Édition du 26 mars 2024

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Environnement

Une communauté Inuit défie l’industrie pétrolière pour sauver l’habitat du narval

L’allégorie de David et Goliath a souvent été utilisée pour décrire la bataille inégale entre mouvements environnementaux et intérêts corporatifs. Même si notre souhait serait de dire que ce n’est plus le cas, que le monde a changé, progressé et appris de ses erreurs, nous ne pouvons simplement pas. Pas cette fois. L’image du petit homme faisant face à un géant aux allures invincibles demeure la plus réaliste pour décrire la situation vécue par les habitants du petit hameau de Clyde River, situé dans le territoire canadien du Nunavut.

Tiré du site de Greenpeace Canada.

Le gouvernement canadien et l’Office national de l’énergie (ONÉ) ont autorisé un projet d’exploration pétrolière de cinq ans dans la baie de Baffin et le détroit de Davis. Ces eaux de l’Arctique canadien se situent aux limites côtières de Clyde River et à l’endroit même où 80 à 90% de la population mondiale de narvals vit, nage et se reproduit. Malgré ses nombreux avertissements au sujet de l’impact de l’exploration pétrolière sur la vie marine, la voix de Clyde River n’a pas encore été entendue. La communauté s’engage maintenant dans la plus grande bataille de sa vie contre le gouvernement canadien en contestant la décision de l’ONÉ d’autoriser l’exploration pétrolière dans ses eaux.

En solidarité avec Clyde River, Greenpeace a lancé une pétition internationale afin de soutenir la communauté dans sa démarche judiciaire contre la décision de l’Office national de l’énergie (ONÉ). Clyde River regroupe seulement 900 habitants. En se joignant à eux, nous pouvons ajouter des milliers de voix de plus à la leur et ensemble réclamer justice pour la protection de l’environnement et le respect des droits autochtones. 

La pétition invite les citoyens à envoyer un courriel au Premier ministre Stephen Harper et au président de l’ONÉ, Peter Watson, pour exprimer leur solidarité avec les requérants et soutenir le droit légitime de la communauté de Clyde River de protéger ses terres ancestrales, ses sources d’eau, ainsi que la faune arctique dont elle dépend.

La baie de Baffin et le détroit de Davis sont riches en mammifères marins qui occupent une place importante dans la culture et le régime alimentaire des Inuits. Le bruit assourdissant des canons à air utilisés dans les tests sismiques provoque des ondes sonores capables d’affecter l’ouïe et le sens de l’orientation de ces espèces de façon permanente, voire même fatale.

En raison de ces risques importants, plusieurs associations basées au Nunavut ont appelé l’ONÉ à suspendre ces travaux jusqu’à la fin de l’évaluation des risques associés à ces tests sismiques. Cependant, en dépit des préoccupations soulevées, l’ONÉ a approuvé les travaux en juin 2014. Un mois plus tard, les groupes communautaires de Clyde River ont déposé une demande auprès de la Cour d’appel fédérale pour contester cette décision.

L’avocat spécialiste en droit constitutionnel représentant Clyde River, Nader R. Hasan, du cabinet Ruby Shiller Chan Hasan, affirme de son côté : « On est vraiment dans un cas de David contre Goliath. Mais heureusement que la Constitution de ce pays ne donne pas la préférence aux riches et puissants. Elle protège ce qui est juste et bon. Il ne faut pas se tromper : la décision d’autoriser les tests sismiques viole clairement les droits constitutionnels des populations de Clyde River et du Nunavut. » 

Clyde River a besoin de tout le support possible afin d’empêcher les tests sismiques et le développement pétrolier dans ses eaux. Il s’agit d’un très petit groupe qui tient tête à l’une des plus riches et influentes industries sur cette planète. À cela s’ajoute le bras de fer l’opposant à son propre gouvernement, qui privilégie les intérêts privés au détriment des droits de la population qui souhaite protéger sa culture et son mode de vie.

Si Clyde River perd cette bataille, les tests sismiques débuteront dans la Baie de Baffin et le détroit de Davis en 2015.

Cela représenterait une catastrophe pour les communautés et la faune de l’Arctique mais menacerait aussi sérieusement la culture et le mode de vie Inuit. C’est pourquoi Clyde River a besoin de votre soutien. Maintenant.

Merci de signer cette pétition et de la partager avec tout le monde autour de vous. Comme le dit si bien Jerry Natanine, maire de Clyde River, Nunavut : “Le nombre fait la force.”

Farrah Khan

Auteur pour Greenpeace Canada.

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