Édition du 26 mars 2024

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La révolution arabe

La condamnation de 529 personnes à mort est un crime contre les Egyptiens

La Cour pénale d’Al Minya a décidé hier lundi de déférer les dossiers de 529 personnes, qu’elle présume membres de la Confrérie des Frères Musulmans, au Mufti de la République. Il s’agit d’un coup terrible aux valeurs de la justice et d’un mépris grotesque pour le droit des Egyptiens à la vie.

La sentence est tombée après l’enrôlement de l’affaire pour audience de jugement, et un délai de seulement 24 heures a été accordé à la défense pour préparer les mémoires et les plaidoiries. Le jugement a été prononcé après avoir empêché les avocats d’assister à l’audience. La condamnation des 147 détenus présents est réputée contradictoire, ce qui signifie qu’une seule règle d’appel les sépare de la potence : la Cour de cassation.

Cette peine de mort infligée en bloc à des centaines de prisonniers s’est appuyé les interrogatoires du parquet d’Al Minya-Nord, qui les a accusés après le massacre de Rabiaa d’avoir assassiné le chef adjoint de la police de Matai, Mustafa Al- Attar, et le sergent de police Mamdouh Qutb et d’incitation à l’assaut et à l’incendie des postes de police d’El-Idwa et Matai et leur mise à feu.

Cette sentence intervient quelques jours après le jugement combien léger contre les trois policiers qui ont tué délibérément 37 personnes, le 18 août 2013, dans le véhicule des transferts de prisonniers en face de la prison d’Abou Zaâbal. Ils ont été condamnés à un an d’emprisonnement avec sursis. Quant aux officiers de police et aux snipers qui ont tué des manifestants pendant et après la révolution du 25 Janvier, les tribunaux d’Egypte, d’Alexandrie jusqu’à Assouan, n’ont pas prononcé un verdict de culpabilité contre aucun d’eux.

Cette sentence est la plus importante condamnation à mort dans l’histoire de l’Egypte, et peut-être du monde, ce qui démystifie que l’idée de l’indépendance du pouvoir judiciaire est devenu un objet de risée. Elle montre aussi très clairement que le pouvoir a perdu tout bon sens, parce qu’il est illusoire d’imaginer que ce type de condamnations peut dissuader les Frères musulmans ou autres. Ce qui est sûr, c’est que le meurtre, commis par les balles des forces de sécurité ou par les dispositions de la loi, ne fera que verser davantage de sang.

Nous, les soussignés, demandons que les juges de la septième chambre de la Cour pénale d’Al Minya, et à leur tête le magistrat Saïd Youssef Sabri, soient soumis à la procédure de validation judiciaire comme un pas avant de les démettre de leurs postes pour avoir commis un crime et d’assurer un procès juste et équitable à tous les détenus et prévenus qui préservera la vie des Egyptiens.

Nous exigeons aussi la suspension des condamnations à la peine de mort afin de ne pas exposer des vies humaines qui s’avèreraient être celles d’innocents et s’assurer de la mise en place d’un système judiciaire efficace et respecté.

25 mars 2014

Signataires :
Front Chemin de la Révolution “Thuwwar”,
Campagne La Liberté aux Braves
Mouvement de la Jeunesse du 6-Avril 
Parti l’Egypte Forte
Les Socialistes Révolutionnaires
Le Mouvement de la Jeunesse pour la Justice et la liberté
Centre Al Nadeem pour la Réhabilitation des victimes de la torture
Mouvement Résistance estudiantine
Mouvement « Hakimohom » (Jugez-les)

* Traduction de l’arabe par Rafik Khalfaoui et Luiza Toscane

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