Édition du 16 avril 2024

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Québec solidaire

Les mouvements sociaux et Québec solidaire : réflexions sur une contribution d'Amir Khadir

Amir Khadir vient de publier [1] une importante contribution intitulée : « Les mouvements sociaux et Québec solidaire. » Il relance avec ce texte, un débat qui a surgi à de multiples reprises au sein de Québec solidaire, mais qui n’a jamais eu la chance d’être réellement mené jusqu’au bout. C’est pourquoi il faut remercier le député de Mercier de relancer un débat qui est central dans la construction d’un parti de gauche qui veut se définir comme un parti des urnes et de la rue. Le propos de sa contribution exprime la volonté de comprendre comment, dans l’histoire des dernières décennies, se sont définis les rapports des différents mouvements sociaux avec les partis politiques et particulièrement, avec le Parti québécois. Nous voulons ici discuter tant les explications proposées de la dynamique sociale et politique que des perspectives qu’il trace à cet égard.

1. Pour une définition des conditions politiques de l’autonomie des mouvements sociaux

« Il existe de nombres exemples de tels liens [organiques] entre parti et mouvement syndical ailleurs dans le monde, mais ceux-ci ont généralement produit avec le temps une relation unidirectionnelle, dominée par une optique instrumentale. Dans ces cas-là, le syndicat et organisations populaires ont été mis en subordination par rapport à des partis qui, sitôt aux commandes de l’État, ont renié leurs obligations politiques envers ceux-là même dont l’appui a été décisif dans leur conquête du pouvoir. » [2]

Au Québec, dit-il, « on peut citer l’exemple du Parti québécois qui a bénéficié, pendant quatre décennies de l’appui massif de diverses composantes du mouvement social et de ses leaders… Mais le PQ a su utiliser ces appuis pour se hisser au pouvoir et a manoeuvré avec habileté pour esquiver ses engagements envers le milieu syndical, allant jusqu’à le trahir de plus en plus ouvertement. » [3]

On peut en premier niveau accepter de voir que le mouvement syndical a été instrumenté dans l’alliance qu’il a nouée avec le Parti québécois. Mais, il est nécessaire de préciser la nature de cette alliance.

Le Parti québécois a été formé en 1968, à partir de la fusion du Mouvement souveraineté-association (une scission du Parti libéral du Québec) avec le Ralliement national (un petit parti indépendantiste de droite). La direction du MSA a refusé d’inclure le Regroupement pour l’indépendance nationale dans cette fusion. L’objectif de la direction Lévesque, c’était d’hégémoniser le mouvement indépendantiste, de lui donner une nouvelle orientation (souveraineté-association) et une plus grande crédibilité face à l’opinion publique.

Dans ces mêmes années, le débat dans le mouvement syndical amenait les centrales à publier trois manifestes radicaux [4], qui avançaient un rejet plus ou moins explicite du système capitaliste sans par contre poser la question de l’autonomie politique de classe, c’est-à-dire l’organisation d’un parti politique des travailleurs et des travailleuses indépendant des partis de la classe dominante. La question du choix entre la perspective d’alliance avec le Parti québécois et celle de la fondation d’un Parti des travailleurs et des travailleuses a bel et bien été discutée. La gauche syndicale défendait, pour une bonne partie cette perspective, mais les directions syndicales se sont assez rapidement rangées derrière le soutien au Parti québécois (de façon explicite pour la FTQ particulièrement) ou de façon implicite pour la CSN et ont gagné la majorité des bases à cette position.

L’autonomie politique du mouvement syndical aurait impliqué l’organisation d’un parti de classe et non le ralliement à un parti dirigé par un personnel politique issu du Parti libéral du Québec. La neutralité partisane proclamée visait essentiellement à masquer une politique qui refusait la mise sur pied d’un parti de classe, le ralliement à un bloc social nationaliste dirigé par le Parti québécois et à un projet social qui se disait proche des travailleurs, mais qui visait la promotion et le développement du Québec Inc. Cette alliance avec le Parti québécois, a permis à ce que les organisations syndicales et populaires servent effectivement de marche pied pour la conquête du pouvoir.

Ce bloc social connaîtra un premier effritement avec l’offensive antisyndicale contre le secteur public en 1982, effritement qui conduira à la défaite du gouvernement péquiste en 1985.

L’orientation du mouvement syndical est un enjeu d’un débat politique essentiel : soit comme le propose la majorité des directions, le mouvement syndical cherche à s’intégrer au capitalisme et à participer à son essor en le rendant acceptable auprès de ses membres soit il radicalise sa pratique et son discours pour faire face à l’offensive d’austérité permanente qui réduit ses droits.

