Édition du 26 mars 2024

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Environnement

Mémoire de la Coalition Eau secours déposé par Eau Secours ! dans le cadre des consultations publiques sur Chalk River

La Commission canadienne de sûreté nucléaire souhaite connaître dans le cadre d’une consultation publique les informations supplémentaires dont la population aurait besoin pour évaluer adéquatement un projet d’installation de gestion des déchets près de la surface (IGDS) à Chalk River. Eau Secours ! a fait part de ses nombreuses inquiétudes face aux informations déjà disponibles dans l’énoncé des incidences environnementales, surtout en ce qui a trait aux impacts potentiels sur l’eau. Les effets néfastes appréhendés sur les bassins versants de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent sont particulièrement inquiétants.

Vous pouvez lire ci-dessous les commentaires sur l’énoncé des incidences environnementales pour le projet d’installation de gestion des déchets près de la surface présentés par Eau Secours ! à la Commission canadienne de sûreté nucléaire.

Commentaires

Notre organisme comprend que la Commission canadienne de sûreté nucléaire souhaite surtout connaître dans le cadre de cette consultation publique les informations supplémentaires dont nous aurions besoin pour évaluer adéquatement ce projet d’installation de gestion des déchets près de la surface (IGDS). Nous laissons les nombreux-ses expert-e-s qui ont déjà déposé leurs commentaires, tels que Tom Schwalb, Dr. Éric Notebaert et le Ralliement contre la pollution radioactive, élaborer sur le sujet. Nous appuyons leurs questionnements, leurs analyses et leurs recommandations. Nous choisissons plutôt de vous faire part de nos nombreuses inquiétudes face aux informations déjà disponibles dans l’énoncé des incidences environnementales, surtout en ce qui a trait aux impacts potentiels sur l’eau. Les effets néfastes appréhendés sur les bassins versants de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent interpellent particulièrement notre organisation.

En plus de nos commentaires et de nos recommandations, nous présentons en annexe une compilation de vidéos et de reportages qui expliquent la problématique des déchets nucléaires qui se sont accumulés au fil des ans à travers le monde.

Le site proposé n’est pas adéquat

Le site proposé n’est pas adapté pour l’entreposage à long terme de déchets radioactifs, vu son emplacement dans un marécage qui se draine dans la rivière des Outaouais. Cette rivière, d’une grande importance historique, culturelle et économique, approvisionne en eau potable Ottawa, Laval et la couronne nord de Montréal. Il nous semble donc insensé d’installer un dépotoir de déchets nucléaires près d’un cours d’eau aussi important que la rivière des Outaouais. Tous les risques pour l’eau de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent sont présentés plus bas.

De plus, le site proposé est situé au-dessus d’un substrat rocheux poreux et fracturé, ce qui facilitera l’écoulement et le ruissellement des eaux de pluie à travers les déchets nucléaires et jusque dans l’environnement. Le site se trouve également sur une ligne de faille sismique majeure, ce qui fait qu’un petit tremblement de terre survient tous les cinq jours en moyenne dans cette zone et que les secousses sismiques peuvent atteindre une magnitude de 6 sur l’échelle de Richter. Ces prédispositions ne sont pas sans rappeler l’accident nucléaire de Fukushima.

Les options plus sécuritaires ont été écartées

Le promoteur du projet semble avoir éliminé toutes les options d’enfouissement plus sécuritaires sous prétexte qu’elles coûteraient plus chères et qu’elles ne pourraient pas être opérationnelles dès 2020. Le dépotoir nucléaire ne sera sécurisé par aucun mur de béton ou ouvrage étanche, ce qui pose un risque sérieux pour la santé humaine des populations avoisinantes.

La sécurité de la population doit primer sur le rendement économique d’un consortium privé. Le promoteur doit mettre de côté sa soif de profits pour considérer des options plus sécuritaires pour enfouir ces déchets.

Les risques de contamination de l’eau sont élevés

La proximité du site de la rivière des Outaouais met à risque l’eau potable des populations en aval. Pendant la période de 50 ans de remplissage avant fermeture du dépotoir en 2070, la surface du site sera constamment exposée à la pluie et à la neige. Les précipitations pourront ainsi ruisseler vers les eaux souterraines, pour finalement atteindre la rivière des Outaouais.

Il existe un risque important qu’une fuite de déchets radioactifs contamine l’eau potable de millions de Canadiens et de Canadiennes. En effet, en cas d’accident nucléaire, ce serait toute l’eau de la rivière des Outaouais qui serait contaminée, mais également celle du fleuve Saint-Laurent, en aval. Il est important de rappeler qu’un cinquième de la population du Canada vit le long de ces deux plans d’eau, entre Ottawa et l’estuaire du Saint-Laurent, ce qui inclut les agglomérations d’Ottawa, Gatineau, Montréal et Québec.
Si le fleuve Saint-Laurent est contaminé, nous n’aurons aucun plan B pour assurer l’approvisionnement en eau d’une grande partie de la population québécoise. Il est irresponsable de risquer l’approvisionnement en eau potable de la population du bassin du Saint-Laurent pour stocker des déchets nucléaires. L’accident nucléaire de Fukushima montre qu’il est impossible de décontaminer l’eau ayant été en contact avec des matières radioactives et que les dommages à l’environnement, la faune, la flore et la santé humaine sont irréversibles.

Recommandations

Le promoteur doit trouver un endroit isolé (loin des zones urbaines), dans des structures géologiques stables (un roc à faible activité sismique) et éloigné des sources d’eau potable pour y installer un site d’enfouissement en profondeur, et non en surface. Ce site devrait bénéficier d’une sécurité maximale, avec une étanchéité et une intégrité qui dureraient des millénaires. Le site devrait faire l’objet d’un entretien rigoureux et sa radioactivité devrait être mesurée régulièrement, pendant les milliers d’années d’émission de radiations.

Bien que les centrales nucléaires soient souvent situées près de lacs ou de rivières en raison de la capacité de l’eau à stabiliser la radioactivité, ce dépotoir devrait être situé dans un lieu éloigné des sources d’eau douce et des sites géologiques instables afin d’éviter la contamination de l’eau potable.

Il faut donc renoncer à ce projet à Chalk River, qui ne correspond aucunement aux besoins d’un tel projet d’enfouissement de déchets nucléaires. Le promoteur doit retourner sur la planche à dessin et proposer un nouveau site, puisqu’établir une installation de gestion des déchets près de la surface sur le site de Chalk River est tout simplement irrecevable.

Nous sommes conscient-e-s de la nécessité de trouver un site pour disposer de ces déchets. Nous croyons cependant qu’un investissement supplémentaire devrait être réalisé afin de trouver un emplacement sécuritaire, stable, isolé et loin des sources d’eau potable.

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