Les échanges ont été aussi vifs que fructueux. Une conclusion s’impose en bout de course : les paramètres du débat sont fixés. Les panelistes ont bien dressé l’éventail des choix qui s’offrent au Québec. A défaut d’information nouvelle, les discussions risquent de s’empêtrer dans la rhétorique. Le document du Plan Nord reste flou sur la plupart des sujets névralgiques et les échanges ont bien montré qu’il est difficile d’aller plus loin sans que ne soient versées de nouvelles pièces au dossier. Que sait-on de l’impact sur le plan stratégique d’Hydro-Québec de l’ajout de 3 500 mégawats sans le dépôt des études de coût ? Que peut-on dire de la deuxième et la troisième transformations si aucune précision n’est donnée sur une politique industrielle encadrant et accompagnant les projets des minières ? Que peut-on dire de l’effet sur le développement local et régional du choix de multiplier les camps miniers et le navettage plutôt que de soutenir le peuplement des localités sans modèle de prévision de main-d’œuvre, sans analyse des avantages comparés des choix d’établissement ? La liste des questions pourrait être très longue.
Le Plan Nord, dans l’état actuel des choses, est bien davantage une figure idéologique, un enrobage politicien qu’un projet de développement étoffé. La part d’improvisation est au moins aussi grande que celle du non-dit sur lequel le gouvernement Charest construit une vaste opération de relations publiques. À l’heure où le ministre délégué aux mines Serge Simard déclare qu’établir des objectifs contraignants pour stimuler la transformation relèverait d’un protectionnisme mal toléré par les grands investisseurs, on comprend bien que le laisser-faire ne justifie guère de produire davantage d’information. Les contribuables, pour l’instant, doivent se contenter des poncifs sur la création de la richesse, des exclamations sur la hauteur des investissements et autres balivernes qui ne fournissent guère d’assises solides pour la tenue d’un débat éclairé.