S’il cherche à se donner un projet politique comme réponse globale à cette offensive et noue les alliances avec un parti politique capable de porter un tel projet, son action s’inscrira dans la défense d’une autonomie politique réelle face au projet des partis du capital. [5]

Amir Khadir soulève cette même hypothèse : « Bref, si un renouveau s’opère et que le mouvement syndical opte pour un projet de transformation sociale d’envergure, il peut compter sur d’innombrables alliés dans le mouvement social, qui sont eux aussi en mutation dans leurs structures de combat, avec une volonté renouvelée de transformation sociale majeure. » Mais, il ne s’agit pas là d’un processus spontané, les orientations dominantes dans le mouvement syndical bloquent cette perspective.

Le bilan tiré dans le texte de Marie-Ève Rancourt [6]sur les rapports entre le mouvement syndical et les mouvements sociaux dans le cadre des luttes de ces dernières années est révélateur à cet égard.

La défense des intérêts des classes ouvrières et populaires ne peut pas s’adosser à aucun des partis politiques bourgeois, le PQ y compris. Et à ce niveau-là, ce qui est déterminant d’une évolution favorable du rapport de force entre classes, c’est :

 l’existence d’un parti politique de classe implanté,
 la rupture avec le concertationnisme
 et enfin la mobilisation des organisations ouvrières, populaires, féministes, jeunes, écologistes sur leurs propres bases, y compris sur la question nationale.

Projet indépendantiste et projet de société égalitaire sont les deux faces d’un combat que doit mener un parti indépendantiste de gauche. C’est cette articulation des deux axes de la lutte émancipatrice au Québec qu’a toujours rejeté le Parti québécois en affirmant tout au cours de son histoire qu’il voulait rassembler la gauche et la droite de la société québécoise.

Il faut donc poser la question de l’autonomie politique des organisations syndicales et des mouvements sociaux non d’abord en termes organisationnels (même si c’est essentiel de reconnaître et de respecter la démocratie interne à ces mouvements) mais en termes politiques et voir que le mouvement syndical, en particulier, est traversé par des orientations de classe diverses et souvent antagoniques qui déterminent la nature et les types d’alliance avec des partis politiques déterminés. La construction d’un vaste front social et politique contre les politiques néolibérales passe par des alliances avec des partis politiques qui défendent les mêmes intérêts et les mêmes espérances.

2. Pour une évaluation politique des forces et des faiblesses du mouvement social

Dans un deuxième temps, Amir Khadir se lance dans une évaluation des forces et des faiblesses du mouvement social. Le mouvement social est numérique fort et diversifié. Le mouvement social est ancré à gauche. Mais, le mouvement social, écrit-il encore, est politiquement affaibli, ce qui ne lui permet plus ou pratiquement plus d’infléchir des positions gouvernementales.

Deux remarques s’imposent. Premièrement, parler du mouvement social permet de faire quelques remarques sur son importance numérique. Mais en fait, même à ce niveau, distinguer les différents mouvements sociaux, reconnaître les spécificités du mouvement syndical, sa force, son hétérogénéité, son intégration aux mécanismes de l’État, son implication dans la gestion d’une fraction du capital financier faisant affaire au Québec, l’existence d’une couche bureaucratique en son sein, tout cela fait du mouvement syndical, un mouvement social tout à fait particulier. Le mouvement populaire, le mouvement des femmes, le mouvement étudiant, le mouvement écologique… mériteraient également une caractérisation qui respecterait la spécificité de chacun. Parler du mouvement social au singulier permet d’esquiver des questions essentielles.

Se préoccuper de ces spécificités créerait une certaine gêne à parler d’un mouvement social ancré à gauche. Au contraire, on voit très bien que tous les mouvements sociaux sont traversés, chacun ayant des spécificités propres, par des orientations politiques contradictoires reflétant soit le poids plus ou moins important des thèses véhiculées par la classe dominante, soit les aspirations qui sont des moteurs des luttes organisées par les mouvements sociaux.

Avec l’offensive néolibérale, depuis les années 80, le mouvement syndical, tout particulièrement n’a pas eu tendance à se radicaliser, mais au contraire, il a accepté d’opérer dans le cadre d’une stratégie de partenariat. L’alliance du PQ et des directions syndicales s’est réalisée à partir de l’assimilation des intérêts syndiquéEs à ceux des patrons qui a conduit au rejet par les directions de toute perspective
d’autonomie politique de classe.

