Édition du 16 avril 2024

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Éducation

Les élèves incités à faire du sport… et les enseignants à faire du temps supplémentaire non rémunéré ! (Syndicat de Champlain)

SAINT-HUBERT, QC, le 14 avril 2015 - Dans une entrevue au Journal de Montréal, le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport affirme vouloir « utiliser les périodes de récréation et les cours d’éducation physique pour donner aux enfants le goût de faire du sport ».

Bien entendu, personne ne s’oppose à ce qu’on développe le goût du sport chez nos jeunes. Cependant, il n’est pas anodin que cette proposition tombe du ciel au beau milieu des négociations pour le renouvellement de la convention collective du personnel enseignant.

« Le diable est dans les détails, disent les Anglais. Quand le ministre déclare que son ministère ’’examine la possibilité d’élaborer un guide pour que les écoles puissent utiliser les périodes de récréation pour faire bouger les élèves’’, nous ne pouvons pas nous empêcher de relier cela à des demandes patronales à la table des négociations », de déclarer Éric Gingras, le président du Syndicat de Champlain(CSQ).

L’autonomie professionnelle supprimée

Présentement, la tâche dirigée des enseignants est de 27 heures au cours d’une semaine de 32 heures. Les cinq autres heures sont consacrées à du travail de nature personnel, c’est-à-dire la préparation de cours, la correction, les réunions d’école, le travail d’équipe, les rencontres avec les parents, etc.

Dans le cadre de la négociation actuelle, la partie patronale demande que soit supprimée l’autonomie professionnelle accordée présentement aux enseignants pendant ces cinq heures de travail personnel et que la direction puisse les assigner à certaines tâches.

« Pas besoin d’être détenteur d’un diplôme en gestion du personnel pour comprendre que ces tâches pourraient être les activités sportives et parascolaires évoquées par le ministre et que la tâche de l’enseignant serait dorénavant dirigée par la direction 7 heures par jour, 5 jours par semaine », constate Éric Gingras.

La planification et la préparation des cours, la correction, les contacts avec les parents, tout cet espace de temps nécessaire pour un véritable travail éducatif, tout ce travail essentiel, les enseignants devront y consacrer leurs soirées et leurs fins de semaine, sans être rémunérés.

La déprofessionnalisation

Des professions comme la médecine et l’enseignement exigent une grande autonomie et ne se laissent pas facilement enfermer dans un modèle de production inspirée de la chaîne de montage.

Mais cela ne signifie pas qu’on n’essaie pas de le faire. On le voit avec le projet de loi 20 pour les médecins. On l’envisage maintenant, avec les propositions patronales et les déclarations du ministre, pour les enseignants.

« Dans le cadre de sa réforme prévoyant le remplacement des commissaires d’écoles par des représentants des parents, des directeurs d’école et des élus municipaux, il n’est pas étonnant que le ministre Blais n’ait pas mentionné les enseignants. Avec le fardeau de travail qu’on veut leur imposer, ils n’auraient tout simplement pas le temps ! », de souligner le président du Syndicat de Champlain.

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