Édition du 26 mars 2024

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Québec

Qui surveille l'industrie du sondage au Québec ?

28 juin 2014

Voici la description de notre collectif : Page Facebook : https://www.facebook.com/groups/132551100242745/

"Un groupe de citoyen-ne-s qui trouve que l’industrie des sondages n’est pas assez encadrée légalement.

Un groupe de citoyen-ne-s qui considère que le public a le droit de connaître les groupes d’intérêts (compagnies, partis politiques, lobby) qui payent pour faire faire les sondages et qui demandent, lorsque cela avance leurs intérêts, la diffusion des résultats de ces sondages.

Un groupe de citoyen-ne-s qui constate que les employés de ces compagnies travaillent dans des conditions difficiles.

Le Collectif RISQ a été créé afin d’amener les gouvernements fédéral et provincial à légiférer pour protéger les citoyens, les consommateurs et les employés face à une industrie devenue beaucoup trop influente sur notre société."

Les sondages d’opinion sont des instruments politiques très puissants, surtout dans le cadre d’une campagne électorale ou de débats publics importants comme celui sur la « Charte des valeurs ». L’industrie du sondage au Québec n’est pourtant encadrée par aucun organisme public, comme c’est le cas dans plusieurs pays, dont la France,

Le Collectif RISQ (Collectif pour la règlementation de l’industrie du sondage au Québec) propose différentes mesures d’encadrement pour assurer la protection du public contre les manipulations de l’opinion induites par les sondages biaisés et le manque de transparence. Pour y arriver, nous proposons deux choses : la création d’un centre de contrôle et d’éthique de l’industrie du sondage et l’interdiction de publication des résultats en période électorale.

Un organisme public de contrôle est nécessaire

Le centre de contrôle public aurait pour mandat d’évaluer tous les projets de sondages soumis par les entreprises et d’octroyer des permis pour chacun des sondages d’opinion réalisés au Québec. La méthodologie et le caractère éthique des questionnaires seraient évalués et des obligations de transparence sur les commanditaires, les questions et les échantillons seraient imposées. La multiplication des méthodologies utilisées et le caractère non-probabiliste de plusieurs sondages, souvent réalisés par internet, provoquent beaucoup de confusion et de désinformation.

Les entreprises de sondages, qui sont là avant tout pour vendre leurs services, se présentent aussi comme des commentatrices objectives de l’actualité politique lors des campagnes électorales. Ceci leur confère beaucoup trop d’influence politique. De plus, leur indépendance peut être mise en doute lorsqu’il y a une trop grande proximité avec les partis politiques. C’est le cas, par exemple, pour Léger Marketing, dont le président est Jean-Marc Léger, le frère Nicole Léger, l’actuelle ministre de la famille péquiste. Il en va de même pour CROP qui est réputée être plus près du clan libéral.

Interdiction des sondages en période électorale

Lors de la dernière campagne électorale provinciale, les sondages ont joué un rôle important en rapportant les grands mouvements d’opinion, témoignant d’un renversement de tendance radical vers la mi campagne. Même si lors du dernier scrutin québécois les sondeurs ont su prédire assez fidèlement les résultats finaux (ce qui est loin d’être toujours le cas), on peut se demander en quoi cela a pu influencer le vote final dans l’urne.

À la Commission Charbonneau, nous apprenions le 12 juin dernier que la firme d’ingénierie Roche avait en 2008 commandé un sondage « truqué », publié la veille du vote par anticipation, donnant le candidat libéral Germain Chevarie gagnant à plus de 50%. Cette manipulation du vote est un geste extrêmement grave en démocratie. Nous croyons à tort que ce genre de pratiques est l’apanage des pays sous dictature, mais cela s’est bel et bien passé ici même au Québec.

Afin de préserver un espace de débat démocratique, nous proposons que la réalisation et la diffusion de résultats de sondages soient interdites au Québec dans le cadre des élections provinciales. En Europe, la réalisation et la publication de sondages électoraux est interdite ou restreinte dans certains pays. En Italie, toute publication est interdite 15 jours avant la date du scrutin, alors que c’est 30 jours au Luxembourg. Au Canada, une seule restriction s’applique, soit l’interdiction de diffusion de résultats de sondages le jour de l’élection, alors qu’aucune réglementation ne s’applique pour l’instant au Québec.

Selon nous, les électrices et électeurs devraient faire leur choix électoral sur la base des idées et plateformes des candidats, les enjeux politiques discutés, les débats et les entrevues, plutôt qu’en suivant les mouvements de masse rapportés par les sondages, et qui plus est ne sont pas toujours fiables. Cette influence et nuisible à l’exercice démocratique en réduisant la profondeur du débat politique et en exacerbant la compétition entre gagnants et perdants.

Le Collectif RISQ est convaincu qu’une réglementation appropriée de l’industrie du sondage permettra d’améliorer la vie démocratique en permettant de mettre sur le même pied toutes les opinions politiques lors des campagnes électorales. Nous espérons que notre message sera entendu et repris par les citoyennes et les citoyens de toutes les allégeances politiques.

Cet appel est cosigné par Sébastien Rivard, Louis-Raphaël Pelletier, Serge Leclerc, Bertrand Guibord, Francis Lagacé, François Guillet et Pierre-Louis Cauchon.

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