Édition du 26 mars 2024

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Canada

Extrait du rapport du 3e vice-président national du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes

La campagne « Sauvons Postes Canada » - "Le véritable objectif à atteindre est un changement de gouvernement"

Au cours du dernier mandat, Postes Canada et le gouvernement conservateur ont lancé une attaque la sans pareil contre le service postal public. Le plan en cinq points, annoncé le 11 décembre 2013, réalise le rêve de ceux qui sont déterminés à écraser les services publics au nom de la philosophie du libre marché.

Extrait du rapport du 3e vice-président national George Floresco au STTP au 25e Congrès national quadriennal (2015)

Le plan de Postes Canada prévoit :

 Une réduction du nombre d’emplois au moyen de l’élimination de la livraison à domicile ;

 De fortes hausses de tarifs postaux imposées à la population ;

 Un recours accru à la sous-traitance ;

 Des réductions d’emplois au moyen de la technologie ;

 Des attaques contre la rémunération, les avantages sociaux et le régime de retraite des travailleurs et travailleuses.

Bénéficiant de l’appui inconditionnel du gouvernement de Stephen Harper, la direction de Postes Canada a foncé droit devant en sabrant à l’aveuglette dans le service postal public.

Au moment où le plan a été annoncé, le Syndicat avait déjà une campagne en place qui visait les objectifs suivants :

 Veiller à la tenue d’un examen du Protocole du service postal canadien ;

 Appuyer la campagne du mouvement syndical en faveur du maintien de la formule Rand ;

 Prêter main forte à la campagne pour l’expansion des services ;

 Faire du service postal un enjeu des prochaines élections fédérales.

Le Syndicat avait embauché quatre coordonnatrices et coordonnateurs pour veiller à la mise en oeuvre de ces objectifs. L’annonce du 11 décembre 2013 nous a obligés à revoir entièrement la campagne, ce qui a donné lieu à l’embauche de deux autres personnes à qui le STTP a confié la coordination de la campagne à l’échelle nationale. Leur mandat :

 Stopper la mise en oeuvre du plan en cinq points de Postes Canada ;

 Obtenir l’appui de nos alliés communautaires et des sections locales ;

 Aider les sections locales à organiser des réunions avec les députées et députés fédéraux et les élus municipaux ;

 Faire du service postal un enjeu des prochaines élections fédérales ;

 Gagner des appuis en faveur des solutions de rechange aux compressions, par exemple la prestation de services bancaires postaux ;

 Appuyer la campagne du mouvement syndical visant à mettre fin aux attaques du gouvernement contre les droits des travailleuses et travailleurs ;

 Travailler en collaboration avec les membres du service des communications et de la recherche du STTP.

De plus, de nombreux dirigeants, dirigeantes, permanentes et permanents syndicaux au palier national et dans les bureaux régionaux ont joué un rôle actif dans le cadre de la campagne et y ont contribué en diffusant de l’information, en mobilisant la collectivité, en exerçant des pressions sur les gouvernements aux paliers municipal et fédéral et en établissant des contacts un à un avec la population.

Mais la contribution la plus importante à la campagne a peut-être été celle des militantes et militants locaux qui s’y sont joints avec enthousiasme et détermination. Certaines des meilleures idées et des meilleurs messages ont été proposés par des membres qui, dans le cadre de leur travail, ont tous les jours des contacts directs avec la population ou qui sont conscients de l’importance de leur travail, lequel consiste à assurer, quotidiennement, l’acheminement du courrier à l’intérieur du réseau postal.

La campagne

La campagne a évolué avec le temps, en fonction des événements et selon la réaction que nous avons obtenue de différentes sources. Le service de la recherche et des communications a constamment fourni des recommandations aux dirigeantes et dirigeants et au Conseil exécutif national. Comme il se doit, les coordonnatrices et coordonnateurs de la campagne, les sections locales et d’autres n’ont jamais hésité à faire part de leurs suggestions.

Le Syndicat a produit des dizaines de milliers de feuillets, de cartes postales destinées aux députées et députés fédéraux, de macarons, d’autocollants, de casquettes de baseball, de tuques et de tee-shirts. Les coordonnatrices et coordonnateurs nationaux ont été occupés à veiller à ce que les sections locales reçoivent le matériel de la campagne. Conjointement avec les coordonnatrices et coordonnateurs régionaux, ils ont fourni de l’aide aux sections locales et documenté les activités locales. Chaque semaine, nous avons publié des bulletins numérotés sur le travail des sections locales. Celles-ci ont organisé un grand nombre d’activités, mais nous ne pouvions malheureusement pas toutes les inclure dans nos mises à jour hebdomadaires sur la campagne.

