Édition du 26 mars 2024

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Personnes exclues du marché du travail : en faisant courir les préjugés, le Ministre Blais participe au problème.

Montréal, 29 janvier 2015. Comme plusieurs avant lui, l’actuel ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, a choisi d’utiliser les préjugés pour justifier des coupures pour les personnes les plus démunies. Pourtant, ce procédé maintes fois utilisé n’a jamais aidé les personnes qui veulent se sortir de l’aide sociale.

« Le ministre dit qu’il veut permettre aux personnes assistées sociales de retourner sur le marché du travail, mais pense-t-il que les employeurs vont accepter d’embaucher ces personnes s’ils en croient les préjugés que véhicule lui-même le ministre ? » se questionne François Brosseau, militant à l’ADDS de Montréal, un groupe membre du Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ).

En conférence de presse du 28 janvier 2015, le ministre a dit vouloir permettre à plus de personnes de réintégrer le marché du travail, mais en a profité pour écorcher une fois de plus l’intégrité des prestataires de l’aide de dernier recours en mettant l’emphase sur des cas particuliers qu’il fait passer pour des inégalité entre personnes assistées sociales. « Partager un logement à plusieurs quand tu reçois 616$ par mois, c’est juste logique. Les logements coûtent cher, les listes d’attente pour un HLM sont sans fin. Ce qu’on est en train de faire, c’est de pénaliser l’entraide, de pénaliser la survie. » déclare M. Brosseau. La vie en colocation est une des situations à laquelle s’attaque le ministre et qui serait une source d’injustice.

Affirmant vouloir favoriser la disponibilité des personnes pour un éventuel emploi, il limitera également les possibilités de sortir du Québec. « Il faudrait bien que le Ministre Blais garde en tête que ce n’est qu’une minorité des prestataires considéréEs « sans contraintes à l’emploi » qui pourraient réellement réintégrer le marché du travail demain matin. Son ministère est en possession de ces informations bien qu’il tente de le faire oublier en prétendant que les personnes assistées sociales se payent des voyages dans le Sud au lieu de se chercher une job. Tant pis si ça empêche une personne d’aller visiter un parent malade en dehors du pays. » regrette Geneviève Guernier, coordonnatrice à l’interne au FCPASQ.

L’approche punitive qu’adopte le Ministre Blais est une vieille recette bien connue des personnes assistées sociales et des groupes qui défendent leurs droits. « Depuis toujours on justifie des compressions en créant des crimes dont seraient coupables les pauvres. Ces personnes humiliées, habituellement, n’osent pas prendre la parole pour rétablir la vérité et la population se laisse convaincre. » dénonce-t-elle.

Pour Mme Guernier, enfoncer les personnes dans la honte n’est pas une solution. « Dans notre société, c’est par le travail qu’on devient quelqu’un. Et ce qu’on voit dans nos groupes, c’est que les gens veulent travailler. Même les personnes qui ont des problèmes de santé graves rêvent souvent de retourner à l’emploi occupé avant de tomber à l’aide sociale. Si le gouvernement permettait aux personnes de se sortir de leur pauvreté, de se sortir des maladies que la pauvreté amène, non seulement il verrait ses dépenses en santé et service sociaux diminuer, mais il se retrouverait avec une petite armée de personnes motivées et prêtes à aller travailler le matin dans ces beaux emplois qu’il nous promet. »

Le Front commun des personnes assistées sociales du Québec est un regroupement d’une trentaine d’organismes de défense collective des droits des personnes assistées sociales dont la mission est la défense et la promotion des droits économiques, sociaux et culturels de ces personnes exclues du marché du travail et qui vivent dans la pauvreté.

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