Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Premières Nations

Québec solidaire et les peuples autochtones

Mot de nos porte-paroles

Bonjour,

Depuis sa fondation en 2006, Québec solidaire a toujours exprimé une grande solidarité envers les peuples autochtones du Québec et du Canada. Nous avons dénoncé les injustices passées et actuelles auxquelles ces peuples sont confrontés. Nous avons aussi appuyé leurs luttes pour améliorer leurs conditions de vie, des conditions indignes d’un pays comme le Canada. Nous avons soutenu leurs efforts incessants pour reprendre le contrôle de leur territoire et de leur avenir en tant que nations.
Aujourd’hui, les luttes des peuples autochtones sont portées par l’élan d’une mobilisation croissante à laquelle s’allient de plus en plus de non-autochtones. Nous saluons ce mouvement et nous joignons notre voix à celle des peuples autochtones. Il est temps d’arriver à un véritable progrès politique, économique et social de ces nations avec qui nous partageons le territoire.

En effet, l’histoire du Québec et du Canada est liée de près au devenir des peuples autochtones. Ils en ont souvent souffert, malheureusement. Notre avenir en tant que peuple ne peut donc se faire sans répondre à leurs revendications. Il est de notre devoir de permettre une véritable autonomie aux nations autochtones, en y allouant les ressources nécessaires. Il n’y aura pas de véritable progrès au Québec sans que les peuples autochtones en fassent partie.

Nous vous invitons donc à consulter ce document. Il réunit l’ensemble des positions adoptées par Québec solidaire concernant les nations autochtones et les enjeux qui les touchent. Nous voulons ainsi souligner l’importance de ce sujet pour notre parti. Surtout, nous voulons inciter nos membres et nos alliés à en faire une question toujours présente.

Nous appelons donc, encore une fois, à la solidarité avec les luttes des peuples autochtones. Parce que l’avenir du Québec passe aussi par l’avenir de ces nations !

Françoise David

Andrés Fontecilla
porte-parole de Québec solidaire
Juillet 2013

1. Contexte politique actuel dans le monde autochtone

Depuis des décennies, les peuples autochtones du Canada voient leurs droits bafoués par les gouvernements qui se succèdent à Ottawa. La pauvreté mine plusieurs communautés.

L’adoption récente de la loi C-45 est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Cette loi élimine les protections environnementales pour des milliers de lacs, rivières et cours d’eau. Déjà, avec l’adoption de la loi C-38, la construction de pipelines et de lignes électriques n’est plus régie par la loi qui protège les voies navigables. Le gouvernement Harper veut clairement faciliter l’exploitation pétrolière au détriment de toute règle environnementale. Maintenant, avec C-45 le processus de consultation des Premiers peuples quant aux projets qui les concernent est dramatiquement réduit. Cela heurte de plein fouet la souveraineté des Premiers peuples.

Le mouvement Idle no more, largement initié par des femmes autochtones, n’est pas un mouvement marginal. Chaque jour, la mobilisation prend de l’ampleur et réunit des gens de la base, exaspérés par l’immobilisme et le mépris gouvernemental.

Au mois de janvier dernier, Québec solidaire est allé appuyer officiellement l’action courageuse de madame Theresa Spence à Ottawa. Québec solidaire a également appuyé le mouvement Idle no more en participant à différentes actions dans plusieurs villes du Québec. Rappelons que ces deux mouvements ont obligé le premier ministre Stephen Harper à accepter de rencontrer les représentants et représentantes des Premières nations.

Nous avons profité de l’occasion pour appeler à la solidarité avec les nations autochtones pour que leurs droits ancestraux soient respectés, conformément à la Déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples autochtones.

Les inquiétudes et demandes exprimées par la Chef Spence et par le mouvement Idle No More dans ses multiples factionssont légitimes. L’érosion des normes environnementales, l’exploitation accélérée des ressources naturelles, le non-respect des traités et de la souveraineté des nations autochtones, la pauvreté dans les communautés sont autant de sujets qui touchent directement les autochtones. Ces sujets méritent l’attention du premier ministre du Canada.


2. Reconnaissance politique des Premiers peuples

Québec solidaire est favorable à l’établissement d’un rapport de nation à nation avec les nations autochtones et à l’application sans restriction de la Déclaration des Nations Unies pour les droits des peuples autochtones (DNUDPA).

