Édition du 16 avril 2024

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Afrique

Tunisie : le poids de la dette

Le dernier forum social s’est posé à Tunis. Tout le monde s’en fout. Pourtant, une série d’interventions trés intéressantes ont permis de borner les limites (et les richesses) de l’intervention des peuples dans les pays arabes. Intervention contre laquelle s’est levée une coalition impressionnante, des états unis aux restes décomposés d’un stalinisme défait, de nationalistes de tout horizons, de fascistes de toute obédiances, d’intégristes musulmans ou laics, tout un camp s’est levé contre cette révolution qui remettait tant de conforts en question. Et c’est peu dire que si la révolution marque le pas, elle n’a pas dit son dernier mot. Sur la question de la dette par exemple, qui étrangle autant les pays du tiers monde que ceux des pays "développé" sous le joug d’un capitalisme mondial dont tout le monde s’accomode.

Et donc pour réfléchir, pour réarmer, une des interventions du "camps de gauche", du camps de la révolution, en tunisie sur le "champ de la dette"

En Tunisie, nous somme accablés par cette plaie qu’est la dette. On a fait une révolution, mais la dette est toujours là.

Aujourd’hui la Tunisie est en crise et dans l’impasse. Elle est en quelque sorte coincée par deux intégrismes : l’intégrisme religieux, et l’intégrisme du néolibéralisme qui a fait tant de de mal au peuple tunisien, qui l’a saignée à blanc, notamment à cause de la dette. La dette est un outil de pillage, mais c’est aussi un outil de domination politique. A travers la dette, les multinationales et les Etats impérialistes imposent un régime néocolonial. Ils remettent en cause notre souveraineté nationale et nous empêchent d’avancer vers l’émancipation sociale.

A en juger par le mécontentement actuel, la rage qui existe dans le cœur des Tunsien-ne-s, on est en droit de se demander si nous n’allons pas vers une seconde révolution.
En ce moment, il y a par exemple un mouvement de grève très important des enseignants du second degré. Ils sont 90 000 et ont fait une série de grèves de 48 heures, et ils ont ensuite refusé de faire passer les examens trimestriels. La dernière Commission administrative de leur syndicat UGTT a décidé d’appeler à boycotter également les examens du troisième trimestre, ainsi que les examens nationaux si leurs revendications n’étaient pas satisfaites. J’ai cité ce mouvement social pour montrer combien les Tunisiens aspirent au changement. Il s’agit d’un désir énorme qu’ils ont exprimé à plusieurs reprises. Mais la dictature de la dette est là. L’économie et la société tunisienne ont été restructurées de façon à rendre le pays adict à la dette. Ce système qui nous a été imposé nous a fait beaucoup de mal, il a causé beaucoup de ravages sociaux.

Il nous a été imposé par l’Union européenne qui impose sa dictature . La Commission européenne décide à la place des Tunisien-ne-s : la Commission donne ses ordres et le gouvernement les exécute. Le gouvernement actuel ne fait que gérer les affaires courantes :

La Commission européenne ne se cache même plus lorsqu’elle donne des ordres au gouvernement tunisien, en se moquant royalement de l’expression démocratique des citoyens tunisiens.

Le FMI, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement sont autant d’instruments de domination. Ils disent tous dans leurs discours qu’ils sont pour l’aide, les réformes, leur désir de faciliter la transition démocratique. Mais ils sont les premiers à leur barrer la route.

Nous menons la bataille contre la dette depuis le départ du dictateur. Nous disons aux Tunisiens que Ben Ali n’était qu’un paravent qui cachait la vraie dictature.

Aujourd’hui, avec ses 15 députés, le Front populaire continue cette lutte, et l’opinion publique, les classes laborieuses et la jeunesse s’approprient cette question.

A l’image de la Grèce et peut-être un peu plus encore car nous subissons cette dictature néolibérale de la dette depuis 29 ans. La Tunisie est aujourd’hui à la croisée des chemins :

  ou bien ce sera l’impasse, et tous le dangers comme on l’a vu avec le terrible attentat terroriste du 18 mars dernier,

  ou bien ce sera l’alternative, en avançant dans ce changement que veut la grande majorité des Tunsien-ne-s.

Et nous sommes déterminés à faire triompher cette deuxième voie, comme l’étions face à la dictature de Ben Ali.

Nous sommes décidés à ôter de notre route tous les barrages qui l’obstruent, en commençant par la dictature que nous impose la Commission européenne.

CHAMKHI Fathi

* Fathi est député du Front populaire, militant de la LGO, et animateur de RAID (Attac et Cadtm en Tunisie).

Dominique Lerouge

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