Depuis le tournant néolibéral de la classe dominante, cette alliance s’est maintenue et s’est redéfinie plusieurs fois. Du soutien critique au PQ au soutien au PQ comme moindre mal malgré ses politiques social-libérales, il y a eu toute une série de glissements dans le mouvement syndical qui a eu comme constantes la défense du partenariat et le refus systématique de travailler à la construction d’un parti politique des travailleurs et des travailleuses.

Le sommet socio-économique de 1996 [7] a été l’illustration la plus claire d’où pouvait mener la reprise du discours patronal dans les rangs syndicaux. « Le sommet a eu pour résultat des pertes d’emplois, de nouvelles tarifications, une diminution de l’efficacité des services publics, ce qui a favorisé le recours a des services privés de santé et d’enseignement. Ainsi, le mouvement syndical a contribué à déstructurer les services publics qu’il prétendait vouloir préserver… Néanmoins, malgré ces fruits amers, le « partenariat social perdure dans le milieu syndical. La conséquence politique centrale de cette stratégie est le remplacement de la mobilisation des membres par des discussions à haut niveau desquelles les syndiquÉes sont excluEs. Le « partenariat social » se pratique aux dépens de la démocratie syndicale. Les travailleurs et les travailleuses sont ainsi désappropriéEs des moyens nécessaires de lutte pour améliorer leurs conditions de travail. Il ne faut donc pas se surprendre si la combativité des syndiquéEs n’est pas au rendez-vous. Le cercle vicieux- moins on mobilise moins les syndiquéEs sont mobilisables – justifie le partenariat. » [8]

Dans le mouvement étudiant, il y a également des fédérations qui prônent la concertation sociale. Le mouvement environnementaliste connaît ses groupes pro-entreprises et ses défenseurs du capitalisme vert et des écologistes écosocialistes. La gauche sociale ne peut donc être identifiée à l’ensemble du mouvement social défini comme un tout indifférencié.

Deuxièmement, la faiblesse des mouvements sociaux est liée à l’ampleur et à la constance de l’offensive de la classe dominante d’une part et aux stratégies de concertation sociale qui sont en complet décalage avec les nécessités imposées par la politique de confrontation de l’oligarchie régnante.

Qu’est-ce donc la gauche sociale ? Ce sont les militant-e-s qui dans le mouvement syndical, le mouvement populaire, le mouvement féministe, dans la jeunesse au fil de leurs luttes se sont détachés du train péquiste (ou qui sont en train de le faire ou qui ont toujours refusé de s’y attacher), et qui, pour cela, ont soit rejeté la politique comme corruptrice, soit ont commencé à poser la nécessité de la construction d’un parti de gauche. Cette gauche sociale est également, en grande partie, une gauche politique puisqu’elle a fourni les bases de la construction de Québec solidaire. Elle reste aujourd’hui minoritaire et fragmentée, et devant une tâche colossale pour convaincre la majorité de rompre avec l’orientation de concertation sociale qui s’est imposée, avec plus ou moins de force à la tête du mouvement syndical et de certains mouvements sociaux.

3.Les perspectives électorales ne peuvent constituer l’unique critère pour l’évaluation des forces et des faiblesses de Québec solidaire.

Québec solidaire est uni et cohérent, écrit Amir Khadir. Il dispose d’une forte organisation et de sympathie populaire. [9]. Il affirme qu’avec des effectifs qui oscillent entre 12 000 et 15 000 membres, Québec solidaire est plus important, toute proportion gardée, que Die Linke en Allemagne, que le Front de gauche en France ou que le PTB de Belgique. Seul Syriza dispose d’une meilleure implantation. Mais Québec solidaire tarde à avancer électoralement. [10]

Amir Khadir identifie les faiblesses de Québec solidaire uniquement à partir d’une optique électorale. Ces faiblesses sont extrinsèques : un système électoral non proportionnel, le vote utile, le mépris des médias, la perception trop répandue que QS est radical ou irréaliste, l’argent dont disposent les caisses électorales ou du PQ. Il identifie également les faiblesses intrinsèques de QS : faibles moyens financiers, enracinement insuffisant en région, des candidata.e.s qui n’ont pas la notoriété suffisante, la complexité du message.

D’un point de vue extrinsèque, la capacité des mouvements sociaux à faire face ou non à l’offensive d’austérité et à repousser cette dernière, n’est-elle pas essentielle à la force de la résistance tant sur le terrain économique et social que sur le terrain politique ? Le défi de Québec solidaire en ce sens, n’est-il pas de participer au renforcement des mouvements sociaux et de leur indépendance politique face aux partis néolibéraux.