Évoquons quatre articles de la Déclaration :

 • L’article 3 affirme clairement le droit des peuples autochtones à disposer d’eux-mêmes ainsi qu’à déterminer librement leur statut politique et leur développement économique, social et culturel.
 • L’article 26 affirme le caractère inaliénable des droits ancestraux essentiels au développement de l’identité culturelle des peuples autochtones.
 • Les articles 22 et 44 garantissent l’application des droits et libertés à tous les autochtones,hommes et femmes, et appellent les États et les organisations autochtones à veiller à ce que les femmes et les enfants jouissent de la protection et des garanties voulues contre toutes les formes de violence et de discrimination.

Québec solidaire reconnaît que la souveraineté des peuples autochtones signifie d’avoir le libre choix de leur avenir et qu’il s’agit là d’un droit inhérent. Il nous faut reconnaître cette réalité et éviter d’avoir une politique de « deux poids, deux mesures ». Le peuple québécois ne peut refuser aux autres peuples ce qu’il revendique pour lui-même : le droit à l’autodétermination. Il ne s’agit pas là d’une question de nombre, mais de droit fondamental. Québec solidaire reconnaît que des relations égalitaires avec les peuples autochtones nécessitent le remplacement de l’a priori de « l’intégrité territoriale » du Québec par une tout autre notion, celle de la nécessaire cohabitation sur un même territoire de peuples souverains pouvant disposer librement de leur avenir.

Cette position devrait permettre des relations plus harmonieuses, puisque qu’elles seront basées sur le respect et la confiance mutuelle. Une telle reconnaissance devra évidemment avoir des répercussions bien concrètes, territoriales et autres, permettant de réparer les injustices dont sont toujours victimes les peuples autochtones et assurant leur plein développement social, culturel, économique et politique.

Québec solidaire reconnaît notamment que la lutte contre le racisme dont sont victimes les autochtones demeure un des enjeux clés d’une réelle reconnaissance de leurs droits.


3. Accès aux territoires et aux ressources

Québec solidaire s’engage à ce que tout projet de développement économique affectant le territoire des communautés autochtones soit assorti d’une entente avec ces communautés, sur le type de développement et les modalités qui répondraient à leurs aspirations.

Dès 2007, Québec solidaire s’engageait aussi à « faire adopter, sans condition, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones par l’Assemblée nationale et à l’appliquer ».

Cette déclaration internationale, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en septembre 2007 et à laquelle le Canada a finalement accepté d’adhérer du bout des lèvres, après des années d’hésitations, spécifie à l’article 27 : « Les États mettront en place et appliqueront, en concertation avec les peuples autochtones concernés, un processus équitable, indépendant, impartial, ouvert et transparent prenant dûment en compte les lois, traditions, coutumes et régimes fonciers des peuples autochtones, afin de reconnaître les droits des peuples autochtones en ce qui concerne leurs terres, territoires et ressources, y compris ceux qu’ils possèdent, occupent ou utilisent traditionnellement, et de statuer sur ces droits ».

Reconnaître les droits nationaux et territoriaux des peuples autochtones, obtenir leur consentement avant tout pour le développement de leurs territoires ancestraux, conclure des ententes, de gré à gré, d’égal à égal, n’est cependant pas qu’une question de respect de nos obligations internationales. C’est aussi et surtout la seule manière d’assurer des relations pacifiques, harmonieuses, respectueuses, avec des peuples avec lesquels nous cohabitons et avec lesquels les générations à venir continueront à cohabiter. C’est beaucoup plus important que les calculs à court terme, qu’ils soient économiques ou électoraux !

Rappelons que Québec solidaire prône une décentralisation des pouvoirs vers les régions et les communautés territoriales. Dans ce modèle défendu par les Solidaires, les communautés doivent cohabiter sur leur territoire avec les peuples autochtones autonomes qui y habitent et partager avec eux l’usage de leur territoire en vertu d’ententes, négociées de nation à nation, en y impliquant les communautés régionales et locales.

Enfin, la vision écologique que porte Québec solidaire devra colorer toute négociation future. Les discussions ne seront assurément pas les mêmes si l’occupation d’un territoire est considérée comme une responsabilité que nous devons partager, autochtones comme non autochtones, plutôt que comme une façon d’exploiter et de marchander des ressources jusqu’à leur épuisement comme le permettent de nombreux États et comme le font trop d’entreprises.


4. Conditions de vie

Depuis 1876, la Loi sur les Indiens comporte des discriminations importantes pour les Premières Nations, et encore plus pour les femmes autochtones.
Québec solidaire demande au gouvernement canadien de régler toutes les injustices contenues dans la Loi sur les Indiens.

