Édition du 26 mars 2024

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Québec solidaire

Leur projet néolibéral est régressif et antisocial

Au début des années 1980, les gouvernements, sous les pressions des classes dominantes, lancent une vaste offensive pour remettre en cause les acquis des travailleurs et des travailleuses et les protections offertes par le filet social. Il s’agit de relancer l’augmentation des taux de profits des entreprises au détriment des conditions de travail. Le néolibéralisme se met progressivement en place. On favorise les privatisations aux dépens du secteur public. L’État néolibéral se voit ’réduit au rôle de « partenaire et d’accompagnateur des entreprises privées ». Pour accroître leur compétitivité, non seulement. l’État néo libéral déréglemente de façon irresponsable, mais il subventionne aussi les entreprises privées et facilite les évitements fiscaux favori­sant la concentration de la richesse dans les sommets de la société.

Pour avoir les montants nécessaires au sou­ tien du secteur privé, l’État néolibéral prétend qu’il est maintenant inévitable qu’il y ait moins de salarié-e-s dans le secteur public, moins d’infirmières, moins d’enseignant-e-s, moins d’employé-e-s municipaux, moins de travailleuses sociales de travailleurs sociaux, etc. Il faudrait que les employé-e-s de l’État aient des emplois à bas salaire, sans avantages sociaux ni protection sociale. Ce sont les femmes, majoritaires dans les services publics, qui font particulièrement les frais, de ces politiques. La destruction des acquis de l’Etat social. au nom de la poursuite du déficit zéro, devient une obsession des politiciens néolibéraux.

LE VIRAGE NÉOLIBÉRAL AU QUÉBEC

En 1996, le premier ministre Lucien Bouchard mobilise les différents acteurs économiques et sociaux dans un sommet pour les convaincre d’adopter la perspective du déficit zéro. Ce choix aura des conséquences désastreuses sur les services de santé québécois. Des milliers d’infirmières seront poussées à prendre leur retraite de façon prématurée. Ensuite, pour palier aux problèmes qu’ils ont eux-même créés, les politiques des gouverne­ ments néolibéraux défendent la privatisation de certains services comme solution miracle.

Par ailleurs, au niveau de l’aide sociale, les prestations cessent d’être indexées au coût de la vie. Pour les dizaines de milliers de personnes bénéficiaires de l’aide sociale, c’est la condamnation à la pauvreté à perpétuité. L’appauvrisse­ ment des plus pauvres ne les pousse pas vers le travail, mais vers une lutte quotidienne pour la survie, trop souvent sans issue. Toutes ces cou­ pures sont directement liées aux nombreuses baisses d’impôts des plus riches et des grandes entreprises qui ont fait disparaître des milliards dans les 15 dernières années. Baisses d’impôts sur le capital sur le profit, faibles redevances sur les matières premières, diminution des paliers d’imposition à l’avantage des hauts revenus : toutes ces mesures engendrent déficits et dettes publiques. Les gouvernements péquistes et libéraux, pour combler le trou qu’ils ont causé, se tourne vers les coupures et vers la tarification des services. Cette tarification fixe un prix absolu à payer, que l’on soit millionnaire ou pauvre, ce qui désavantage ces derniers : taxe santé, hausse des frais de scolarité et hausse projetée des tarifs d’électricité en sont des exemples.

En 2012 encore, les différents gouvernements néo-libéraux transfèrent progressivement la facture de l’éducation aux individus, alors que l’éducation bénéficie à l’ensemble de la collectivité. Pourtant, l’investissement public dans l’éducation est reconnu comme un investissement gagnant à tous les coups pour toute la société, en plus de réduire la fréquence et la gravité des crises économiques. Malgré la grève étudiante et le mouvement social du printemps dernier, le gouvernement péquiste en place maintient cette idée d’augmenter la tarification étudiante via son obsession irrationnelle de l’indexation.

L’ÉTAT NÉOLlBÉRAL CRÉE UN MARCHÉ DU TRAVAIL PRÉCAIRE ET DÉSHUMANISANT

Dans le secteur privé, les travailleuses et travailleurs font également face à une offensive : fermetures d’usines et délocalisations multiples, augmentation du rythme du travail, remplace­ ment du temps plein par du travail à temps partiel, pression à la baisse sur les salaires ... Le néo­ libéralisme s’attaque également aux retraité-e-s en haussant l’âge de la retraite, il s’attaque aux chômeurs et aux chômeuses en diminuant l’accès à l’assurance-emploi et finalement, il s’attaque aux personnes assistées sociales en coupant les revenus des plus pauvres ... Le néolibéralisme impose ainsi la généralisation de la précarité et de l’insécurité.

Au niveau régional, les employés de la White Birch se sont faits voler une grande partie de leur fonds de pension par un milliardaire américain sans que les gouvernements n’interviennent. De plus, le maire de la Ville de Québec soutient qu’il faut imposer des coupes autoritaires dans les régimes de retraite des employé-e-s de la Ville s’il n’arrive pas à une entente négociée avec eux, ce qui causerait un dangereux précédant pour l’ensemble des fonds de pension des municipalités. Encore une fois, ce seront les salarié-e-s qui devront subir les foudres d’un système qui en demande toujours moins aux employeurs et aux mieux nantis.

LIBRE ÉCHANGE ET POUVOIR DES MULTINATIONALES

En soutenant les accords libre-échange, l’oligarchie régnante prétend, à tort, que c’est la concurrence sans entrave et la loi du plus fort qui sont les sources du développement. En fait. le libre-échange jette les bases de l’accaparement des biens publics par les grandes entreprises et la généralisation de la privatisation. De plus, ces accords mettent en place un tribunal commercial. au-dessus des lois nationales, visant à augmenter la concurrence entre les États et les travailleurs, ce qui prive les nations de leur souveraineté éco­nomique. Depuis les années 1980, les gouvernements péquistes et libéraux ont soutenu le fédé­ral dans cette orientation. Au début des années 2000, le gouvernement péquiste soutenait le libre-échange dans les Amériques, cela au détriment des peuples latino-américains. Aujourd’hui, le gouvernement péquiste joue le jeu d’Ottawa en matière de libre-échange, celui-ci cherchant à ouvrir les marchés européens au pétrole albertain. En échange, les gouvernements canadien et péquiste favorisent la privatisation de nos services publics aux mains des capitaux étrangers, tout cela au nom des accords de libre-échange avec l’Europe.

LE NÉOBÉRALISME SACCAGE L’ENVIRONNEMENT

Le néolibéralisme a été marqué par des atteintes graves aux écosystèmes (réchauffement climatique, pollution chimique, déclin rapide de la biodiversité, dégradation des sols, destruction de la forêt, etc.). Les exemples sont multiples. Au Québec, l’exploitation forestière capitaliste participe à la destruction de la forêt boréale. L’agro­business pollue les rivières et les champs en favorisant l’emploi abusif des pesticides. Autant l’exploitation que l’utilisation des énergies fossiles détruisent les écosystèmes. Aujourd’hui, la transformation du Québec en plaque tournante de la distribution du pétrole sur les continents nord-américain et européen sont dans les plans du gouvernement Marois. Les défis majeurs auxquels nous faisons face passent d’abord par le re­fus des projets néolibéraux et par la construction d’une alternative écologique, solidaire et démocratique. À ce titre, Québec solidaire fait partie de la solution.

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