Édition du 26 mars 2024

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Politique québécoise

Plan Nord : il faut maintenant aller au-delà de la rhétorique

C’est le 30 janvier dernier que le groupe étudiant Humaniterre, de HEC – Montréal, a tenu la Conférence Plan Nord : impact économique, social et environnemental. L’événement était structuré autour de trois tables rondes : une première table regroupait des conférenciers de l’industrie ; une deuxième était composée de représentants de la société civile (Christian Simard de Nature Québec, Ugo Lapointe de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine et Robert Laplante de l’IREC) ; enfin une troisième table donnait la parole à des acteurs politiques (Alain Paquet du PLQ, Martine Ouellet du PQ et Amir Khadir de QS). Pour ceux qui sont intéressés, on peut visionner toutes les vidéos de la conférence à l’adresse suivante : http://www.hec.ca/developpement_durable/projets/conference_plan_nord.html

Les échanges ont été aussi vifs que fructueux. Une conclusion s’impose en bout de course : les paramètres du débat sont fixés. Les panelistes ont bien dressé l’éventail des choix qui s’offrent au Québec. A défaut d’information nouvelle, les discussions risquent de s’empêtrer dans la rhétorique. Le document du Plan Nord reste flou sur la plupart des sujets névralgiques et les échanges ont bien montré qu’il est difficile d’aller plus loin sans que ne soient versées de nouvelles pièces au dossier. Que sait-on de l’impact sur le plan stratégique d’Hydro-Québec de l’ajout de 3 500 mégawats sans le dépôt des études de coût ? Que peut-on dire de la deuxième et la troisième transformations si aucune précision n’est donnée sur une politique industrielle encadrant et accompagnant les projets des minières ? Que peut-on dire de l’effet sur le développement local et régional du choix de multiplier les camps miniers et le navettage plutôt que de soutenir le peuplement des localités sans modèle de prévision de main-d’œuvre, sans analyse des avantages comparés des choix d’établissement ? La liste des questions pourrait être très longue.

Le Plan Nord, dans l’état actuel des choses, est bien davantage une figure idéologique, un enrobage politicien qu’un projet de développement étoffé. La part d’improvisation est au moins aussi grande que celle du non-dit sur lequel le gouvernement Charest construit une vaste opération de relations publiques. À l’heure où le ministre délégué aux mines Serge Simard déclare qu’établir des objectifs contraignants pour stimuler la transformation relèverait d’un protectionnisme mal toléré par les grands investisseurs, on comprend bien que le laisser-faire ne justifie guère de produire davantage d’information. Les contribuables, pour l’instant, doivent se contenter des poncifs sur la création de la richesse, des exclamations sur la hauteur des investissements et autres balivernes qui ne fournissent guère d’assises solides pour la tenue d’un débat éclairé.

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