Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Québec

Création de deux commissions

Vers un « dialogue social » ou un dialogue de sourds ?

Il y a deux semaines, le gouvernement du Québec a annoncé coup sur coup la mise en place de deux commissions importantes : l’une sur la révision permanente des programmes, l’autre sur la fiscalité québécoise. Deux commissions qui, chacune à leur manière, auront à redéfinir, une nouvelle fois, le rôle de l’État ainsi que son mode de financement.

(tiré du journal La Soupe au caillou, numéro 382, 27 juin 2014)

L’élite qui s’entretient avec elle-même ?

Le gouvernement du Québec insiste pour dire que cette démarche doit reposer sur un « dialogue social ». Sur le principe même, il n’y a évidemment rien à redire ; on ne peut qu’applaudir. Par contre, au vu de la composition des deux commissions, on peut se poser de sérieuses questions. Pourquoi les 13 commissaires nomméEs par le gouvernement sont-ils touTEs issuEs de l’élite économique et politique québécoise ? Pourquoi n’avoir sélectionné que des gens qui partagent a priori une seule et même vision de l’État et de la fiscalité, celle du néolibéralisme ? Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas cru bon devoir nommer des commissaires d’horizons diversifiés, dont des représentantEs des mouvements sociaux, des gens issus du milieu de l’économie sociale, des citoyenNEs en situation de pauvreté et de la classe moyenne ? Le gouvernement souhaiterait que le « dialogue social » annoncé tourne en dialogue de sourds qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Profiter de l’occasion

Malgré cet écueil, le Collectif considère tout de même qu’une telle démarche a le mérite de nous offrir collectivement l’occasion de participer, pendant plusieurs semaines, à un large débat sur le Québec dans lequel nous voulons vivre. C’est la raison pour laquelle le Collectif a l’intention de prendre part aux deux commissions et de favoriser, à sa manière, la participation de ses membres et d’organisations alliées. Il a aussi l’intention d’utiliser toutes les tribunes pour crier haut et fort son refus de vivre dans le monde froid des banquierEs, des comptables et des économistes qui n’ont d’yeux que pour le libre jeu du marché, lui préférant de loin un monde construit sur des valeurs de justice sociale et d’égalité.

Apprendre de ses erreurs

Si le gouvernement devait utiliser les commissions qu’il vient de mettre sur pied en tant que processus de légitimation de ses partis pris idéologiques, qu’il s’attende ce faisant à trouver le mouvement social québécois sur son chemin. L’histoire récente du Québec le montre : un gouvernement, même majoritaire, ne peut pas faire ce qu’il veut, il doit d’abord recevoir l’aval de la population, sans quoi ses projets tombent à l’eau. Souvenons-nous du « printemps érable », en 2012, qui a montré à ceux et celles qui en doutaient qu’une large portion de la population reste attachée au « modèle québécois » et à la justice sociale. Souvenons-nous aussi de l’ancien premier ministre Jean Charest qui avait promis d’opérer une « réingénierie de l’État » et qui, face à la grogne populaire et syndicale, avait dû réviser ses folles ambitions passablement à la baisse. Souvenons-nous enfin de la « révolution culturelle » de l’ex-ministre des Finances Raymond Bachand, où là encore la montagne avait accouché d’une souris.

Bref, il est à espérer que l’actuel gouvernement aura su apprendre des erreurs de ses prédécesseurs et qu’au lieu d’attiser la colère populaire en agissant unilatéralement, il saura non seulement écouter ce qu’ont à dire les citoyenNEs et les organisations qui les représentent, mais aussi tenir compte véritablement de leurs propositions et aspirations lorsque viendra le temps de prendre des décisions budgétaires et politiques difficiles. C’est en tout cas la grâce que le Collectif souhaite aux QuébécoiSEs !

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