Nous avons produit un certain nombre de documents pour contrer la propagande de Postes Canada et du gouvernement conservateur. Nous avons diffusé de l’information exposant les mensonges de l’étude du Conference Board du Canada sur l’avenir de Postes Canada. Nous avons révélé la vérité sur les statistiques et l’histoire des boîtes postales communautaires (BPCOM). Nous avons dénoncé l’appui du gouvernement conservateur en faveur de l’élimination du service de livraison à domicile. Et nous avons exposé les conséquences des BPCOM sur les personnes âgées, les personnes à mobilité réduite et les quartiers en général. Nous avons fait parvenir cette information à toutes les sections locales, au mouvement syndical et à des groupes communautaires.

Malheureusement, les médias n’ont pas accordé autant d’importance à notre position qu’à celle du gouvernement. Nous avons lancé une campagne publicitaire de grande envergure comprenant des panneaux publicitaires, des annonces dans les transports en commun, dans la presse écrite, à la radio et sous forme d’envois sans adresse. De nombreuses sections locales ont tenu des tables d’information au sujet de la campagne « Sauvons Postes Canada » dans le cadre d’activités communautaires ou dans des centres commerciaux et ont ainsi recueilli des milliers de signatures pour des pétitions qui ont été régulièrement présentées à la Chambre des communes.

Nous avons relevé le niveau de la discussion sur l’importance de la livraison à domicile et sur les services postaux en général. Nous avons proposé des options de rechange au moyen d’une étude sur les services bancaires postaux et d’une conférence internationale sur le même sujet. Notre position a été renforcée par les bribes non-censurées d’une étude secrète sur la prestation de services bancaires postaux commandée par la direction de Postes Canada et obtenue par le journal en ligne Blacklock’s Reporter grâce à une demande d’accès à l’information.

En octobre 2014, malgré le travail extraordinaire que nous avions accompli, malgré l’appui de la population et malgré les preuves probantes en notre faveur, Postes Canada s’est pliée aux ordres du gouvernement conservateur et a mis en oeuvre la première série de conversions aux BPCOM.

Il est alors devenu évident que le véritable objectif à atteindre était un changement de gouvernement. Nous étions parvenus à faire du service postal public un enjeu politique, et la position des députées et députés de l’opposition était claire. Jamais auparavant ils n’avaient reçu ou entendu autant de plaintes sur une seule question. Quelques députés conservateurs ont même grommelé, en privé, qu’ils n’appuyaient pas les réductions de services postaux.

Au début de 2015, nous avons commencé à réorienter la campagne pour que le mécontentement à l’égard des compressions devienne un enjeu électoral et pour faire part de ce mécontentement aux municipalités qui sont en mesure de retarder ou d’empêcher la mise en oeuvre des BPCOM.

Le palier national et les sections locales du STTP ont conclu des ententes visant la mise en place de coordonnatrices et coordonnateurs locaux pour aider les sections locales à mener la campagne malgré leur charge de travail élevée.

En collaboration avec des groupes communautaires alliés, et en prenant appui sur des expériences qui ont porté fruit, nous avons élaboré des directives et des messages types pour les activités de porte-à-porte dans les collectivités.

Nous avons déterminé les circonscriptions où nous avons des chances de défaire la députée ou le député conservateur.

En collaboration avec des conseillers municipaux appuyant notre démarche, nous avons travaillé à l’établissement des coûts liés aux nouvelles BPCOM qui sont assumés par les municipalités.

Nous avons prévu la tenue d’assemblées virtuelles avec les membres des comités exécutifs locaux et les membres en général.

Nous avons participé aux conférences organisées par le Congrès du travail du Canada partout au Canada en préparation pour les prochaines élections fédérale.

Nous avons prévu la tenue d’une journée d’action politique en avril pour mettre l’accent sur les prochaines élections fédérales.

Au moment de rédiger le présent rapport, les élections n’ont pas encore été déclenchées. Si les élections ont lieu en octobre, nous aurons alors le temps de poursuivre notre campagne visant à déloger les conservateurs du pouvoir. Nous aurons le temps de travailler avec nos alliés dans le but de préserver nos services publics. Nous aurons le temps de restaurer les services postaux et de participer au processus visant à offrir de nouveaux services novateurs à la population et aux petites entreprises. Nos efforts seront couronnés de succès.

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