4. Les faiblesses politiques des mouvements sociaux ne peuvent être analysées que d’un point de vue objectiviste.

Après avoir décrit le mouvement social comme ancré à gauche, Amir Khadir se voit forcé de nuancer ce propos pour expliquer les difficultés du mouvement social à faire face à l’assaut très soutenu des élites économiques et des partis de droite. Il explique succinctement les causes de l’érosion de l’influence des syndicats : « professionnalisation puis bureaucratisation ; corporatisme, voire parfois corruption ; chute du bloc socialiste et offensive néolibérale tous azimuts assortie souvent d’une répression législative, voire policière ; contrecoups subjectifs de leur perte d’influence aggravant à son tour la baisse (considérable aux États-Unis) des effectifs syndicaux. » [11]

Amir Khadir va à l’essentiel lorsqu’il écrit : « l’évolution de la conjoncture globale de nos sociétés ne permet plus aux mouvements sociaux, et au mouvement syndical en particulier de camper uniquement leurs actions dans un champ d’intervention sociale, autonome du champ de la politique partisane et d’appeler l’État à l’arbitrage. Pour résumer les choses, il faut dire que puisque la droite a confisqué l’État dans sa totalité, les mouvements sociaux ne peuvent ignorer la nécessité de faire irruption dans le champ politique et de changer le pouvoir, sans quoi c’est leur champ d’action social même qui risque de se refermer sur eux. » [12]

En fait, l’analyse esquive le fait que le mouvement syndical est traversé par des orientations contradictoires : une orientation en grande partie élaborée par les directions, mais qui ont des relais dans une grande partie des bases et qui prône une stratégie de concertation avec le patronat et les gouvernements ou qui cherchent à exercer des pressions pour amener les classes dominantes et leurs partis à se rallier à une telle stratégie et une orientation qui prône un syndicalisme de combat ou de transformation sociale, donc un virage politique important qui implique une rupture avec la stratégie de concertation et le recours à des moyens de lutte qui ne s’enferment pas dans les cadres légaux imposés par les États.

Que les mouvements sociaux développent les stratégies efficaces ne peut être indifférent à un parti comme Québec solidaire. Ne devrait-il pas jouer un rôle sur les possibilités du développement des capacités de résistance des mouvements sociaux ? Cette lutte pour que le mouvement syndical et les autres mouvements sociaux développent une « stratégie de décloisonnement » qu’Amir Khadir appelle de
ses voeux ne doit-elle pas être partie prenante de l’intervention d’un parti politique de gauche qui doit avoir à coeur d’aider les militantEs de la gauche syndicale et sociale – qui sont d’ailleurs, pour beaucoup des membres de la gauche politique – à faire cette irruption sur le champ politique. Un parti politique de gauche doit même en faire un axe essentiel de ses combats et des modalités de sa construction.

Se limiter à espérer que le Parti québécois sous la direction de PKP se range suffisamment à droite pour renforcer les clivages du PQ d’avec les mouvements sociaux permettant aux progressistes d’enfin rompre avec le PQ et de transférer leur allégeance à Québec solidaire, relève d’un spontanéisme qui évite de définir les tâches que la gauche politique doit se fixer dans les mouvements sociaux pour les aider à concrétiser cette rupture.

5. Les voies d’une stratégie de décloisonnement entre mouvements sociaux et Québec solidaire

« QS en est pleinement conscient, ses porte-parole ont à maintes reprises reconnu qu’il serait illusoire de penser qu’un parti politique de gauche de la nature de QS puisse se développer significativement sans un soutien organisé, efficace et systématique d’une partie significative de l’ensemble du mouvement social. » [13]

Mais il ne faut pas limiter le soutien du mouvement social à Québec solidaire à un soutien qui lui permettrait de se développer sur le terrain électoral, même si un tel soutien est essentiel et doit être revendiqué haut et fort. Québec solidaire se définira comme un parti de transformation sociale dans la mesure où il pourra contribuer à l’amélioration des rapports de forces des mouvements sociaux face à l’actuelle offensive d’austérité. Le renforcement de l’autonomie politique des mouvements sociaux passe par le renforcement de leur indépendance de classe et le développement d’un projet de société qui leur soit propre.

