Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Politique d’austérité

Les incongruités d’une société (première partie)

Nous avons un merveilleux système de santé au Québec. Malheureusement, le néolibéralisme et le vent d’austérité mondial sont en train de nous en déposséder. Tout le monde le sait, cet enjeu représente le plus gros poste budgétaire de notre gouvernement provincial. Dernièrement, j’ai rencontré mon médecin de famille (eh oui, je suis chanceux, mais... elle prend sa retraite en septembre 2015). De ce rendez-vous plutôt banal (c’était un suivi annuel), plusieurs réflexions me sont venues en tête. Je me suis interrogé sur la place du privé dans le milieu de la santé. Ça fait longtemps que j’y réfléchis, mais cette rencontre m’a permis de mieux organiser mes idées.

Première incongruité

En entrant dans son bureau, mon médecin m’a demandé ce qu’elle pouvait faire pour moi. Je lui ai dit que je venais pour un suivi annuel, qu’il n’y avait rien en particulier. Brutalement, une évidence m’a heurtée : suis-je l’un de ceux qui engorgent le système ? J’ai une histoire familiale qui n’est pas ordinaire, certes, mais actuellement, je ne me suis jamais senti aussi en forme et en santé. Donc, pourquoi vais-je voir mon médecin une fois l’an ? La réponse est simple, je ne veux pas la perdre ! Plusieurs citoyennes et plusieurs citoyens ont le même réflexe. Ils vont régulièrement voir leur médecin pour être sûrs de le garder. Si le système était mieux fait, est-ce qu’il y aurait autant de monde sans omnipraticien ?

Ce qui m’encourage à assurer un suivi c’est la maladie dormante. Celle qui se cache dans mon sang ou mes organes et qui n’est pas encore assez forte pour me créer des problèmes. J’ai beau ne plus fumer, faire beaucoup d’exercice et manger beaucoup de légumes, je ne suis pas à l’abri. Je suis certain que les actes faits par mon médecin à ma dernière consultation (m’ausculter, me poser des questions, me donner accès à une clinique spécialisée et me prescrire un bilan sanguin) pourraient être faits par une infirmière. Mon médecin n’aurait qu’à consulter mon bilan sanguin. S’il y a un problème, elle réagirait en conséquence. Elle aurait plus de temps pour des patients plus nécessiteux ou pour en prendre de nouveaux.

Dans cette situation, je crois que les omnipraticiens pourraient prendre plus de patients, car ils seraient dégagés de certains actes. De plus, je suis certain que plusieurs infirmières seraient très heureuses d’avoir un travail en clinique avec des heures plus régulières. Dans cette situation, je conserverais le lien avec mon médecin même si je ne le vois pas. Est-ce que c’est ça un groupe de médecine familial (GMF) ? Parce que ma clinique en est un et je ne vois pas la différence. Il semble y avoir plus de médecins que d’infirmières quand, logiquement, ça devrait être le contraire.

Le PLQ propose d’ouvrir 50 polycliniques partout à travers le Québec. On pourra y voir des omnipraticiens ou des spécialistes, des infirmières, etc. Les heures d’ouverture seront plus grandes. Ce n’est pas la définition d’un hôpital ça ? Il me semble que nous devrions investir où le service existe déjà plutôt que d’ouvrir 50 nouvelles cliniques privées. Mais surtout, combien en coûtera-t-il pour y avoir accès ?

Ce n’est pas tout, le Ministère de la Santé du Québec (MSQ) paye les cliniques privées pour qu’elles effectuent des tests de résonance magnétique, des scans ou des échographies. Il me semble que la raison fondamentale pour laquelle une entreprise privée existe c’est pour faire du profit. Si ces tests étaient faits dans les installations du MSQ, par des employés du public, ils pourraient être faits au prix coûtant, forcément moins cher !

Pourquoi est-ce que nous devrions laisser des cliniques privées (la solution du PLQ) faire de l’argent en offrant un service ? On nous fait croire que nous ne pouvons plus nous le permettre. Qu’un système totalement public coûte beaucoup trop cher. Il faudra tout de même payer pour ce système, il me semble que c’est une évidence. Est-ce que ce sera moins cher parce que c’est privé ? C’est sûr que si nous ne sommes pas malades, nous n’en aurons pas besoin. Jusqu’à ce qu’une cochonnerie nous arrive. À ce moment-là, il faudra faire le choix de payer très cher pour des soins privés. Ou encore, il faudra s’en remettre à un système public qui aura été dépossédé de son financement au profit des amis du parti.

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