Ces citoyens et ces citoyennes ont pris la parole pour dénoncer que les entreprises pétrolières et les gouvernements avaient mis la population devant un fait accompli. Le maire de Sorel Tracy, Serge Péloquin, a été particulièrement virulent à cet égard : "C"est un fait accompli. Il y a des réglementations qui ont été données par le provincial, il y a des réglementations qui ont été données par le fédéral. Et là on arrive avec ça en pleine face, en pleine gueule, devrais-je dire. Et puis, personne n’a été consulté. Je pense qu’aujourd’hui cette marche-là s’additionne avec Cacouna et il y en aura d’autres." [1]
Dominique Champagne a replacé la manifestation dans le cadre du défi auquel fait face la Québec présentement : à la volonté des entreprises pétrolières et des gouvernements de faire du Québec le lieu de transit du pétrole de l’Ouest canadien : "On assiste présentement au Québec à l’invasion systématique de notre territoire par l’industrie pétrolière par les trains, par les bateaux, par les superpétroliers, par les pipelines. C’est par vers ce monde-là qu’on veut se diriger. On a le devoir de refuser ce qui se passe"
Manon Massé, députée de Québec solidaire allait dans le même sens : "Nous ne sommes pas pas une autoroute du pétrole et je pense ce que les gens sont venus dire." « Nous refusons que notre territoire soit réduit à une voie de passage pour le transport massif de pétrole qui met en danger notre joyau national, le fleuve St-Laurent. La situation actuelle de Sorel-Tracy est une caricature de l’avenir du Québec : tous les risques sont pour nous et tous les profits pour les grandes compagnies ! Les Québécois.es ont raison d’avoir peur du pétrole, nous ne sommes pas prêts à gérer les risques associés au transport de pétrole sur l’eau. Selon un comité d’experts mandaté par le gouvernement fédéral, seulement de 5 à 20 % des hydrocarbures pourraient être récupérés en cas de déversement dans le fleuve... Tant que les gouvernements continueront d’écouter seulement les grandes pétrolières et d’enfoncer le Québec dans le pétrole et les sables bitumineux, nous prendrons la rue !" [2]
Martine Ouellet , députée péquiste, insistait sur l’importance de la mobilisation citoyenne : " La mobilisation citoyenne a réussi à bloquer les gaz de schiste, la mobilisation citoyenne a réussi à ralentir Cacouna, je suis aussi certaine, qu’ici à Sorel-Tracy, on va réussir aussi." [3]
Laure Waridel d’Équiterre donnait toute la dimension de l’enjeu : "« En ce moment, l’exportation des sables bitumineux est bloquée à l’ouest par la Colombie-Britannique, et bloqué au sud par les États-Unis. La seule voie de sortie en ce moment, c’est le Québec, on a le pouvoir de les arrêter ». [4]
La constitution canadienne accorde le pouvoir de décision final au gouvernement canadien en matière de transport ferroviaire, maritime ou par pipeline. Mais ces projets peuvent être bloqués. Il en va de la défense de notre territoire. Comme le scandaient les manifestantEs de Sorel-Tracy : "nos vies valent plus que leurs profits". Une mobilisation citoyenne massive et déterminée peut bloquer ce tournant pétrolier. C’est dans sa mobilisation que réside l’essentiel du pouvoir du peuple québécois devant les catastrophes qu’on nous prépare.