La situation des peuples autochtones est à plusieurs égards tout simplement scandaleuse. Dans les communautés, les conditions de logement sont souvent déplorables, tout comme le sont l’ampleur de la pauvreté, l’absence d’emploi, l’analphabétisme, le faible niveau de scolarité. L’espérance de vie est plus basse que dans la population québécoise. L’alcoolisme, la toxicomanie, la violence faite aux femmes et aux enfants gangrènent le tissu social. Le suicide est un fléau, surtout chez les jeunes.

Hors réserve, trop d’Autochtones doivent vivre l’isolement, la perte d’identité et de repères, le racisme, l’itinérance et là aussi le cercle vicieux de l’alcool, des drogues, de la violence et du suicide.

Québec solidaire s’engage notamment à appuyer les initiatives du regroupement des centre d’amitiés autochtone du Québec et autres organismes autochtones travaillant dans le même sens dans leur démarche visant à améliorer les conditions de vie des autochtones vivant hors réserve .

5. Femmes autochtones

Tel que mentionné auparavant, La Loi sur les Indiens impose des discriminations importantes aux femmes autochtones.Québec solidaire s’engage à appuyer fermement les démarches des femmes autochtones du Québec pour le respect de leurs droits fondamentaux, plus particulièrement le droit à la sécurité, notamment en haussant le financement des maisons d’hébergement pour femmes autochtones et des organismes venant en aide aux femmes victimes de violence.

Québec solidaire s’engage également à proposer un plan d’action pour lutter contre le racisme dont les peuples autochtones sont l’objet, en tenant compte d’une analyse différenciée selon le sexe.
En mars 2013, pendant la visite de la Commission vérité et réconciliation au Québec, l’organisme Femmes autochtones du Québec lançait une importante pétition pour faire reconnaître l’histoire autochtone. Les buts de cette pétition étaient :

1. De réformer le programme d’histoire au secondaire pour y inclure l’histoire des Premières nations, des Métis et des Inuit, incluant le douloureux épisode des pensionnats comme exemple des politiques d’assimilation que le gouvernement canadien a mis en oeuvre dans l’ensemble du pays pour faire disparaître la présence autochtone au Canada ;
Québec solidaire adoptera une politique globale en itinérance, incluant les autochtones en milieu urbain.

2. D’inclure les organisations autochtones représentatives et ses spécialistes dans le processus de réforme du programme d’histoire

Le député Amir Khadir fût le fier parrain de cette pétition. Le 17 mai dernier, Viviane Michel, présidente de FAQ, et Amir Khadir, député QS de Mercier, ont déposé la pétition appuyée par ses 4 411 signataires à l’Assemblée nationale du Québec.


6. Culture, langue et histoire autochtone

Québec solidaire s’engage à soutenir activement les efforts effectués par les communautés autochtones pour diffuser, se réapproprier ou conserver leurs langues traditionnelles.

C’est d’ailleurs en respect de cet engagement qu’en 2009, M. Khadir a déposé la motion suivante à l’Assemblée nationale :

« Que l’Assemblée nationale souligne le premier anniversaire des excuses officielles du Canada qui a, par la voix de son premier ministre Stephen Harper, demandé pardon aux anciens élèves des pensionnats indiens pour les souffrances subies et l’effet néfaste des pensionnats sur leur culture, leur patrimoine et sur les langues autochtones ».

La réappropriation des cultures et des langues traditionnelles par les communautés autochtones est d’autant plus vitale pour les communautés qui ont subi le processus d’acculturation forcée des pensionnats autochtones. Le président de Québec solidaire par intérim, André Frappier, était présent aux audiences de la Commission Vérité et réconciliation à Montréal en avril 2013. Et tel que le rappelait Françoise David, porte-parole parlementaire de Québec solidaire :

« Pendant plus de 100 ans, ce sont plus de 150 000 jeunes Autochtones qui ont été enlevés à leurs familles pour être placés dans des institutions religieuses afin d’être « éduqués et civilisés » ; entre 70 000 et 80 000 Autochtones, Inuits et Métis qui ont vécu l’expérience des pensionnats sont toujours vivants aujourd’hui au Canada et parmi ceux-ci nombreux témoignent de leurs expériences d’assimilation aux auditions de la Commission.

« Nous tenons à les remercier pour leur courage et leurs témoignages qui, nous l’espérons vivement, contribueront à cicatriser des blessures persistantes et, mieux encore, à la reconnaissance de leur histoire et de leur culture.

« Toutefois, je tiens à rappeler que la réconciliation ne sera possible qu’en présence d’un engagement véritable à résoudre les problèmes sociaux qui sont l’héritage des pensionnats et pour lesquels il n’y a toujours pas de solution. »



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