Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Trump et la résistance du peuple étasunien

No pasaran ! Trump en passera pas

Lorsque le New York Times a parlé de Trump comme d’un fasciste, il s’est bien gardé d’évoquer l’histoire du Bataillon Abraham-Lincoln, mobilisant les premiers résistants américains à la montée du fascisme en Europe au XXe siècle, car cela aurait peut-être rappelé aussi la collaboration des grandes compagnies américaines avec le régime nazi.

S’il y a un parallèle à faire avec l’histoire du XXe siècle, c’est bien plus celle de la résistance du peuple étasunien qui se manifeste encore dans les rues face aux dérives de son gouvernement. Radio-Canada a rendu compte de toutes ces villes qui protègent et reçoivent des immigrants illégaux. Des administrations locales complètes, police municipale comprise, refusent de collaborer avec les « fédéraux » qui veulent expulser les immigrants. Toutes sortes de services, depuis l’école jusqu’aux cantines, leur sont offerts par les communautés locales. Soit dit en passant, c’est sous l’administration démocrate d’Obama qu’on en a le plus expulsé !

Cette capacité du peuple américain de résister en fait un peuple héroïque à bien des égards. Hier soir à Radio-Québec, on présentait le film « Le train sifflera trois fois », un chef-d’oeuvre du cinéma étasunien. Ce classique du western se veut une leçon de courage et un hommage allégorique aux communistes américains qui ont tenu le coup durant la campagne du maccartisme à l’époque de la Guerre froide.

Un professeur d’anthropologie de l’UQAM m’a déjà dit un jour que le peuple américain avait toute sorte de ressources pour s’opposer aux abus de son État. Je ne l’oublierai jamais. Les habitants des États-Unis ne sont jamais complètement réconciliés avec leur État : de nombreux anarchistes, communistes, antimilitaristes, féministes radicales, militants noirs ... ont participé à l’histoire des États-Unis. Et je pense que ça continue. Une trotskiste a été élue comme conseillère d’une ville, je ne sais laquelle, et elle fait campagne pour le 15.00 $ de salaire minimum.

Les Latinos-Américains auxquels on reproche de ne pas être allé voter, ont organisé il y a quelques années, sans doute avec l’aide de bien des Américains, une grève générale d’une journée pour protester contre les conditions qui leur sont faites dans ce pays.

C’est pourquoi je dis que si la gauche américaine n’a pas résisté à la vague Trump, elle n’a pas dit son dernier mot. Les partisans de Sanders ne rentreront pas chez eux la tête entre les deux jambes. Ils continueront leur engagement de multiples manières. Et pas seulement dans les rues à se battre avec la police. Ils se mobiliseront contre les exactions de Trump ou contre n’importe quelle autre forme d’oppression subie aux États-Unis, le plus grand pays impérialiste du monde dont la population sait se lever quand les peuples autour d’elle en ont besoin : pensons à l’opposition à la guerre en Irak ou, plus loin encore, à la solidarité avec Cuba ou avec la révolution salvadorienne. Tout cela laisse des traces.

Il y a une « Amérique qui vient », du titre d’un livre qui en fait le bilan, publié en France par un journaliste de l’Humanité aux éditions de l’Atelier (www.editionsatelier.com). Pour ceux qui seraient découragés de l’Amérique, c’est une lecture optimiste de ce que les jeunes Américains, et les moins jeunes, réservent à Trump et son gouvernement.

Guy Roy

Guy Roy

l’auteur est membre du collectif PCQ de Québec solidaire à Lévis.

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