres de détermination et plaidant que ce serait trop difficile de toutes les trouver dans ses filières, le DEP a progressivement rendu accessibles ses documents depuis un an après que la cour ait exigé leur dévoilement et que l’intérêt du public pour cette information ait pris de l’ampleur.

Quand le DEP publiera la liste des sources d’eau endommagées ce mois-ci, cela sera la première fois que l’agence ait révélé sa comptabilité officielle sur la pollution liée aux forages et les cas de diminution sur son site Web.

"Cette information si souvent demandée est partagée avec le public dans nos efforts continus pour être aussi ouverts et transparents que possible," écrit la porte parole du DEP Morgan Wagner dans un courriel. Elle ajoute que le département prévoit mettre à jour la liste au fur à mesure que les déterminations seront effectuées.

Le nombre d’impacts est petit comparé au nombre de nouveaux puits pétroliers et gaziers forés durant la même période de temps - presque 20,000 selon les archives du DEP.

Patrick Creighton, un porte-parole de l’association de l’industrie Marcellus Shale Coalition, dit dans un communiqué que "ces données démontrent davantage que la grande majorité des puits pétroliers et gaziers en Pennsylvanie, plus de 99%, ont été développés sans aucun impact sur le sol ou l’eau de puits."

Mais les gens qui ont vu leur eau impactée souvent décrivent l’expérience comme étant particulièrement dérangeante.

Les impacts sur l’eau liés aux forages

"Il y a 209 cas de contamination depuis 2008, ce qui est beaucoup, d’après moi, surtout quand il s’agit de la source d’eau potable d’une personne," dit Steve Hvozdovich, le coordonnateur du Marcellus Shale pour le groupe environnemental Clean Water Action.

Le tableur du DEP révèle que des opérations pétrolières et gazières ont affecté des sources d’eau dans presque toutes les régions où il se fait des forages, qu’il s’agisse des régions exploitées pour le gaz de schiste dans le nord-est de la Pennsylvanie ou des régions traditionnelles pour le pétrole et le gaz dans le coin nord-ouest. Le DEP a découvert que des activités de forage ont endommagé des sources d’eau dans Bradford County 48 fois, le compté où il y en a le plus, suivi par Susquehanna County (35 fois), McKean County (24 fois) et Forest County (17 fois).

Le bureau régional du sud-ouest du DEP a émis le plus petit nombre de déterminations d’impacts sur l’eau des trois bureaux régionaux qui encadrent l’industrie. Il a trouvé que des activités de forages ont causé des problèmes de sources d’eau 13 fois en 6 ans : huit fois dans Indiana County, deux fois chacun dans Washington et Westmorland, et une fois dans Fayette County.

Le rythme des problèmes est resté le même depuis les dernières années suivant une augmentation du nombre de cas entre 2008 et 2009 durant une augmentation de l’extraction du gaz de schiste dans la région nord-est et le méthane emprisonné dans des couches de roc peu profondes s’est échappé dans l’eau souterraine en passant par des défectuosités dans certains nouveaux puits à cet endroit.

Le DEP a trouvé 18 cas d’impacts sur les sources d’eau en 2008, 47 en 2009, 34 en 2010, 34 en 2011, 35 en 2012, 33 en 2013 et 5 jusqu’en mai de cette année.

Le porte-parole du Marcellus Shale Coalition dit que le groupe croit que c’est critique de rendre ces données accessibles au public, "dans un contexte approprié", mentionnant le fait que la Pennsylvanie n’a pas de normes de construction de puits privés d’eau potable et que plusieurs sources d’eau sont en piètre état ou contiennent du méthane dont la cause n’a rien à voir avec l’extraction du pétrole ou du gaz.

"Avant que nos membres commencent des activités de développement de puits, des prélèvements exhaustifs d’eau de référence (baseline) est faite par un tiers parti certifié, et souvent dépasse les exigences de l’état," dit M. Creighton, ajoutant que les tests du niveau de référence donnent aux propriétaires de l’information importante sur la qualité de l’eau et en relation avec la santé publique.

Des environnementalistes se réjouissent de voir le DEP révéler cette information, bien qu’ils s’empressent d’ajouter que ceci n’est qu’une première étape.

M. Hvozdovich dit qu’il est "heureux de voir que le DEP prend des mesures concrètes pour améliorer la transparence sur cette question, surtout en sachant comment il était désorganisé et comment on gardait secrets les impacts sur l’eau des forages gaziers en Pennsylvanie."

Mais il qualifie l’information dans le tableur "cruellement moins que ce que le public devrait savoir" et encourage le DEP d’ajouter des détails comme quels genres d’impacts les opérations pétrolières et gazières ont infligé aux sources d’eau, quelles compagnies étaient impliquées, s’il s’agit de foreurs de gaz de schiste ou des opérateurs de puits traditionnels peu profonds qui sont responsables, ce que les compagnies ont fait pour gérer les problèmes et si elles ont reçu des amendes.

Des chercheurs académiques disent que même le peu d’information dans le document jusqu’à date est utile pour comprendre la distribution géographique des problèmes liés aux forages partout dans l’état. Et il pourrait encourager le public à demander plus de données disponibles.

Susan Brantley, un professeur de géo-sciences au Penn State University, dont les recherches se penchent sur les problèmes de qualité de l’eau sans liens avec le développement du pétrole et du gaz ainsi que les façons que les activités de forages ont affecté l’eau souterraine, dit que c’est clair pour elle d’après des conversations avec du personnel du DEP que eux aussi veulent mettre plus d’information en ligne. "Mais cela prend du temps et de l’argent et du personnel et je ne suis pas sûre qu’ils en ont toujours," dit-elle.

"Même le tableur le plus rudimentaire qu’on met en ligne et que des gens puissent l’examiner, cela est un pas dans la bonne direction," dit-elle. "Nous devrions l’encourager. Et le public devrait le comprendre pour qu’il en demande."

Laura Legere

Journaliste au Pittsburgh Post-Gazette (http://powersource.post-gazette.com/)

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