Édition du 16 avril 2024

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Immigration

La crise des réfugié-es

Solidarité internationale

Tiré du journal Unité, journal du Conseil central du Montréal métropolitain–CSN
Décembre 2015, volume 29, numéro 9

Actuellement, des milliers de familles syriennes sont affligées par la terreur, la disette et la crainte que leur dernier jour ne soit venu, tandis que le président syrien Bachar el-Assad et ses partisans continuent de perpétrer des massacres en toute impunité grâce à la passivité de la communauté internationale.

Comme l’a écrit le 2 octobre Diana Semaan, chargée de campagne sur la Syrie à Amnistie internationale : « En dépit de l’indignation manifestée au niveau international face aux homicides de civils perpétrés par le gouvernement syrien, la plupart des États, notamment les gouvernements occidentaux, ferment les yeux sur ce qui se passe dans le pays et ne parviennent aucunement à se mettre d’accord sur des mesures effectives qui permettraient de protéger les civils contre la brutalité du régime. » Leur priorité est de combattre le groupe armé État islamique tout en empêchant les réfugié-es d’atteindre leurs frontières pour se mettre à l’abri. Toute initiative en vue d’amener les auteurs présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité à rendre compte de leurs actes est désormais reléguée au second plan. Hélas pour les Syriens, mais aussi pour les réfugié-es provenant d’autres pays soumis à des situations similaires, cela signifie que leur calvaire se poursuivra, car ceux qui en sont responsables savent très bien que leurs crimes resteront impunis.

Des réfugié-es qui migrent

Le problème des réfugié-es ne date pas d’hier. Dans l’ouvrage Droit d’asile. De l’hospitalité aux contrôles migratoires [1] François Crépeau, Rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme des migrants depuis 2011, constatait la faiblesse du droit international à l’égard des demandeurs d’asile. Ceux-ci ont peu de chance d’atteindre les États européens si l’on prend en considération les mesures contraignantes liées aux demandes d’asile, les obligations de contrôle des papiers par le transporteur, les rigoureuses règles liées au dépôt des demandes, etc. La dimension fondamentale de protection des demandeurs d’asile est sacrifiée au profit du volet immigration. Il concluait en proposant une « refondation du droit international des réfugiés » et la promotion du développement démocratique de tous les États ajoutée à « la volonté de régler collectivement, pacifiquement et durablement les conflits qui déchirent la planète ».

Ô Canada

La promesse du gouvernement libé - ral nouvellement élu d’accueillir 25 000 réfugié-es syriens d’ici la fin de 2015 ne doit, en aucun cas, laisser place à la crainte au terrorisme. Les tristes événements survenus à Paris le 13 novembre n’exigent aucun changement à l’approche canadienne envers les réfugié-es syriens, puisqu’il est toujours question d’assurer des contrôles de sécurité serrés. D’ailleurs, à cet effet, le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) et la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) soulignent notamment que les réfugié-es qui viennent au Canada sont soumis à de rigoureux contrôles de sécurité. Ces deux organisations font valoir que le gouvernement canadien possède un système sophistiqué et bien développé pour effectuer les vérifications de sécurité, qu’on examine l’information personnelle des demandeurs et les évalue selon des facteurs qui pour - raient indiquer un risque éventuel et que si le profil d’un demandeur soulève des pré - occupations, celui-ci fera l’objet d’examens plus approfondis. Ajoutons que le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a répété que le processus sera effectué aussi rapidement que possible, mais sans compromettre la sécurité.

Les villes passent à l’action

Note positive, les élus municipaux du Canada se sont dotés d’une démarche afin d’orchestrer leurs efforts devant cette crise humanitaire. Ainsi, la Fédération canadienne des municipalités a dévoilé la composition d’un groupe de travail sur la réinstallation des réfugiés syriens, groupe qui représente les pôles d’immigration que sont Toronto, Vancouver, Montréal, Ottawa et Halifax ainsi que des municipalités de plus petite taille déterminées à s’investir dans la cause.

Amnistie internationale rappelle que la protection des réfugié-es n’est pas un acte de charité, mais une obligation légale. Sachant que le Canada accueille moins de 1 % des réfugiés du monde, il est grand temps qu’il fasse sa part envers les populations qui fuient des violences difficilement imaginables pour nous, citoyennes et citoyens d’un pays riche et en paix.

Rock Beaudet
Comité solidarité internationale SEE de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CSN)


[1F. Crépeau, Droit d’asile. De l’hospitalité aux
contrôles migratoires, Bruylant, 1995. M. Crépeau est directeur scientifique du Centre pour les droits de la personne et le pluralisme juridique à la Faculté de droit de l’Université McGill

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