Édition du 16 avril 2024

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LGBT

My Funny Valentine

Certains diront qu’à l’approche du 14 février, je suis une grande cynique, puisque j’entame l’année 2018, sous le signe du célibat… Or, en couple ou pas, j’ai toujours trouvé la Saint-Valentin surfaite et Cupidon risible. Un enfant en couche qui fait du tir à l’arc ? Chantons, « My Funny Valentine ».

tiré de : L’amour au féminin, prise 2 De Infolettre de Fugues

En fait, je n’ai jamais vraiment aimé la Saint-Valentin. Pour moi, c’est une fête grandement commerciale, sous le chapeau de l’hétéronormativité. Que c’est cliché, me direz-vous, en soulignant que je dénonce une fois de plus les dogmes de nos sociétés patriarcales. Eh bien oui. La Saint-Valentin, c’est l’hétéronormatif à son meilleur, cela ne vous en déplaise.

Inculqué, dès le plus jeune âge. Lorsque vous étiez à la maternelle ou dans vos classes du primaire, combien de fois la maîtresse (!) d’école vous a-t-elle fait dessiner un petit coeur, une petite carte qu’il fallait remettre à son « Valentin » ou sa « Valentine » ? Nous avons cessé de compter l’exercice, avant même de maîtriser les mathématiques ! Bien sûr, la petite fille devait aller remettre sa carte (synonyme de son amour secret, de son béguin) au petit gars et vice versa. Et ce, avant même de comprendre les règles de l’amour. Est-ce qu’aujourd’hui, en classe, une petite fille peut aller remettre sa carte à une autre petite fille et un petit gars à un autre petit gars, sans que Saint-Valentin se retourne dans sa tombe ? J’espère… car « Cupidon » cible parfois ses flèches de façon moins hétérocentrée… My Funny Valentine.

En fait, à l’adolescence, j’ai vécu un « événement traumatique » lié à la Saint-Valentin, qui ne m’a pas du tout fait apprécier cette « fête ». C’était en troisième secondaire. Mon Collège pour filles (!), organisait ce « concours » de Miss Saint-Valentin, afin d’élire une « chanceuse » qui repré-senterait sa classe.

Une poignée de romantiques présidentes de classe jubilaient à cette idée de s’exposer, ce que je considérais comme le comble du ridicule… J’étais bien trop occupée à m’entrainer pour les Olympiques… Cours, Julie, Cours ! Trop occupée à courir, la tomboy que j’étais, ne prêtait guère attention à ce « fameux » concours. Puis, c’est l’heure du tirage. Les présidentes de classes salivaient. Je ravalais ma salive, j’avais la bouche sèche. Le micro aappelé l’heureuse élue : Julie Vaillancourt. Je n’ai jamais été chanceuse aux tirages (et c’en est la prenve). Je voulais courir aux toilettes. Il était trop tard. Je devais plutôt me rendre sur le podium, pour réclamer mon prix. Celui de la honte, sous le regard envieux des présidentes de classes. Mes amies elles, étaient mortes de rire.

Et pour cause, je dois formuler un discours devant toutes les filles, sur l’importance de la Saint-Valentin. Voulez-vous rire ? La mascarade ne faisait que commencer : on m’enroule une écharpe autour de mon corps d’athlète, comme celles des concours de Miss Monde et Miss Univers. Sauf que là, c’était écrit « Miss Saint-Valentin » ! Exactement, je vous entends rire… La tomboy que j’étais n’avais rien d’une Miss Saint-Valentin, mais elle a dû parader toute la journée, avec cette bandoulière ridicule. Et AUCUNE boite de chocolat ne me fut donnée pour mieux faire avaler la pilule. My Funny Valentine… Avant d’être un standard jazz, la chanson aura d’abord été une comédie musicale. Je m’en souviendrai… My (not so) Funny Valentine…

Après avoir joué la comédie de Miss Univers au secondaire, mes Saint-Valentin subséquentes seront plutôt standard, quoique agréables et authentiques, à l’image de l’Amour qu’elles sont sensées évoquer. Un 15 ans d’amour réel, de moments heureux et difficiles, certes, comme dans tout couple. Un amour qui ne se résume pas aux boites de chocolats et déshabillées sexy offerts à la Saint-Valentin, pas plus qu’aux soupers à la chandelle du 14 février.

La Saint-Valentin n’a toujours été, pour moi, qu’une bonne excuse pour manger du chocolat, pour me bourrer la fraise sans remords. Astuce : c’est préférable de faire ses provisions le 15 février, le boxing day de Saint-Valentin, car tout est à 50% de rabais… Cours, Julie, Cours ! Alors, j’accours chez Jean Coutu, pas tant pour me chercher des amis, mais pour m’acheter une boite de Lowney, que je vais consommer lonely, cette année. Le chocolat aux cerises est l’un des meilleurs remèdes contre le célibat de la Saint-Valentin et la morosité de février. Une valeur ajoutée entre deux chocolats, chantonner avec Ella ou Sinatra, My Funny Valentine.

« My funny Valentine

Sweet comic Valentine

You make me smile with my heart

Your looks are laughable

Unphotographable

Yet you’re my favorite work of art

Is your figure less than Greek ?

Is your mouth a little weak ?

When you open it to speak

Are you smart ?

But don’t change a hair for me

Not if you care for me

Stay little Valentine, stay

Each day is Valentine’s Day »

julievaillancourt@outlook.com Instagram : juliecurlymusic 1.

My Funny Valentine (Paroles : Lorenz Hart/Richard Rodgers) © Warner/Chappell Music, Inc., Imagem Music Inc

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