Il pourra concrétiser cette orientation qu’en se fixant une série d’objectifs politiques :

 déconstruire le mythe de la neutralité partisane qui a été une couverture de la stratégie de concertation sociale comme l’a démontré le soutien au Parti québécois pendant des décennies.
 lutter pour l’autonomie politique des mouvements sociaux contre toute stratégie de concertation avec la classe dominante et ses partis dans le respect de la démocratie et de l’autonomie organisationnelle des mouvements sociaux
 défendre l’unité et le fonctionnement démocratique des diverses composantes du mouvement syndical
 contribuer à défendre l’unité et le respect dans les rapports entre le mouvement syndical et les autres mouvements sociaux afin de pouvoir constituer un véritable front social de résistance
 proposer des cadres de discussions unitaires à la gauche sociale et politique pour discuter de stratégies pour favoriser la résistance à l’offensive patronale et gouvernementale.

L’organisation des secteurs sociaux dans Québec solidaire et la construction de liaison organique avec les mouvements sociaux permettra de mieux apprendre de ces mouvements sociaux, de mieux comprendre les dynamiques et des enjeux propres à ces mouvements et favorisera l’élaboration par QS de perspectives plus concrètes ?

L’organisation dans des structures propres de militantEs syndicaux au sein de Québec solidaire comme cela a été adopté au Conseil national de novembre 2014 doit être appliquée au plus vite. [14]

Le texte d’Amir Khadir est un souffle d’air frais sur un questionnement qui n’a pas jusqu’ici été abordé de façon suffisamment conséquente. En ouvrant sur une vision du décloisonnement qui comprend bien que la gauche sociale et politique n’est pas deux réalités fermées qui doivent apprendre à dépasser une conscience clivée par des champs d’intervention afin de « développer une stratégie de décloisonnement pour rendre cette frontière – entre pouvoir de la rue et institution du pouvoir- la plus poreuse possible en faveur du premier. » [15] C’est à ce prix qu’on prendra au sérieux le projet de construire Québec solidaire comme un parti des urnes et de la rue, un parti de la gauche d’un type nouveau !


[1Renouveler le syndicalisme pour changer le Québec, Écosociété, 2015,295 pages

[2Amir Khadir, Les mouvements sociaux et Québec solidaire,in Renouveler le syndicalisme pour changer le Québec, page 221

[3Ibidem, page 221

[4CSN : Il y a plus d’avenir pour le Québec dans le système économique actuel et Ne comptons que sur nos propres moyens ; FTQ : L’État rouage de notre exploitation ; CEQ : L’école au service de la classe dominante

[5Voir la contribution d’Alain Deneault, Si le mouvement syndical opérait un virage politique, in Renouveler le syndicalisme, pp. 35 à 54

[6Marie-Ève Rancourt, Le syndicalisme : un outil de transformation sociale, pp. 122-147, in Renouveler le syndicalisme

[7Voir, Ghislaine Raymond, Le « partenariat social, sommet socio-économique de 1996, syndicats et groupes populaires, M Éditeur, 2013, 182 pages

[8Ghislaine Raymond, Le « partenariat social » Sommet socioéconomique de 1996, syndicats et groupes populaires, M Éditeur, 2013, pp.177-179

[9Amir Khadir, Les mouvements sociaux et Québec solidaire, page 233

[10Ibidem, page 235

[11Ibidem, p.239

[12Ibidem, p. 241

[13ibidem, page 244

[14Résolution du CN : 3.2 Se donner les moyens organisationnels permettant à Québec solidaire de resserrer ses liens avec les mouvements sociaux en :

 a. Encourageant et facilitant le réseautage des membres actifs dans divers mouvements sociaux afin de donner au parti une vision plus concrète et plus complète de la situation de chaque mouvement, de développer des perspectives stratégiques communes et d’encourager la mobilisation ainsi que la convergence des mouvements.
 b. Favorisant la tenue de rencontres des militantEs syndicaux membres afin de partager sur les défis auxquels fait face le mouvement syndical et d’élaborer des moyens d’action pouvant aider à l’enracinement du mouvement syndical dans les milieux de travail
 c. Visant l’organisation de collectifs étudiants Québec solidaire dans les universités et les cégeps du Québec et leur regroupement dans des rencontres régionales et nationales afin de planifier l’enracinement de Québec solidaire dans ce milieu et de mieux connaître les problématiques de ces milieux.
 d. Encourageant la participation des femmes de Québec solidaire aux activités de la Marche mondiale des femmes en 2015

[15Ibidem, page 239

Bernard Rioux

Militant socialiste depuis le début des années 70, il a été impliqué dans le processus d’unification de la gauche politique. Il a participé à la fondation du Parti de la démocratie socialiste et à celle de l’Union des Forces progressistes. Militant de Québec solidaire, il participe au collectif de Gauche socialiste où il a été longtemps responsable de son site, lagauche.com (maintenant la gauche.ca). Il est un membre fondateur de Presse-toi à gauche.

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