Édition du 26 mars 2024

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Syndicalisme

Ma Réponse à des Membres du Parlement sur le Syndicat des travailleurs et des travaillleuses des Postes (STTP)

Le député conservateur Mark Adler, a déclaré qu’un bulletin du STTP n’est qu’une propagande radicale. Sa déclaration a reçu l’appui de deux autres membres du parlement, Steven Fletcher et Bob Rae. Le député prétend aussi que des fonds publics ont été utilisés pour le voyage en Palestine de Ruth Breen de la région de l’Atlantique.

Premièrement, le STTP n’a pas accès aux fonds publics. Le voyage en Palestine de Ruth Breen provient d’un fond régional financé par des contributions des sections locales du STTP de la région de l’Atlantique et de contributions volontaires par des travailleurs et des travailleuses des postes en tant qu’individus. Jamais il ne me viendrait à l’idée de retenir des gens de prendre ce genre d’action pour une cause qu’ils ont à cœur. Au contraire, c’est bien de voir des gens qui pensent aux autres.

Le STTP a négocié un fond national dans le règlement de la dernière convention collective. Le fond permet au STTP de maintenir des liens avec les travailleurs et les travailleuses à travers le monde et démontrer notre solidarité lorsque qu’il y a violation de leurs droits de la personne, y compris leurs droits en tant que travailleurs et travailleuses, ou tout simplement pour discuter des questions qui les affectent à travers le monde. L’utilisation du fond est limité à “développer et maintenir des relations et des échanges avec les travailleurs et les travailleuses des postes d’autres pays ainsi qu’avec leurs syndicats.” Ce fond n’est pas un fond public.

Le STTP a négocié ce fond pour une première fois il y a plusieurs années et le montant aurait pu être placé dans d’autres bénéfices pour les membres mais avec leur appui, le STTP a négocié ce fond. Je suis certain que vous êtes au courant que le STTP n’est pas le premier syndicat à avoir négocié un tel fond avec son employeur.

En ce qui a trait au bulletin du STTP, je croyais que l’on vivait dans un pays où le droit à la liberté de parole existe. Je ne doute pas que le STTP n’acceptera jamais d’être censuré par ces membres du parlement qui, en raison de leur position politique sur Israël, sont prêts à ignorer les violations des droits de la personne des travailleuses en Palestine.

Il ne fait aucun doute dans mon esprit que le STTP prendrait la même position si les travailleurs et les travailleuses en Israël se voyaient refuser leur droit de négocier ou voir une violation de leurs droits de la personne. Le contact avec les travailleurs et les travailleuses et leurs syndicats dans d’autres pays nous permet de mieux connaître leur situation à travers le monde.

Nos contacts avec les syndicats et leurs membres à travers le monde nous ont permis de comprendre que les investissements des multinationales dans leurs pays ont contribué à l’exploitation de 250 millions d’enfants à travers le monde et à l’exploitation de femmes et d’enfants dans des zones franches d’exportation n’étant pas couverts par les lois du pays dans les domaines de santé et sécurité au travail, le travail des enfants, le salaire minimum et bien d’autres ; les laissant à la merci de ses multinationales et de leurs sous traitants.

Ces violations de conventions internationales ont été dénoncées par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), une organisation tripartite composée des gouvernements, des employeurs et des travailleurs de plus de 170 pays à travers le monde.

Toutes ses violations prennent place dans des pays auxquels on a dit que ceci était nécessaire s’ils voulaient être plus compétitifs. Nous savons que malgré les voyages des députés, ont ne peut compter sur ces trois députés pour nous exposer ces situations, surtout que l’on dépense beaucoup d’énergie à nous dire que nous devons être plus compétitifs.

Ma question est : avec qui sommes-nous en compétition ? Comment peut-on être en compétition avec des enfants qui travaillent de longues heures avec peu de salaire sans offrir la même exploitation de nos enfants ? Comment peut-on être en compétition avec des travailleurs et des travailleuses dans des zones franches d’exportation qui n’ont aucun droit de négocier ; de protection ou sécurité au travail ; aucun droit d’avoir un syndicat pour représenter leurs griefs sans offrir aux investisseurs des zones similaires au Canada ?

Je vous demande donc de cesser votre attaque contre la solidarité du STTP avec les autres travailleurs et travailleuses à travers le monde ; surtout que pour vous, ce n’est qu’un autre moyen de nous empêcher de faire connaître leur situation aux travailleurs et aux travailleuses du Canada. En fait, notre gouvernement devrait avoir honte d’essayer d’amener les canadiens et les canadiennes à travailler dans les mêmes conditions que ces travailleurs et travailleuses.

Les attaques contre le mouvement syndical ne pourront jamais cacher le fait que c’est le présent gouvernement qui élimine les emplois décents aux Canada en faveur de profits indécents. Le supposé plan d’action pour nous rendre plus compétitifs, lequel fait l’objet d’une campagne publicitaire de plusieurs millions de dollars à la télévision et autres médias a de quoi avoir honte.

Les attaques contre le secteur public ne sont qu’une stratégie pour réaliser l’idéologie de diminuer la taille du gouvernement pour donner aux multinationales et à leurs sous traitants les services qui rapportent des profits et laisser les autres aux payeurs de taxes de ce pays. Les services rentables peuvent servir pour donner des services qui ne rapportent pas de revenus.

Les attaques contre les travailleurs et les travailleuses saisonniers ; les attaques contre les gens qui reçoivent de l’aide des gouvernements ; les attaques contre les travailleurs et les travailleuses syndiqués ; les attaques contre les communautés des premières nations ; les attaques contre les environnementalistes ; les attaques contre les étudiants qui osent protester ; et bien d’autres, ne sont que des moyens de distraire l’attention des Canadiens et des Canadiennes sur le fait que c’est notre gouvernement fédéral qui viole des conventions et résolutions internationales aux bénéfices des actionnaires des multinationales.

Ces dernières étaient bien représentées par Stephen Harper alors qu’il était le porte parole de la National Citizen Coalition dont le conseil d’administration était composé de ces actionnaires qui trop souvent ne paient même pas de taxes. Il prenait les mêmes positions pour eux à ce moment là que celles qu’il prend aujourd’hui.

Il a été démontré dans les années 90 que la dette au Canada avait été causée à 92% à parts égales par les hauts taux d’intérêts et les exemptions de taxes. Tout ceci pour dire aux trois députés, supposément offensés par le STTP, que vous devriez regarder quel rôle vous jouez pour faire un monde meilleur pour ceux et celles que vous êtes supposés représenter et pour ceux et celles à travers le monde qui sont exploités par les multinationales et leurs sous traitants.

Ma priorité sera toujours : “des emplois décents avant des profits indécents.” •

Jean-Claude Parrot est un ancien Président National du STTP (1977-1992) et un ancien Vice-Président Exécutif du CTC (1992-2002). Il a aussi été membre du Conseil d’Administration du BIT (1993-2002). Il a pris sa retraite en 2002 et écrit le livre Ma vie de syndicaliste publié en 2005.

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