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Corruption

Rapport sur l'éthique au MTQ - Quand sortira-t-on le loup de la bergerie ? (SPGQ)

QUÉBEC, le 1er sept. 2016 - Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) accueille avec frustration les conclusions d’un « nouveau » rapport de l’Institut d’éthique appliquée de l’Université Laval, commandé en 2013 par le ministère des Transports (MTQ). Ce rapport conclut que l’exercice de pressions externes inappropriées perdure au sein du MTQ et que la frontière entre le politique et l’administratif n’y est toujours pas respectée.

« Malgré les conclusions du rapport de la commission Charbonneau, nous n’arrivons pas à régler le problème de l’influence indue des entrepreneurs et lobbyistes dans la gestion des projets du plus gros donneur de contrats publics au Québec. Ce rapport remis au MTQ en août 2014, mais dévoilé publiquement deux ans plus tard, révèle que les loups sont toujours dans la bergerie », s’indigne Richard Perron, président du SPGQ.

Le gouvernement devrait pourtant se souvenir que la perte d’expertise au MTQ et le recours massif aux firmes de génie, dans les années 2000, se sont traduits par l’entrave du rôle du MTQ, lequel n’arrivait plus à assurer un véritable suivi de ses travaux et à en contrôler les coûts. Le SPGQ condamne donc l’absence d’indépendance des professionnels et la direction du MTQ qui s’engage dans la voie du pernicieux réflexe du recours abusif aux firmes privées. On le voit, le délestage de l’expertise interne du MTQ mène à une gestion de risque moins efficiente, ouvrant ainsi la porte au gaspillage de nos ressources collectives.

Le SPGQ exprime un doute sérieux à l’endroit de nombreuses déclarations du gouvernement qui promet de mettre fin à la dépendance contractuelle donnée à l’externe et de diminuer la quantité de contrats, de consultants et d’occasionnels à l’emploi des ministères et des organismes.

Richard Perron croit que la conjoncture est très favorable pour faire valoir l’importance d’investir dans les experts du gouvernement. La commission Charbonneau a montré que la perte d’expertise au ministère des Transports a pavé la voie à la corruption et à la collusion. Le fiasco des projets informatiques, cédés à l’externe, a prouvé l’importance de renforcer le rôle des professionnels du gouvernement, qu’ils soient analystes informatiques ou comptables. « Ces professionnels servent souvent à débusquer les entourloupettes que les entreprises privées voudraient nous faire avaler dans des contrats. C’est donc un investissement que de rebâtir l’expertise interne », mentionne M. Perron.

À cet effet, le président du SPGQ rappelle que le premier ministre lui-même a demandé à l’ancien président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, de « préserver l’expertise de l’État dans les domaines stratégiques », lors de la cérémonie de prestation de serment du Conseil en avril 2014. « Préserver l’expertise passe par de meilleures conditions de travail et de rémunération pour les professionnels », croit M. Perron qui invite l’actuel président du Conseil du trésor, M. Carlos Leitão, à en prendre bonne note.

Les augmentations salariales faméliques prévues pour les employés de la fonction publique sont le pire signal que puisse envoyer le gouvernement aux jeunes qui pourraient être intéressés par une carrière dans la fonction publique. « D’importants investissements pour l’embauche de ressources supplémentaires et la formation sont primordiaux pour la reconstruction de l’expertise interne. La fonction publique devrait plutôt se montrer attirante et cesser de projeter une image négative d’employeur sans le sou », suggère M. Perron.

Dans le cadre du renouvellement des conventions collectives, le SPGQ propose de soutenir davantage le développement des compétences, notamment en augmentant le nombre de jours de formation. « Il y a urgence de considérer la rémunération des experts de l’État représentés par le SPGQ comme un investissement pour la saine gestion intègre des fonds publics, et non comme une dépense. Le gouvernement a maintenant l’occasion, dans le cadre des présentes négociations, de valoriser l’expertise du personnel professionnel de l’État québécois comme le recommande la commission Charbonneau », conclut le président du SPGQ.

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