Édition du 16 avril 2024

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Environnement

TransCanada (la hors-la-loi) amorce ses travaux dans le Saint-Laurent

Des groupes environnementaux, dont Greenpeace, et des groupes et citoyens s’inquiètent (1) des travaux de relevés sismiques de TransCanada qui débuteront incessamment dans le Saint-Laurent à la hauteur de Saint-Augustin-de-Desmaures dans le cadre du projet d’oléoduc Énergie Est.

Tiré du site de Greenpeace Canada.

Si le passé est garant de l’avenir (TransCanada a enfreint la loi à plusieurs reprises dans le passé), nous doutons grandement de la capacité de la pétrolière à respecter les mesures imposées par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC). Le maire de Saint-Augustin-de-Desmaures, Sylvain Juneau, s’oppose d’ailleurs à ces travaux et au passage du pipeline sur le territoire de sa municipalité lui qui a déclaré que « même s’ils nous offrent des millions de dollars, nous n’en voulons pas [du pipeline] ». Le tuyau d’un mètre de diamètre traverserait le fleuve, des zones agricoles et des zones aquifères et un déversement majeur souillerait le fleuve Saint-Laurent sur une distance de plus de 200 kilomètres.

Les groupes appellent également la population de la région à faire preuve de vigilance et à rapporter toute anomalie (bruit excessif, mortalité de poissons, dérangement d’oiseaux, empiètement en rives ou sur le territoire de la Réserve naturelle des Battures-de-Saint-Augustin-de-Desmaures) qui pourrait indiquer que TransCanada ne respecte pas les conditions imposées par le gouvernement et-ou qu’il y a des impacts sur l’environnement et la faune. 

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TransCanada, véritable hors-la-loi…

On ne peut faire confiance à TransCanada et le gouvernement devra être dans les bottes de la pétrolière pour s’assurer que, cette fois, elle respecte les conditions imposées pour ses travaux qui incluent des tests sismiques. On ne peut laisser TransCanada effectuer ses travaux sans surveillance accrue sachant que, dans le passé, elle a enfreint à plus d’une occasion les conditions imposées pour ses travaux, et ce, malgré le fait qu’ils avaient lieu en pleine pouponnière des bélugas. Rappelons que :

TransCanada a reçu un avis de non-conformité et a été mis à l’amende par le MDDELCC pour avoir réalisé des relevés sismiques à Cacouna en avril 2014, en plein coeur de l’habitat critique des bélugas, sans autorisation du MDDELCC !
TransCanada a également reçu un autre avis de non-conformité de la part du MDDELCC pour ses travaux effectués à Cacouna en septembre 2014. Cette fois la pétrolière n’avait pas respecté l’obligation de limiter le nombre d’aller-retour en bateau de manière à minimiser le dérangement dans l’habitat critique des bélugas.
TransCanada a largement dépassé les normes de bruit pour les forages qu’elle a menés en plein coeur de la pouponnière des bélugas.

Les groupes demandent donc à ce que les deux ministères directement concernés s’engagent à être présents sur les lieux des travaux et à s’assurer du respect des exigences du certificat d’autorisation. 

Inquiétudes chez les propriétaires et fiduciaires de la Réserve naturelle des Battures-de-Saint-Augustin-de-Desmaures

“En tant que propriétaires et fiduciaire de la Réserve naturelle des Battures-de-Saint-Augustin-de-Desmaures, une aire protégée reconnue, nous sommes directement concernés par le projet de TransCanada qui veut faire passer un pipeline sous la réserve et le Saint-Laurent qui la borde, a déclaré pour sa part Mme Chantal Dubreuil, présidente de la Fondation québécoise pour la protection du patrimoine naturel. Nous sommes particulièrement inquiets des impacts durant les travaux préparatoires et de construction et des risques de déversements pétroliers si le projet voyait le jour. Nous sommes responsables d’un site unique et fragile et nous entendons exercer notre pleine responsabilité à son égard. À la mesure de nos moyens, nous exercerons une surveillance des travaux de TransCanada qui commencent à environ 20 mètres de notre propriété à marée basse”. Rappelons que l’estuaire d’eau douce, protégée en partie par la Réserve, constitue un écosystème unique sur le plan de la diversité biologique et se démarque par la présence de plusieurs plantes qui ne se trouvent nulle part ailleurs au monde. Cet écosystème constitue également l’habitat de nombreuses espèces d’oiseaux, de poissons et d’invertébrés.

Aucune confiance en TransCanada

“La compagnie TransCanada a montré à plusieurs reprises par le passé son incapacité à respecter la Loi sur la qualité de l’environnement : travaux sans autorisation, refus de reconnaître l’autorité du Québec en matière d’examen public etc.” a réagi pour sa part Christian Simard de Nature Québec. “Nous ne pouvons lui faire confiance. Et le ministère lui-même a eu de la difficulté à faire respecter sa propre loi. Nous demandons donc une surveillance soutenue pendant toutes les heures d’opération, directement sur le bateau, via des experts provenant non seulement du ministère de l’Environnement mais également du ministère responsable de la Faune et des Parcs, plus à même de surveiller les impacts des travaux sismiques sur la faune et les systèmes aquatiques”, ajoute-t-il. Actuellement le certificat d’autorisation ne prévoit qu’un seul “surveillant en environnement” à l’emploi de TransCanada sur le chantier.

La compagnie doit, entre autres conditions, réaliser les travaux entre 7h et 19h et aviser les résidents vivant à moins de 500 mètres de la zone. La puissance des canons à air utilisés ne doit pas pas occasionner une surpression supérieure à 100 kpa à cinq mètres du canon. La compagnie doit effaroucher ou déplacer les poissons au besoin à l’aide de “détonations dissuasives” ou de “pêches à la seine”. Le but des relevés sismiques en milieu aquatique est de connaître la nature des fonds marins et de la roche qui la compose.

Les groupes appellent les citoyens de la région de Saint-Augustin mais aussi de la rive sud à être vigilants et à signaler tout élément qui leur paraîtrait anormal. “ Si des gens observent un quelconque impact sur la faune ou l’environnement durant la période de travaux, comme par exemple, écoulement d’hydrocarbures en provenance des embarcations, des poissons flottants à la surface ou tout autre impact visible ou audible, nous les invitons à nous contacter et nous en assurerons le suivi” indique enfin Anne-Céline Guyon, coordonnatrice du groupe citoyen Stop oléoduc Portneuf Saint-Augustin.

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1- http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/pr/2016/09/Communiquedepresse-levessismiquesTC.pdf

Patrick Bonin

Blogueur pour Greenpeace Canada. Il est aussi responsable de la campagne énergie-climat pour l’organisme.

http://www.greenpeace.org/canada/fr/

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