Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Féminisme

Quoi… les femmes… Une mesure si sociale !!!

Quoi de plus sociale que moduler les coûts en fonction des revenus. Personne ne peut être en désaccord avec cela. C’est la justice la plus sociale possible vu l’objectif d’atteindre l’équilibre budgétaire.

Alors pourquoi toute cette grogne !

Parce que cela va coûter cher mais en plus le gouvernement ne peut dire combien vu les différentes déductions. Madame Robillard parle, elle, de frais à 35 $ par jour comme mesure plus réaliste pour les familles et moins cher !!!! que celle de monsieur Couillard. Et les jeunes qui s’étaient mis à faire des enfants…les voilà dans l’embarras de réussir, eux et elles, aussi leur équilibre budgétaire.

Mais en creusant un tout petit peu, on trouve l’insidieux de la mesure. « Les enfants t’appartiennent : paie pour surtout si t’as de l’argent : c’est pas à l’État de voir à ça » Là est le fondement de la mesure. C’est l’égoïsme porté socialement.

La maternité est un geste éminemment social. Les femmes font des enfants pas pour elles mais pour la survie de l’humanité, pour assurer les descendances. Il faut reconnaître ce choix social. Mais les mesures proposées par monsieur Couillard et son gouvernement supposent tout le contraire. Le fait d’avoir des enfants devient une décision privée, un choix de couple, la création d’une vie de famille dans son giron domestique. Donc pas étonnant de faire payer les familles. C’est la notion de l’utilisateur payeur. Mais reconnaître socialement la maternité, c’est s’assurer que toute la société paie pour les enfants. C’est déprivatiser les coûts et assurer leur universalité, tout le monde doit payer pour l’avenir de l’humanité. C’est l’importance du tarif unique pour tout le monde.

La conséquence la plus grave de cette notion de faire payer les familles, c’est que ce sont les femmes qui vont se voir contrainte dans bien des cas d’assumer les surplus financiers. C’est souvent au détriment de leur autonomie financière qu’elles vont devoir le faire : opter pour du travail à temps partiel, abandonner leur emploi, utiliser du gardiennage au noir etc.
Avec ces coupures dans les services de garde, le gouvernement introduit des idées très dangereuses pour l’autonomie des femmes.

Mais la dette

Mais la dette est là…il faut ce qu’il faut…il faut payer 4 milliards en un an…Madame Robillard devient une madame ciseaux. Couper partout et tout le monde….Pierre Fortin a raison : cette folie furieuse va entraîner une récession à court terme.

Car, ne nous leurrons pas ces coupures ce sont des fermetures de postes et des licenciements. Beaucoup de départs à la retraite et cela se fera sans mal... Non, non, non, ce sont des fermetures de postes que les jeunes ne pourront occuper.

Mais cette fureur de l’équilibre et des coupures cache-t-elle autre chose ? En fait c’est l’excuse idéale pour modifier les missions de l’État, en finir avec les mesures de justice sociale, introduire la notion d’utilisateur payeur : garderie, pont à payage etc… et justifier le recours à l’entreprise privée. Voilà la recette miracle de la mondialisation capitaliste : tout au privé, les profits, les services tout, tout, tout. L’État n’est là que pour assurer l’ordre et encore…il y a les agences de sécurité.

En fait, nous assistons à une démolition en règle de l’État social. Et madame Robillard est à l’avant-garde de ce scénario. Monsieur Couillard l’a trouvera-t-il trop promoteur de changements pour accepter ces propositions ? On verra.

Et les ministres…

Madame Payette a dénoncé aux états généraux des femmes du Syndicat des professionnels et professionnelles du gouvernement du Québec (SPGQ) l’inertie des femmes ministres. Mais qui ne dit mot consent et quand on voit madame Charbonneau défendre son projet de loi ou madame Thériault intervenir dans les dossiers de justice et madame Robillard manier les ciseaux ce qu’on voit c’est que ces femmes assument les mesures et même les promulguent. Elles jouent un rôle essentiel dans le gouvernement. Ne nous y trompons pas. Leur silence est en fait celui du consentement.

Mais, il est clair que ces femmes ne défendent pas les droits de toutes les femmes. Car en bout de compte ce sont les femmes qui vont en subir les plus grands torts que ce soit en frais de garderie, en pertes de postes, d’avancement, de précarisation de leur travail, en coupures de subventions, de services, d’allocations d’aide… et tout ce qui viendra…

Monsieur Couillard, le 9 novembre vous aurez peut-être une meilleure idée de l’ampleur et des effets de vos coupures. Nous ferons tout pour vous le dire.

Chloé Matte Gagné

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