Édition du 23 avril 2024

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Le blogue de Louise Chabot

Le droit de grève est un droit fondamental

Les travailleurs de la construction de l’ensemble du Québec ont déclenché une grève générale illimitée en raison de l’impasse dans la négociation les opposant aux diverses associations patronales de la construction dans les secteurs industriel, commercial, institutionnel et résidentiel.

Dès six heures mercredi matin, ils ont pris le chemin des lignes de piquetage, forts d’un important vote de grève pour défendre leurs conditions de travail et faire valoir leurs droits face à des employeurs qui exigent d’eux des reculs, notamment sur le plan de la conciliation famille-travail.

La loi spéciale réglée comme une horloge suisse

Ne surprenant personne, le gouvernement a brandi la menace d’une loi spéciale. « Protéger l’industrie », « faire rouler l’économie », « c’est un enjeu économique majeur », martèlent les ténors du gouvernement libéral. C’est un refrain connu. Le gouvernement le fredonne à chaque ronde de négociation dans la construction. Le déroulement est réglé comme du papier à musique :

Les associations patronales font traîner en longueur les négociations et formulent des demandes de reculs importants pour les travailleurs ;

Les travailleurs s’impatientent, s’indignent et votent pour une grève générale pour faire pression sur leurs employeurs ;

Le gouvernement menace d’une loi spéciale ou adopte une telle loi imposant des reculs aux travailleurs ;

Les employeurs de la construction en sortent gagnants.

Dans ce contexte, où est la motivation des employeurs à négocier ? Quand le gouvernement annule complètement le rapport de force des travailleurs sous prétexte d’enjeux économiques, comment parler d’une libre négociation ?

Des revendications légitimes

Les travailleurs de la construction ont des demandes légitimes et leurs patrons gagneraient beaucoup à les écouter. Pourquoi refuser de faire entrer l’industrie de la construction québécoise dans le 21e siècle ? Pourquoi refuser de créer des conditions de travail qui permettraient de rémunérer à leur juste valeur des femmes et des hommes qualifiés et dévoués qui, par leur cœur à l’ouvrage, font prospérer des centaines d’entreprises d’ici ?

Pourquoi s’acharner à tenter de toujours augmenter la marge bénéficiaire sur le dos des travailleurs ?

En 2017, à l’heure où la conciliation famille-travail est plus actuelle que jamais, pourquoi refuser de devenir la figure de proue de l’industrie de la construction au pays et offrir des conditions de travail qui peuvent devenir un modèle ? Pourquoi s’acharner à tenter de toujours augmenter la marge bénéficiaire sur le dos des travailleurs ?

Un gouvernement qui bafoue les droits des travailleurs

Le parti pris du gouvernement libéral pour les patrons de la construction s’inscrit en porte à faux avec le droit fondamental de négocier librement des travailleurs. Le droit à la libre négociation a été reconnu maintes et maintes fois par des tribunaux partout au pays et par la Cour suprême.

Quand le premier ministre affirme : « notre souhait c’est qu’ils en viennent à une entente rapidement », en précisant qu’il laisserait une chance à la négociation tant qu’il y aura du progrès, et qu’il ajoute « mais, on ne laissera pas la grève durer très longtemps », c’est l’équivalent de négocier avec un fusil sur la tempe. On est loin ici d’une libre négociation. Il est grand temps pour le gouvernement de cesser d’abuser de ses pouvoirs et de respecter les droits fondamentaux des travailleurs.

Solidarité !

Louise Chabot

Présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) (depuis 2012)

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